Essence de rien

C’est le principe des vases non communicants : le budget gonfle comme une baudruche, et celui des tuiles s’alourdit. Cette fois, les casseroles arrivent par paire : le prix du brut qui aiguise l’appétit des brutes et l’Électricité qui n’est pas au bout de ses pannes. Deux castagnes qui tombent dans l’escarcelle du ministre de l’Énergie Ayoub Hmayed, ce qui lui donne l’occasion d’être utile, ou du moins de rappeler qu’il existe. Yoyo, est-il besoin de le préciser, est ministre tendance Istiz Nabeuh. Mais la tendance lutte avec le ministre et gagne, et c’est quasiment un ectoplasme assommé par la baffe des municipales qui s’est rendu, profil plus bas que terre, aux arguments de son compère des Finances pour fixer un plafond aux prix des carburants. Il lui devait bien ça, au rythme où il engloutit le mazout de l’EDL pour fournir le jus gratos aux partisans de son patron... Un bonheur ne venant jamais tout seul, la population doit en plus se coltiner la ratatouille comptable de Senior Siniora. Aspirateur financier assermenté, le Grand Argentier au sourire oblique ne perd pas le nord. La population est en quête d’essence ? Lui, il a le sens de la quête ! De plus, on raconte qu’il voulait proposer d’allonger plus d’un demi-million de biftons verts américains pour soutenir l’intifada. Loupé ! Ses collègues du Conseil des ministres se sont essuyé les pieds sur cette idée lumineuse. Pourtant, les Libanais d’en bas se seraient fait un plaisir de se serrer davantage la ceinture pour étoffer le matelas financier du margoulin Arafat. Mais bon, l’argent ne fait pas le bonheur. Surtout s’il n’y en a plus ! En tout cas, Siniora, lui, n’est jamais en panne d’essence pour parfumer les Palestiniens. Pétrole et électricité : deux tuiles énergétiques et deux abat-jour rabat-joie au sein du gouvernement. Conseil financier gratuit : quand leur QI atteindra 50 à eux deux, ils devront s’empresser de vendre. Dommage seulement que Cul-i soit intraduisible en arabe. Gaby NASR