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Actualités - CHRONOLOGIE

GROS PLAN - Revisité par la Wahington Shakespeare Company « L’Amant de lady Chatterley » prend corps et âme (Photo)

WASHINGTON-Irène MOSALLI Créée en 1990, la Washington Shakespeare Company (WSC) poursuit un triple but: produire des pièces majeures classiques et contemporaines, privilégier une approche incisive et donner la vedette aux meilleurs talents qui émergent. Fidèle à cette formule, la compagnie n’a pas trouvé du tout «shocking» d’inscrire à son répertoire une adaptation théâtrale du célèbre roman de D.H. Lawrence, L’Amant de lady Chatterley. Une belle nouveauté. Ce spectacle est donné actuellement en alternance avec En attendant Godot. Au grand étonnement et sûrement à la déception de beaucoup, L’Amant de lady Chatterley, tel que traité par la WSC, est classé G («General Public» ou pour tous) et non pas X, comme le veut sa réputation. Une nouvelle catégorisation des plus justifiées car les représentations ont eu une excellente presse, côté médias et côté audience, et n’ont, à aucun moment, été jugées «offensives». Cela, parce que la troupe a creusé l’idée première de D.H. Lawrence qui, en rédigeant son roman en 1928, s’en prenait à la morale puritaine, prônant, lui, l’ordre naturel de la vie. Dont l’éveil d’une femme à la sensualité. Son roman avait fait scandale à l’époque et avait été censuré parce qu’il dépeignait d’une manière réaliste les amours d’une aristocrate et de son garde-chasse. Exaltation des relations humaines Rappelons que l’histoire est celle d’un gentleman britannique que les blessures de guerre ont cloué sur une chaise roulante et rendu impuissant. Il demande à sa femme de concevoir un enfant discrètement, par le biais d’une relation extraconjugale. La jeune femme répond au vœu de son mari et séduit le garde-chasse. Elle va cependant s’engager émotionnellement dans cette relation qui devient pour elle une révélation sensuelle. Si L’Amant de lady Chatterley a d’abord été un roman pour adultes, lu sous le manteau par les adolescents, la Washington Shakespeare Company le voit d’un tout autre œil, jouant la sexualité avec subtilité pour exalter les relations humaines à travers six caractères et pour mettre en valeur les défis de la vie. Il y a surtout, d’une part, le mari de la jeune femme incapable de comprendre que deux êtres peuvent être attachés l’un à l’autre sans pour autant entretenir des liens physiques et, d’autre part, le garde-chasse désireux de se défendre contre tout élan affectif, mais qui succombe à cette attirance fatale. Un parfait triangle pour une confrontation psychologique. Loin d’être occulté, le physique est omniprésent mais sans voyeurisme aucun. Contrairement à ce qu’elle aurait pu attendre, l’audience a droit à des scènes d’amour «habillées». La nudité est évoquée avec poésie lorsque l’on voit les amoureux courir et s’amuser sous la pluie, en tenue d’Adam et d’Ève, pour dire la joie et l’innocence avant le péché originel. La magie y est. L’amour est transcendant. Reste quand même, en filigrane, le sentiment de solitude et une certaine tristesse qui habitent les personnages, principalement lady Chatterley. Ainsi revisitée pour les planches, l’œuvre de D.H. Lawrence a pris vie, corps et profondeur d’âme.
WASHINGTON-Irène MOSALLI

Créée en 1990, la Washington Shakespeare Company (WSC) poursuit un triple but: produire des pièces majeures classiques et contemporaines, privilégier une approche incisive et donner la vedette aux meilleurs talents qui émergent. Fidèle à cette formule, la compagnie n’a pas trouvé du tout «shocking» d’inscrire à son répertoire une adaptation...