CONFÉRENCE - Les exportateurs libanais profitent toujours d’exemptions douanières US, assure Feltman « Washington ne veut pas infliger des sanctions commerciales au Liban »

L’ambassadeur des États-Unis, Jeffrey Feltman, a déclaré hier que Washington ne veut pas infliger des sanctions commerciales au Liban. Il a tenu des propos en ce sens au cours d’une conférence de presse en présence du président de l’Association des industriels, Fadi Abboud, qui a précisé que cette réunion visait à faire une totale distinction entre les volets économique et politique. Faisant référence au Système généralisé de préférence (SGP) en vertu duquel les commerçants étrangers peuvent bénéficier d’exemptions douanières avant d’accéder au marché américain, M. Feltman a rappelé que le Liban peut être privé de ce système s’il ne déploie pas d’efforts en matière de protection de la propriété intellectuelle. L’ambassadeur a tenu à préciser que la protection de la propriété intellectuelle est une des conditions pour bénéficier du SGP et non pas un alibi pour imposer des sanctions quelconques. « Si Beyrouth ne va pas de l’avant dans ce domaine, il ne profitera tout simplement plus de ce privilège », ajoute-t-il. Le diplomate a affirmé que le marché américain est toujours ouvert aux produits nationaux et que « les exportateurs libanais bénéficient toujours à l’heure actuelle du SGP ». Et d’ajouter : « La plus grande partie des exportations libanaises vers les États-Unis en 2004 ont été effectuées à travers ce système. » M. Feltman a par ailleurs expliqué que tous les ambassadeurs américains dans le monde sont tenus de présenter un rapport annuel au Congrès sur la question des droits de propriété intellectuelle. Selon lui, les autorités libanaises se sont dit prêtes à fournir des efforts. « Malheureusement, nous ne pouvons pas nous contenter des bonnes intentions pour rédiger notre rapport », fait-il remarquer, ajoutant que des mesures concrètes sont requises, notamment au niveau du secteur pharmaceutique et du piratage des chaînes internationales de télévision. L’ambassadeur américain a toutefois salué les efforts fournis par les autorités douanières dans la lutte contre la contrefaçon. Sur la même question, M. Abboud a tenu à joindre sa voix à celle de l’ambassadeur américain, estimant que les industriels sont les plus lésés du fait de la violation des droits de propriété intellectuelle. « Cette situation explique pourquoi il y a tellemement peu d’investissements dans la recherche et le développement », déplore-t-il. Échanges bilatéraux Le représentant des industriels a appelé les États-Unis à aider le Liban à « recréer » une industrie compétitive. Il a de même estimé que les industriels libanais devraient profiter de la montée de l’euro pour acheter des machines et des équipements américains à moindre prix. MM. Abboud et Feltman ont insisté sur l’importance d’augmenter le volume des échanges commerciaux entre les deux pays. « Les exportations libanaises vers les États-Unis fin octobre 2004 se sont chiffrées à près de 50 millions de dollars», a déclaré M. Abboud, précisant que ce chiffre représente 5 % du total des exportations libanaises. Les produits agroalimentaires viennent en tête des ventes nationales au marché américain, ajoute-t-il. L’ambassadeur américain a par ailleurs déclaré que si le Liban entend accéder à l’OMC d’ici à la fin de l’année, il doit rapidement mettre à jour ses lois commerciales. « Si Beyrouth rate cette occasion, le processus d’adhésion prendra beaucoup de temps par la suite », estime-t-il, se disant « très optimiste quant à l’avenir de l’économie nationale ». Rana MOUSSAOUI