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Actualités - ANALYSE

ÉCLaIRAGE Cinq nouveaux députés signent la pétition en faveur de la libération du chef des FL Pourquoi Geagea est désormais au cœur du discours politique

Depuis plus d’une décennie, l’exil de Michel Aoun et l’emprisonnement de Samir Geagea restent deux des principaux verrous d’une réconciliation nationale toujours, bien malheureusement, au stade de projet. Les mois de décembre sont souvent singuliers... Pourquoi cela fait quelques semaines que l’ancien Premier ministre, condamné à la banlieue parisienne, a désormais, pour ce même pouvoir déterminé pourtant à le déférer devant les tribunaux, les yeux d’une magnifique Chimène ? Pourquoi, surtout, cela fait plusieurs jours que l’élargissement du leader des FL, embastillé depuis des lustres dans des conditions déplorées par de nombreuses ONG, est au cœur de tous les entretiens, de tous les discours, ou presque, de toutes les revendications ? Comment expliquer le timing de cet unisson, de ce (nécessaire) matraquage ? Autre interrogation : est-ce que tout cela servira concrètement, est-ce que l’homme de Bécharré pourrait retrouver, par le biais de cette évidente synergie, une liberté que la majorité des Libanais lui souhaite et qu’une grande partie du régime appréhende visiblement ? Les déclarations de l’hypercrédible Amnesty International, d’abord, ont internationalisé l’affaire Geagea. Et puis, pour la première fois, le toujours nécessaire Walid Joumblatt est sorti de sa longue et stérile neutralité ; conscient sans doute que pour booster cette réconciliation nationale dont il a été l’un des acteurs principaux en 2001 avec Nasrallah Sfeir, il fallait que les très populaires Michel Aoun et Samir Geagea soient libres. Ainsi, dans le document commun de l’opposition nationale plurielle née il y a quelques jours au Bristol, la libération du leader FL est clairement demandée. Le chef du PSP ne s’est pas contenté de ne plus répéter qu’il n’a rien contre mais que l’affaire Geagea dépend surtout du citoyen Omar Karamé ; une fois le mécanisme du Bristol enclenché, il a dépêché Akram Chéhayeb chez Sethrida Geagea, où le député de Aley est devenu le 24e parlementaire à signer, au nom du PSP et du bloc Joumblatt, la pétition en faveur de la libération de l’ancien chef de guerre. C’est relativement historique. « Il y a un climat évident dans le camp de l’opposition – de Rafic Hariri à Élias Atallah –, qui va dans le sens d’un nécessaire “On tourne la page et on travaille ensemble”, beaucoup plus que pour des considérations électorales. Une seule communauté reste encore gênée : ce sont les chiites. Tout le monde se rend compte que l’histoire des relations libano-syriennes est en train de changer, d’évoluer ; Nabih Berry et Hassan Nasrallah aussi, mais ils sont pour l’instant obligés de rester prosyriens à 100 %, même s’ils ont peur d’être ceux qui vont payer les pots cassés. La très relative implication du Hezbollah dans la manif du million est un signe assez tangible de ce malaise », indique un ténor de l’opposition interrogé par L’Orient-Le Jour. Mais d’ici à ce que les députés d’Amal ou du Parti de Dieu signent la pétition en faveur de l’élargissement de Samir Geagea... Une pétition d’ailleurs sur laquelle il faudra désormais ajouter cinq noms : Nayla Moawad, Nehmé Tohmé, Georges Dib Nehmé, Georges Kassarji et Nazem Khoury. Ce qui fait que de tous les députés du caza de Kesrouan-Jbeil, seul désormais Abbas Hachem n’a pas paraphé le texte. Une source autorisée au sein des FL, interrogée par L’Orient-Le Jour, rappelle à ce sujet que le parlementaire de Jbeil avait, en l’an 2000, dans les colonnes de notre confrère Magazine, pris position en faveur de la libération de Samir Geagea. Ce qui fait qu’excepté l’électron libre Ghattas Khoury, qui s’autorise souvent des libertés indépendamment de la position de ses colistiers, seul le bloc Hariri, parmi tous ceux de l’opposition au sens large du terme, n’a pas encore signé, même s’il a exprimé son adhésion à la proposition d’amnistie. « Mais nous sommes en pleine période électorale, et Rafic Hariri a déjà appelé personnellement les cadres FL de la capitale pour leur souhaiter un Joyeux Noël », sourit un avocat de renom, rompu à la chose publique libanaise, également interrogé par L’Orient-Le Jour. Un sentiment qui se confirme par les déclarations du week-end écoulé de Michel Pharaon. « Les circonstances sont actuellement favorables pour réaliser l’entente nationale, notamment en libérant Samir Geagea et en permettant le retour de Michel Aoun », a dit samedi le député de Beyrouth. Reste le point de savoir si la pétition en question pourrait permettre la libération du chef des FL, qui ne pourrait quitter sa geôle que par deux – et seulement deux – biais. Soit par une grâce présidentielle, soit par l’amendement de la loi d’amnistie, sur le modèle proposé par le projet de loi en ce sens, et qui s’est transformé en pétition parlementaire. Sauf qu’Émile Lahoud a toujours dit, et il l’a répété encore au patriarche Sfeir il y a deux jours, qu’il est opposé par principe à la grâce présidentielle, qu’il n’en a octroyé aucune depuis le début de son mandat et qu’il n’entend pas le faire. Le locataire de Baabda rappelle également qu’un président de la République ne peut pas se substituer à la partie lésée, et que c’est uniquement si cette partie abandonne ses droits que la question pourrait être réétudiée. « Il est impossible que le pouvoir qui a jeté Samir Geagea au cachot soit celui qui le libère. C’est un pouvoir bloqué, englué dans son propre piège ; avec une philosophie très claire : lorsqu’il commet une erreur ou une grosse idiotie, il est hors de question qu’il puisse la réparer. C’est, pour les tenants de ce pouvoir, une question de prestige et d’amour propre, encore plus depuis la 1559 », explique le ténor de l’opposition précité. Sans compter que ce pouvoir et avec lui le tuteur syrien ne ratent aucune occasion pour essayer de diviser l’opposition, d’alterner carottes et bâtons, et d’essayer par tous les moyens de dealer une libération ou un retour d’exil, avec, au choix, une auto-mise à l’écart, une non-participation aux élections, une sortie de l’opposition, etc. Reste, fort heureusement, que les principaux intéressés préfèrent, pour l’instant, leur liberté de penser et de choisir à leur liberté tout court. Ziyad MAKHOUL


Depuis plus d’une décennie, l’exil de Michel Aoun et l’emprisonnement de Samir Geagea restent deux des principaux verrous d’une réconciliation nationale toujours, bien malheureusement, au stade de projet. Les mois de décembre sont souvent singuliers... Pourquoi cela fait quelques semaines que l’ancien Premier ministre, condamné à la banlieue parisienne, a...