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Métiers L’artisanat ancestral lutte pour sa survie

Hussein Khalifé est souffleur de verre. Il est l’un des derniers gardiens du riche héritage artisanal du Liban, mais son savoir-faire est menacé par la concurrence des produits étrangers bon marché. Et il n’est pas le seul. Son épreuve est partagée par les derniers artisans luttant pour maintenir leur art qui se meurt et transmettre le flambeau de leur métier de tissage sur Nol, la machine traditionnelle en bois, de broderie, de gravure sur cuivre, de poterie, de marqueterie ou de céramique. « Les gens abandonnent leurs métiers, leurs enfants sont attirés par des emplois plus stables ou émigrent », affirme Hussein, qui dirige son atelier familial dans le port de Sarafand. « C’est un savoir-faire hérité de plusieurs générations, nous ne devrions pas le laisser disparaître, et puis c’est une attraction touristique », dit-il interrogé par l’AFP, en souriant à un couple de visiteurs français. Assis face à un four en briques rougeoyant, son neveu Mahmoud souffle à travers un long tuyau une boule de verre fondu couleur feu pour la transformer en verres, qu’il ne pourra probablement pas vendre en raison de la saturation du marché par les produits venant de Syrie et d’Asie. Hussein, ses deux frères et ses deux neveux œuvrent à tour de rôle devant le four dans l’arrière-cour, parmi les oliviers et les orangers. Mais pour subvenir aux besoins de leur famille, ils doivent aussi travailler dans d’autres métiers. « Une tonne de fioul coûte 200 dollars au Liban alors que tout près, en Syrie, elle est vendue à 27 dollars. Nous devons verser des salaires mensuels de plus de 600 USD, alors qu’en Syrie, il nous en aurait coûté 200 », se plaint le maître souffleur. D’autant que « tous les articles vendus le long de l’autoroute sont fabriqués en Syrie ou en Asie », lance-t-il, en colère. Il faut dire que, partout, les magasins spécialisés vendent la production locale mais aussi celle de Syrie, dont l’artisanat est similaire, aux côtés d’articles importés d’Asie du Sud-Est. Un mouvement pour sauver ces arts en péril a été lancé par le biais d’un séminaire qui a rassemblé la semaine dernière à Beyrouth des artisans, des professeurs d’université, des propriétaires de magasins et des représentants de l’État. « Nous tentons de mettre côte à côte artisans, étudiants, créateurs, industriels et officiels », explique Yasmina Skaff, membre de l’Association pour le design et l’architecture au Proche-Orient (ADAPO), qui a organisé cette rencontre. « En Europe, les États soutiennent les artisans et ouvrent des crédits pour encourager la grande industrie, principalement les maisons de mode et l’industrie du verre, à travailler avec eux. Les produits artisanaux étaient pour la plupart des biens de première nécessité dans le passé. Le défi consiste à opérer des ajustements pour parvenir à un label “fabriqué au Liban” », explique-t-elle. Une exception a été la résurrection des paniers confectionnés avec des feuilles de palmiers dans le village de Amchit. Mais le miraculeux retour de cet artisanat pourrait être de courte durée. « Je voulais faire des cadeaux avec des feuilles de palmes tressées. Je suis allé chez des anciens du village qui connaissaient encore cet art, et c’est comme cela que tout a commencé il y a quelques années », raconte Mona Yazbeck, architecte de profession. « Mais la concurrence des produits asiatiques tue notre production. Nous ne savons pas quoi faire, nous avons besoin d’aide », martèle-t-elle en distribuant un dossier aux participants au séminaire de l’ADAPO, dans l’espoir de trouver un sauveur.
Hussein Khalifé est souffleur de verre. Il est l’un des derniers gardiens du riche héritage artisanal du Liban, mais son savoir-faire est menacé par la concurrence des produits étrangers bon marché. Et il n’est pas le seul. Son épreuve est partagée par les derniers artisans luttant pour maintenir leur art qui se meurt et transmettre le flambeau de leur métier de tissage sur...