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Sur les Campus - Service du drapeau, chantage et fièvre électorale (Photo)

C’est formidable ce que la fièvre électorale peut faire faire – en apparence – aux dirigeants, sans grandes convictions. Pour une poignée de bulletins, ou pour quelques bulletins en plus, certains candidats feraient presque l’impossible, sans en demeurer au simple asphaltage des routes ou autres services publics gracieusement dispensés par les notables locaux dans le cadre de leur campagne. À titre d’exemple, le leader du Mouvement de l’union islamiste (MUI), Hachem Minkara, disparu depuis plusieurs années, a refait surface en l’an 2000, peu avant les législatives. Détenu dans les geôles syriennes, il a bénéficié de la saison électorale, et de l’intérêt manifeste d’un député local, pour recouvrer sa liberté. Les centres d’intérêts des candidats (surtout loyalistes, qui ont beaucoup à faire pour redorer un blason bien terne) de la saison 2005 sont nombreux. Ainsi cherche-t-on par exemple à se gagner l’électorat chrétien, à travers les gestes d’ouverture en direction de Samir Geagea et de la base FL, à essayer de diviser l’opposition, en courtisant un Michel Aoun qui n’est pas né de la dernière pluie... et à promettre monts et merveilles aux jeunes, en suscitant un débat autour du service militaire. Que l’on qualifie tout cela de chantage, d’hypocrisie ou de manœuvre électorale, de telles initiatives sont légitimes à partir du moment où les calculs électoraux et politiciens prennent le pas sur le bien commun, l’intérêt public et le politique, dans son sens noble. En d’autres termes, ces procédés sont de bonne guerre, puisque l’adage dit: «À la guerre comme à la guerre.» Cependant, tant qu’à faire les choses, on pourrait les faire bien. Et c’est là que se pose le problème au niveau du service militaire. Il fallait bien susciter un débat, proposer un projet sur le service du drapeau, un fléau qui fait fuir, parfois pour de bon, les jeunes du Liban vers les contrées lointaines. Car de l’avis de bien des observateurs, la réforme proposée par le Conseil des ministres n’en est pas réellement une. La réduction de la durée du service de un an à six mois, telle que stipulée par le projet, est de la poudre aux yeux, dans la mesure où les étudiants continueront à perdre une année de leurs études. Par ailleurs, le fait d’annuler le système permettant aux jeunes qui vont étudier cinq ans à l’étranger de faire leur service militaire, qui a, dit-on, le mérite d’enrayer l’émigration, n’améliore pas réellement les choses. Voués de toute manière à faire un service qu’ils ne veulent pas faire parce qu’ils ne sont tout simplement pas convaincus de ses « vertus intégratrices » (peut-être la mise en place d’un service civil les aiderait-il à changer d’avis...), certains préféreront tout simplement prendre le chemin de l’exil. En définitive, ce n’est rien de plus qu’une fuite en avant que le cabinet a plébiscitée, sans entrer dans le cœur du problème. Et le pire est dans ce chantage qu’on impose aux jeunes par le biais de ce simili-projet de réforme. Il y a en effet tellement de conscrits et d’étudiants qui attendent impatiemment la réduction de la durée du service. Par individualisme, et on ne pourrait les blâmer, ils souhaitent en finir au plus vite, en six mois, sans se soucier d’envisager le projet de loi (et ses brèches) dans sa globalité. Dans leur collectivité, les jeunes pourraient songer à proposer un projet-alternative, véritablement de réforme celui-là. Une gamme de propositions s’ouvre à eux: de l’abolition pure et simple du service, qui nécessiterait une campagne forte, à sa réduction à une durée de trois mois, l’espace d’un été. Un troisième projet, plus rationnel dans le sens où il aurait plus de chance de se faire accepter par le pouvoir: celui que proposent d’anciens militaires, comme par exemple le général Michel Aoun. À savoir: le maintien de la durée de six mois, divisée en deux tranches de trois mois sur deux ans, durant l’été. L’une des tranches étant consacrée à un entraînement militaire et l’autre, au choix, au service militaire ou au service civil. L’essentiel étant de ne pas condamner les jeunes à perdre une année. Mais encore faudrait-il qu’ils se sentent suffisamment concernés pour sortir de leur passivité et songer à proposer des alternatives... Michel HAJJI GEORGIOU
C’est formidable ce que la fièvre électorale peut faire faire – en apparence – aux dirigeants, sans grandes convictions. Pour une poignée de bulletins, ou pour quelques bulletins en plus, certains candidats feraient presque l’impossible, sans en demeurer au simple asphaltage des routes ou autres services publics gracieusement dispensés par les notables locaux dans le cadre...