Pourquoi servir?

Il est vrai que nous sommes libanais et que le Liban est une patrie définitive pour tous ses fils. Partant, il est nécessaire de faire notre service militaire et de le tenir au-dessus de toutes considérations. Cependant... Le «service du drapeau», comme on l’appelle, doit-il être obligatoirement militaire? N’y a-t-il pas une alternative, avec le service civil ou administratif? À considérer qu’aucune autre option n’existe, qu’il n’y a aucun manque au niveau de la Défense civile ou de l’administration (ce qui n’est pas le cas), et que le seul endroit qui reste pour servir est l’armée... une question se pose: au sein de quelle armée servons-nous? Servons-nous une armée qui avale la moitié du budget de l’État et qui ne remplit même pas ses obligations en matière de protection des frontières? Servons-nous une armée dont les appareils sécuritaires connexes se livrent à des écoutes téléphoniques? Une armée dont les soldats nous répriment à chaque fois que des voix s’élèvent pour réclamer la liberté, ou qui tire des balles sur les manifestants comme à Hay el-Sellom il y a quelques mois? Quoi qu’il en soit, les jeunes qui décident de faire leur service militaire finissent toujours par perdre une année de leur vie. Quant à ceux qui veulent éviter ce passage obligé, leur destin est d’émigrer pour cinq ans au moins. Certains vont même jusqu’à s’en aller pour toujours... Le projet de loi actuellement débattu stipule un abaissement de moitié de la durée du service militaire, ainsi que l’annulation des exemptions et la fin du système de séjour à l’étranger, ce qui oblige tout le monde à servir. Ce que nous réclamons, c’est une loi équitable qui prendrait en considération les nécessités de l’État dans les différents domaines: service militaire et service civil se feraient par étapes, la durée du service diminuant progressivement. L’armée résoudrait de son côté son problème en ouvrant petit à petit la voie à l’enrôlement, ce qui lui permettra de combler ses besoins sur une période de cinq ou six ans. L’objectif étant d’annuler complètement le service militaire. Sur le plan de l’administration, l’État est également appelé à œuvrer à travers le Conseil du service civil ou d’autres instances administratives pour réaliser des réformes globales et adopter des programmes d’alternances modernes qui permettront de combler les postes vacants. L’État devrait se pencher attentivement sur les revendications du peuple, sans se contenter de relever les impôts. Il ne devrait pas prendre prétexte, au demeurant, de «circonstances régionales» fictives. Nous en avons ras-le-bol de cette négligence qui nous conduit à perdre notre foi dans le Liban en tant que patrie définitive. Nabil DIAB Étudiant à l’AUB