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Actualités - CHRONOLOGIE

Communautés - Dans son message de Noël, le patriarche maronite met en garde contre la fraude, l’intimidation et l’achat de voix Sfeir : « L’avenir du Liban dépend du bon déroulement des législatives »

«Du bon déroulement du scrutin électoral dépendront l’avenir du Liban et des Libanais, en particulier les générations montantes, pour une période qui pourrait être courte ou longue », a déclaré hier le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, dans son message de Noël. Le chef de l’Église maronite a mis en garde contre un scrutin qui serait marqué, comme ceux qui l’ont précédé depuis l’an 2000, par la fraude, l’achat de voix, l’intimidation des électeurs, la falsification des listes électorales, du décompte des voix ou des résultats. Les Libanais « pourront-ils choisir librement ceux qui les représenteront sous la coupole du Parlement ? » s’est interrogé le patriarche dans son message traditionnel de Noël, avant d’affirmer qu’il est « grand temps » de laisser les Libanais « assumer leurs responsabilités à l’égard de leur patrie et de leurs enfants, dans la pleine conscience de leur choix ». Nous reproduisons ci-dessous le texte intégral du message de Noël du patriarche maronite : « “Nous sommes venus lui rendre hommage” ont déclaré les mages venus d’Orient, et selon certains de Perse, c’est-à-dire d’Iran, pour se prosterner et adorer un nouveau-né à Bethléem, en Judée, dont ils avaient vu « l’astre se lever ». Et l’évangéliste d’ajouter : « Informé, le roi Hérode s’émut, et tout Jérusalem avec lui. Il assembla tous les grands prêtres avec les scribes du peuple, et s’enquit auprès d’eux du lieu où devait naître le Christ. » Dès sa naissance, le Christ Jésus a été un sujet d’inquiétude tout à la fois pour les rois et les peuples. C’est ce qu’avait prophétisé le vieux Syméon, homme juste et pieux, par révélation du Saint Esprit, après avoir pris l’enfant Jésus dans ses bras. Il avait affirmé, au jour de la circoncision selon les coutumes mosaïques : « Cet enfant doit amener la chute et le relèvement d’un grand nombre en Israël ; il doit être un signe en butte à la contradiction ». Jésus-Christ a été, et restera jusqu’à la fin des temps, signe de contradiction et objet d’oppositions. D’entre les hommes, certains sont venus de loin, du paganisme, du matérialisme ou même du nihilisme, pour l’adorer. Pour lui porter témoignage et jouir de sa bienveillance, leur sang leur a paru de peu de prix. Certains l’adorent toujours, renonçant au monde et à toutes ses séductions, pour se consacrer à lui et se mettre au service de leurs semblables par amour pour lui. Certains ont bravé les dangers pour porter son nom au loin et le faire connaître à ceux qui l’ignorent encore, et se porter volontaires, pour l’amour de son nom, à servir ceux qui endurent toujours la maladie, la pauvreté et la faim, dans la certitude que celui qui a donné sa vie pour ceux-là, c’est le Fils de Dieu, et qu’ils sont dignes qu’en son nom, les vies de ceux qui désirent lui ressembler soient également données. Jésus-Christ, qui n’a vécu parmi les hommes que trente-trois ans, est monté au ciel, selon ses propres paroles : « Je monte chez mon Père et votre Père, mon Dieu et votre Dieu », pour s’asseoir à la droite de son Père céleste. Pourtant, il est resté parmi nous, dans nos cœurs et nos sanctuaires, sous la forme du pain et du vin. Nous célébrons cette année, du 1er octobre et jusqu’au 1er octobre prochain, une année eucharistique, une année du saint sacrement, selon une décision du pape Jean-Paul II. Le 7 octobre dernier, il a adressé une lettre au monde catholique intitulée « Reste avec nous Seigneur », dans laquelle il a annoncé que cette année serait année eucharistique. Il y a expliqué le sens du pain de vie et a insisté sur la manière dont les chrétiens peuvent célébrer ce sacrement, le sacrement de communion, et la manière dont ils peuvent être de plus en plus conscients de la présence de Dieu parmi eux : dans les sacrements, et en particulier dans le sacrement de l’eucharistie, à travers les textes sacrés, à la messe, dans la prière, l’adoration, la communion en Église, le témoignage, l’annonce de l’Évangile. Le Saint-Père dit encore : « L’Eucharistie, mot qui signifie sacrifice d’action de grâce, est avant tout lumière. La Parole de Dieu précède, dans toute messe, la célébration de l’eucharistie, dans l’unité des deux tables : celle de la Parole et celle du pain ». Ce lien a été exprimé par saint Jean dans son Évangile qui contient le discours eucharistique dans lequel le Christ Jésus a développé son enseignement sur ce mystère, avant d’en dégager la portée de l’offrande en disant : « Ma chair est vraiment une nourriture et mon sang vraiment une boisson ». « Pour que l’homme devienne Dieu » La fête de la Nativité, à l’exemple de l’Eucharistie, manifeste la Parole de Dieu et manifeste, en même temps, le visage humain de Dieu et le visage divin de l’humanité, selon les propos d’un des pères de l’Église : « Dieu est devenu homme pour que l’homme devienne Dieu », c’est-à-dire pour qu’il soit élevé au rang de fils de Dieu par adoption, comme le rapporte l’Évangile selon saint Jean : « Et à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu. » Noël est pour nous une invitation à témoigner de la présence de Dieu dans le monde, à œuvrer pour répandre la solidarité, la fraternité et la paix autour de nous, et non le repli sur soi, pour édifier la société sur la base de la justice, de l’attention aux autres, et de la célérité toujours, à l’exemple du Christ, à assister l’humanité dans ses besoins, à visiter les malades, à soulager les souffrances et à nourrir ceux qui ont faim. Frères et fils bien-aimés La fête de la Nativité se présente à nous cette année, sans que tout le monde puisse jouir de sa joie spirituelle, de sa joie intérieure véritable. Certes, les apparences de la fête sont là : l’arbre de Noël, les guirlandes lumineuses et peut-être aussi de nouveaux habits et des repas fastueux, mais ces choses ne sont pas à la portée de tous. C’est pourquoi notre joie demeure inachevée. Car la joie de la famille demeure inachevée, si tous les membres n’y participent pas. Et comment tout le monde participerait à la fête, alors que les soucis pourchassent certains jusque dans leur sommeil, tantôt pour un émigré qui n’ose pas revenir, par crainte du chômage ou à cause du climat politique ambiant, ou encore parce que son opinion politique pourrait lui valoir l’ouverture d’un dossier dont il ne soupçonne pas l’existence. Les drames irakiens et palestiniens Sauf empêchement majeur, selon ce qu’affirment des journaux, des élections législatives se tiendront chez nous dans quelques mois. À ce sujet, certaines questions sont sur toutes les lèvres. Du bon déroulement du scrutin dépendront l’avenir du Liban et des Libanais, en particulier les générations montantes, pour une période qui pourrait être courte ou longue. La loi électorale en préparation permettra-t-elle aux Libanais de décider librement de leur sort, sans qu’un camp ne tente d’étouffer la voix de l’autre ? Pourront-ils choisir librement ceux qui les représenteront sous la coupole du Parlement ? La corruption va-t-elle tout envahir comme d’habitude ? L’achat des voix va-t-il se répandre et va-t-on exploiter les besoins des électeurs ? Va-t-on suborner les uns et intimider les petites natures ? Va-t-on falsifier les listes électorales, le décompte des voix et les résultats ? N’est-il pas grand temps de respecter les avis des Libanais et de les traiter non en mineurs, mais en électeurs dignes de décider de leur propre sort, d’assumer leurs responsabilités à l’égard de leur patrie et de leurs enfants, dans la pleine conscience de leur choix ? Ne nions pas, toutefois, que notre situation, en dépit de ces risques et aléas, demeure meilleure qu’elle n’est dans certains États qui nous entourent. Il est impossible d’oublier, par exemple, les drames qui se déroulent dans une Palestine blessée, les massacres qui y sont perpétrés, les destructions qui s’y produisent et les souffrances et craintes qui s’emparent des personnes sur la Terre sainte qui a vu naître le Dieu de la paix. Est-il possible aussi d’ignorer la guerre en Irak qui moissonne tous les jours des dizaines de morts, détruit les maisons, chasse de chez eux les civils innocents, sans parler des attentats contre les lieux de culte qui forcent certains à l’exil, qui les forcent à quitter la terre où ils sont nés et ont vécu, et dont ils ont respiré l’air. Ce sont des tragédies dont nous implorons le Dieu de la paix, en cette fête de sa Nativité, d’inspirer les responsables pour qu’ils y mettent un terme le plus vite possible, par pitié pour les vivants et pour empêcher le sang innocent de continuer à couler. En présentant de tout cœur à ceux qui croient dans le Seigneur de cette fête et dans sa mission auprès des hommes, ainsi qu’à tous les Libanais au Liban et dans les pays d’émigration, nos vœux les plus sincères, nous demandons à l’Enfant divin de répandre sur notre région et sur notre pays, le Liban, la tranquillité d’esprit, la réconciliation générale et la paix. »
«Du bon déroulement du scrutin électoral dépendront l’avenir du Liban et des Libanais, en particulier les générations montantes, pour une période qui pourrait être courte ou longue », a déclaré hier le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, dans son message de Noël. Le chef de l’Église maronite a mis en garde contre un scrutin qui serait marqué, comme ceux...