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Actualités - CHRONOLOGIE

VIENT DE PARAÎTRE De Aïn el-Qabou à La Havane, une saga familiale qui court sur un siècle et demi d’histoire «Origines », d’Amin Maalouf : « Pour patrie, un patronyme... »(photos)

La vie est un roman. Celle des aïeux spécialement qui, nimbée du mystère des non-dits, des secrets de famille et du cadre d’époque, interpelle particulièrement l’imaginaire. Le destin le plus insignifiant s’habille alors de romanesque et se transforme, avec le passage du temps, en récit de vie riche de multiples correspondances. Pour les écrivains-conteurs comme Amin Maalouf, la généalogie est un terreau fertile. Après y avoir puisé pour ses précédents ouvrages un personnage par-ci, une anecdote familiale par-là, l’auteur du Rocher de Tanios a décidé de consacrer à l’histoire des siens une biographie, ou plutôt un roman vrai. Origines (qu’il vient de publier aux éditions Grasset) est un long hommage aux ancêtres, au grand-père surtout, figure centrale de ce livre. Un homme aux idées très avancées pour son époque, une sorte de mouton noir dans son milieu, à la fois enseignant, poète, franc-maçon et anticlérical. Des lettres dans une malle « Quand mon grand-père avait eu, à la fin des années 1880, le courage de désobéir à ses parents pour aller poursuivre ses études dans une école lointaine, c’est à moi qu’il était en train d’ouvrir les chemins du savoir. Et s’il a laissé, avant de mourir, toutes ces traces, tous ces textes en vers et en prose soigneusement recopiés et accompagnés de commentaires sur les circonstances dans lesquelles il les avait dits ou écrits, s’il a laissé toutes ces lettres, tous ces cahiers datés, n’est-ce pas pour que quelqu’un s’en préoccupe un jour?» écrit Maalouf. Lorsqu’à l’occasion d’un deuil, il tombe sur ces documents – et quelques autres plus anciens encore – conservés de génération en génération dans une malle dans la maison familiale, il s’y plonge, avec son obsessionnel sens du détail exact, pour remonter les traces de ses origines. Déchiffrant les manuscrits, recueillant les souvenirs des plus âgés, mettant ses pas dans ceux de ses prédécesseurs, pour reconstituer la vérité historique, l’écrivain ira même jusqu’à La Havane, où il retrouvera un cousin dont il ne soupçonnait même pas l’existence. Anticléricaux et mystiques Dans sa lignée, l’auteur va ainsi découvrir un grand-père anticlérical, un grand-oncle curé catholique, un autre ayant fait fortune à Cuba, un arrière-grand-père pasteur protestant, un oncle d’Amérique mystique... Un brassage de caractères, de tempéraments, un enchevêtrement d’appartenances religieuses, qui donnent forcément quelques querelles de clochers et des identités complexes. Ingrédients parfaitement adaptés à une fresque familiale. Sur fond d’un siècle et demi d’histoire du Levant, allant de l’Empire ottoman au mandat français, Amin Maalouf nous entraîne dans le sillage des personnages de sa famille, avec cet art consommé du verbe qui lui vaut sa réputation de «conteur». Du village de la montagne libanaise à La Havane, en passant par Paris, New York, on suit les tribulations de cette «tribu qui nomadise depuis toujours dans un désert aux dimensions du monde» dont se revendique l’auteur. Cet écrivain, qui «cultive l’éloignement comme on arrose à sa fenêtre une fleur triste», réfute d’ailleurs le terme de racines, parce qu’il est synonyme de captivité, et réclame «pour patrie, un patronyme». Et pour toutes origines, cette tumultueuse filiation. À travers ces esquisses de destins singuliers, se profile celui du Liban. De ce coin de terre soumis à toutes les ingérences, de ses habitants périodiquement acculés à émigrer vers des cieux plus cléments. L’histoire se répète. Celle des familles comme celle des pays (485 pages). Zéna ZALZAL

La vie est un roman. Celle des aïeux spécialement qui, nimbée du mystère des non-dits, des secrets de famille et du cadre d’époque, interpelle particulièrement l’imaginaire. Le destin le plus insignifiant s’habille alors de romanesque et se transforme, avec le passage du temps, en récit de vie riche de multiples correspondances. Pour les écrivains-conteurs comme Amin...