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Actualités - OPINION

Le conflit politique rendu explosif par les vitupérations des néophytes loyalistes

On sait qu’un néophyte, c’est particulièrement zélé. Tout beau, tout nouveau, tout feu, tout flamme. Le nouvel arrivage ministériel ne dément pas ce vieil adage. Les jeunes loups se font les dents, en hurlant à la lune à qui mieux mieux, à la queue leu leu. Plaisanterie mise à part, ces quasi-novices, qui manient facilement l’anathème et la menace, sont soutenus par le pouvoir et par les décideurs. De ce fait, ils ne sont pas pris à la légère. Mais au sérieux. Assez, en tout cas pour empoisonner le climat politique et pour rendre la crise explosive. À cause d’un tabou fondamental qu’ils foulent aux pieds : le respect de la personne, entendre de la dignité, de l’adversaire. Dès lors, seuls quelques rares sages parlent encore de dialogue. Les ponts semblent en effet définitivement rompus entre les protagonistes. Chacun ne veut discuter qu’en base de ses convictions propres. L’opposition fait ainsi savoir que si jamais il doit y avoir pourparlers, il faudrait qu’ils portent sur les points de son programme du Bristol. Et la ligne dite nationale affirme de son côté que seules doivent être prises en compte ce qu’elle appelle ses constantes. Qui se résument toutes en un seul vocable : jumelage. Bien entendu, chaque partie impute la crise à l’autre. Les loyalistes soutiennent que par son action, l’opposition met en péril la stabilité du pays. Ils affirment que les opposants propagent à dessein une psychose sécuritaire, en laissant entendre à tout bout de champ qu’ils seraient physiquement ciblés. En s’appuyant sur l’attentat perpétré contre Marwan Hamadé. Et se posent donc en victimes, pour se gagner la sympathie du public, en vue des prochaines élections. Les mêmes sources proches du pouvoir relèvent ensuite qu’à part leur rancœur commune peu d’éléments lient les opposants. À preuve que dans leur manifeste du Bristol, comme dans leurs discours, ils ont éludé nombre de questions importantes, voire essentielles, sur lesquelles ils sont loin d’être d’accord. D’où, toujours selon les loyalistes, l’accent que les opposants mettent lourdement sur le dossier sécuritaire, dont ils font un fer de lance aussi facile que dangereux. Bien entendu, ces mêmes loyalistes laissent entendre que l’opposition est plus ou moins manipulée de l’extérieur. Qu’on l’encouragerait même à déstabiliser le pays. Ce qui revient, selon eux, à jouer avec le feu, dans un climat régional périlleux et tendu comme un fil d’acier. Sur ce point précis, des parlementaires opposants joignent leur voix à celles de collègues loyalistes pour lancer un appel d’apaisement. En soulignant que nul n’a intérêt à faire bouger la rue et en condamnant donc tout projet de nouvelle manifestation, de gauche ou de droite. Toujours dans le même cadre, l’ensemble des opposants répètent qu’il n’est pas question de déborder Taëf ou la légalité. Que leur action restera démocratique et pacifique, dans un tableau de colloques, de meetings oratoires, d’interventions médiatiques et de déclarations diverses. Ils ajoutent que de leur côté les loyalistes doivent cesser le petit jeu des accusations de trahison et de soumission aux puissances étrangères, entendre occidentales. Ils dénoncent les tentatives du pouvoir – qui fait les doux yeux à Aoun mais aussi aux FL – de diviser leurs rangs. Et ils redisent avec force, mais sans doute sans grande illusion, qu’il faut un cabinet neutre pour les élections. Tout comme ils insistent pour une vraie enquête sur l’attentat visant Marwan Hamadé. Ils s’inquiètent des propos outrageants et menaçants tenus par certains aboyeurs de service. Et s’étonnent que ceux qui démantèlent les piquets de sécurité, ou ont pu assister à l’attentat contre Hamadé, les accusent à eux de vouloir porter atteinte à la sécurité. Sur un plan global, les opposants nient que la rencontre du Bristol fût de nature purement électorale. Ils affirment qu’elle a été organisée pour bien montrer la dimension nationale, intercommunautaire et plurirégionale de la contestation, qui déborde largement, selon leurs dires, le circuit central du Mont-Liban. Quoi qu’il en soit, une question importante se pose désormais : dans le climat de tension qui règne sur la scène libanaise, ne vaudrait-il pas mieux ajourner l’épreuve des législatives ? Certains estiment que cela irait de pair avec la prorogation du mandat présidentiel. Et qu’il est préférable d’attendre de voir ce que les échéances régionales, les élections en Palestine et en Irak, la reprise éventuelle de la « feuille de route », vont donner. Mais d’autres craignent qu’un report ne soit fatal à la cause, difficile, du camp du pouvoir. Car les élections interviendraient après le rapport de Kofi Annan sur la 1559, donc sous un régime de quarantaine internationale encore renforcé. Philippe ABI-AKL
On sait qu’un néophyte, c’est particulièrement zélé. Tout beau, tout nouveau, tout feu, tout flamme. Le nouvel arrivage ministériel ne dément pas ce vieil adage. Les jeunes loups se font les dents, en hurlant à la lune à qui mieux mieux, à la queue leu leu. Plaisanterie mise à part, ces quasi-novices, qui manient facilement l’anathème et la menace, sont soutenus par le...