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Actualités - REPORTAGE

Fêtes De Noël - Quelles précautions prendre avant d’offrir un animal de compagnie Quand le cadeau est un être vivant (photos)

«Je veux un crocodile.» Quand Armand a donné cette réponse à sa marraine qui lui demandait ce qu’il aimerait pour son anniversaire, celle-ci a cru d’emblée qu’il s’était entiché d’une de ces peluches colorées que l’on trouve dans les magasins de jouets. Rien de tel: le garçon de huit ans savait que, désormais, ces animaux nés sous nos latitudes, bien qu’ils soient originaires de contrées lointaines, sont vendus communément dans les boutiques spécialisées. Comme tant d’autres enfants (et adultes), Armand a exigé un animal en cadeau, même s’il a opté pour un choix plus exotique qu’un chat ou un chien. À l’approche des fêtes, beaucoup de jeunes et de moins jeunes feront de même. Mais voilà, le marché n’est pas bien contrôlé, et on trouve des commerces d’animaux un peu partout (outre les éleveurs qui se respectent, bien sûr). Comment choisir et quelles garanties exiger pour que l’animal qu’on introduit chez soi ne pose pas problème ? Et surtout, à quoi s’attendre si l’on n’est pas habitué à la présence d’un animal chez soi ? On trouve aujourd’hui de tout dans les commerces d’animaux (plus ou moins) domestiques : des compagnons traditionnels de l’homme, comme le chien ou le chat, aux oiseaux, poissons, tortues, lapins et autres espèces familières de nos foyers. Il existe aussi des choix plus insolites, comme les crocodiles (les marchands jurent leurs grands dieux que leur taille ne dépassera pas l’aquarium dans lequel on les confinera, mais sait-on jamais...), les iguanes, les différentes sortes de serpents ainsi que des oiseaux qu’on n’imaginerait pas d’emblée dans une cage (c’est d’ailleurs dommage...) comme des aras et des hiboux. Toutefois, quel que soit l’animal qu’on acquiert, « il ne faut pas oublier que ce n’est pas un bibelot ou un joujou, c’est un être vivant dont il faudra s’occuper », rappelle Sami Khayat, président de la Société protectrice des animaux (SPA) au Liban. Les animaux domestiques, comme les chiens, « ont besoin de soins, de caresses, de promenades, d’éducation, sinon c’est l’enfer », poursuit-il. Avant d’en arriver là, le choix d’un animal devrait être minutieux, surtout dans un contexte où le contrôle n’est pas systématique. Le Dr Jean Hokayem, président de l’Ordre des vétérinaires, insiste sur le fait que «l’acheteur doit exiger que l’animal soit examiné par un vétérinaire, ou de pouvoir l’y emmener lui-même, sous peine de ne pas conclure le marché». L’importance de cette première visite réside évidemment dans la nécessité de s’assurer de la bonne santé d’un animal avec qui le destinataire va devoir vivre, mais aussi parce que le spécialiste peut déclarer s’il est racé ou non. Des commerçants que nous avons interrogés affirment avoir un accord avec un vétérinaire et pouvoir fournir au client un certificat de santé. Les grands éleveurs emploient généralement leur propre vétérinaire. Le tout est d’avoir confiance, mais il vaut mieux exiger un minimum de documents à l’achat. Pour ce qui est des vaccins, notamment pour les chiens, un vermifuge leur est administré par voie orale avant l’âge d’un mois. Après cela, il faut s’assurer qu’il a eu son multivaccin contre la polio, la grippe, les gastroentérites... Le vaccin contre la rage est également essentiel. Le Dr Hokayem soulève également l’importance de la protection extérieure de l’animal contre les insectes et les maladies de peau, pour son propre confort mais aussi pour la protection des membres de la famille. Pour ce faire, des produits sont vendus sur le marché. Pour ce qui est des oiseaux, des poissons ou des petits rongeurs en cage, il faut faire attention à l’hygiène en premier lieu, ainsi qu’à la qualité de l’alimentation, pour leur éviter les maladies. Les reptiles, eux, ne véhiculent pas, ou très peu, de maladies, vu la rugosité de leur peau. Enfin, certains optent pour nos cousins les plus proches, les singes. Le Dr Hokayem met en garde les futurs propriétaires sur le fait que ces animaux sont très difficiles, voire impossibles à apprivoiser. Doux et câlins quand ils sont très jeunes, ils deviennent totalement imprévisibles à l’âge adulte, mais ne transmettent pas en principe de maladies à l’homme. Par ailleurs, pour tous genres d’animaux, il faut s’assurer que leur présence ne cause pas des allergies aux membres de la famille. Fluctuations de prix Qu’en est-il des prix ? Toutes les personnes interrogées sont d’accord sur un point : les prix d’achat des animaux varient énormément d’un endroit à l’autre, vu que le contrôle n’est pas systématique. Mais généralement, un chien coûte de 200 à 500 dollars, ainsi que nous l’avons constaté. Pour ce qui est du pedigree, certains éleveurs, comme Yves Tohmé, déclarent pouvoir en fournir. « Les chiens dans notre élevage sont de race, explique-t-il. Les parents géniteurs sont importés et se reproduisent ici. Nous pouvons fournir un pedigree avec une confirmation du Canin Club of Lebanon. » Il ajoute que le prix d’un chien dont les parents sont champions peut atteindre les mille dollars, beaucoup moins pour les autres. Georges Chami, un autre éleveur, affirme que « les pedigrees peuvent seulement être fournis par le pays d’origine, voilà pourquoi je n’en procure pas aux clients, me contentant de leur proposer de visiter mon élevage pour s’assurer que les parents sont racés ». L’importance d’acquérir un animal de pure race n’est pas seulement une question de fierté personnelle, mais aussi une précaution, car un animal croisé peut s’avérer imprévisible, puisqu’il est difficile de prédire de quelle race il tient le plus de caractéristiques. D’autre part, la pureté de la race influe sur le prix, et il faudrait éviter au maximum d’être trompé par un vendeur peu scrupuleux. Par ailleurs, les fluctuations de prix sont encore plus importantes dans le cas d’animaux moins familiers, comme les crocodiles ou les iguanes: les premiers peuvent être vendus à 20 dollars comme à plus de cent. De charmants toutous à la maison, c’est aussi des dépenses supplémentaires et continues, il ne faut pas l’oublier. Le Dr Hokayem souligne que les vaccins complets peuvent s’élever de 60 à 100 dollars pour les chiens, selon les cliniques. À cela, il faut ajouter les accessoires qu’on ne manquera pas d’acquérir pour le nouveau membre de la famille, comme la laisse, le shampoing, les vitamines, les vaporisateurs contre les insectes... pour lesquels il faudra débourser de 50 à 70 dollars au moins. Enfin, le budget de l’alimentation (il y en a de diverses qualités) varie du simple au triple selon que le chien est de petite ou de grande taille: d’une moyenne de 30 dollars par mois pour les premiers, à cent dollars pour les seconds, selon le Dr Hokayem. Il reste l’option de lui imposer la cuisine faite maison... Plus ou moins doux avec les enfants Autre question que l’on se pose immanquablement, surtout avant l’achat d’un chien : quelle race choisir? Il existe évidemment un premier grand clivage: les grands et les petits chiens, les seconds étant plus conseillés dans les appartements. Mais il y a aussi la question du caractère, sachant qu’au-delà de la race, celui-ci varie d’un individu à l’autre. Toutefois, parmi les chiens dont la douceur est réputée auprès des enfants, le Dr Hokayem cite les bichons, les caniches, les labradors, les bergers allemands, les golden retriever... D’autres sont plus agressifs, notamment les loulous, les chihuahuas et les terriers. Pour ce qui est de l’éducation, il est bien connu que les chats posent bien moins de problèmes que les chiens. Concernant ces derniers, il faut s’assurer qu’ils ne fassent pas leurs besoins dans toute la maison. «Au début, il faut garder l’animal dans un endroit précis, dont le sol sera recouvert de journaux, recommande le Dr Hokayem. Cela l’habituera à toujours faire ses besoins plus tard sur les journaux, où qu’on les place, limitant ainsi les dégâts.» Pas très flatteur pour les journaux... Par ailleurs, le vétérinaire conseille aux nouveaux propriétaires de chiens d’allier amour et communication à la fermeté, en n’hésitant pas à frapper légèrement l’animal pour lui faire comprendre qu’il a fait quelque chose de mal. À noter qu’un chien est capable de capter les ordres et les réprimandes à partir de deux mois, et peut être dressé à partir de sept mois, ce dont se chargent les éleveurs. Toutefois, avant de devenir propriétaire d’un animal, il faut vraiment être sûr qu’on le veut, comme Armand et son crocodile, et que le reste de la famille le tolère. En effet, Sami Khayat soulève le problème des chiens et chats qui passent de main en main ou finissent abandonnés. Yves Tohmé souligne qu’une minorité de chiens lui sont rendus, vendus au quart du prix. Or même affublés d’un ruban-cadeau, les animaux n’en sont pas moins des êtres vivants. Campagne contre la cruauté envers les animaux La SPA-Liban dénonce, dans une campagne qu’elle mène actuellement, la prolifération de commerces d’animaux illégaux où ceux-ci sont souvent traités avec cruauté, tels ces grands chiens ou singes placés dans des cages d’oiseaux. Pour cela, le président de cette organisation, Sami Khayat, revendique aujourd’hui l’adoption d’une loi régulant tout le commerce des animaux, de l’importation illégale des espèces menacées à la vente sur le marché local. Ce à quoi le Dr Hokayem, président de l’Ordre des vétérinaires, répond que «le contrôle est bon aux frontières, mais la contrebande sévit toujours». M. Khayat fait actuellement circuler une pétition plaidant en faveur de la fermeture des commerces illégaux et l’application d’une législation plus favorable aux animaux. Entre-temps, il appelle les clients à ne s’adresser «qu’aux grands commerces bien connus afin de ne pas encourager ceux qui sont peu soucieux du bien-être des animaux». Il demande également à tout un chacun de dénoncer, même verbalement, les abus commis à l’encontre des animaux et dont il serait témoin. Des compagnons pour les enfants Pourquoi décide-t-on d’acquérir un animal pour un enfant ? Comme le fait remarquer Viviane Touma, psychologue clinicienne: « Offrir un animal fait souvent suite à la demande de l’enfant lui-même, mais peut être envisagé pour combler sa solitude – s’il est enfant unique par exemple –, pour compenser un manque quelconque, souvent l’absence de relation avec les parents, ou encore pour lui tenir compagnie en cas de maladie.» Sans compter que cela peut faire autant plaisir aux parents qu’aux jeunes. À ce propos, Sami Khayat, président de la SPA-Liban, ajoute que «la présence d’un animal apporte à l’enfant la connaissance d’êtres vivants différents des humains mais non moins présents dans la nature et développe chez eux un sentiment de protection envers cette créature qui a besoin d’être prise en charge, même si cela peut les pousser à profiter de leur force et manifester de la cruauté à leur égard». Mais l’enfant peut ne pas être conscient qu’il fait du mal à l’animal, d’où l’intérêt de le préparer à s’occuper de lui. «Tout dépend de l’âge de l’enfant, souligne Mme Touma. Il faut lui expliquer qu’on ne peut pas manipuler un animal de n’importe quelle façon. D’autre part, certains enfants sont plus sensibles au problème que d’autres, qui ont besoin de davantage d’orientation.» Valérie, mère d’Armand et propriétaire du crocodile (voir texte principal), explique sa volonté d’avoir des animaux, qu’elle a nombreux à domicile. «Ils amusent toute la famille, dit-elle. De plus, cela responsabilise les enfants qui apprennent à s’occuper d’eux. Mais il ne faut jamais négliger de s’en occuper en se laissant prendre par ses nombreuses responsabilités. Il m’est arrivé d’oublier de donner à manger à mes poissons durant une semaine, et je n’ai échappé à l’hécatombe que de justesse.» Cela dit, le crocodile n’est pas si facile à dompter : avant qu’un grillage ne vienne recouvrir le haut de son aquarium, il s’est échappé à deux reprises. Une autre mère raconte que, ce qui l’a enfin décidée à offrir un chien à son fils, c’est que celui-ci avait pratiquement adopté un chien errant qu’elle a vu, de ses propres yeux, mordre un autre chien et sa maîtresse. Alors mieux vaut avoir un animal chez soi... Suzanne BAAKLINI


«Je veux un crocodile.» Quand Armand a donné cette réponse à sa marraine qui lui demandait ce qu’il aimerait pour son anniversaire, celle-ci a cru d’emblée qu’il s’était entiché d’une de ces peluches colorées que l’on trouve dans les magasins de jouets. Rien de tel: le garçon de huit ans savait que, désormais, ces animaux nés sous nos latitudes, bien...