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JAZZ - Eric Wyatt au Blue Note Café jusqu’au 18 décembre Le cordon du saxophoniste(photo)

Eric Wyatt est si fier d’être le «fils adoptif» de Sonny Rollins qu’il ne se sépare jamais des objets fétiches que le célébrissime saxophoniste lui a offerts: son livre de yoga et son saxophone en or, dont il ne pouvait pas jouer parce qu’il blessait ses lèvres et qu’il a donné à Charles Wyatt, son père. Sans parler d’une photo sur laquelle il pointe son doigt vers Eric Wyatt, semblant dire «voici mon dauphin». «Quand vous êtes saxophoniste à New York, dans cet environnement si concurrentiel, cela m’encourage, les soirs creux, de regarder cette photo», affirme l’invité du Blue Note Café jusqu’au 18 décembre. Le musicien parle longuement de son père, qui aidait la mère de Sonny Rollins à porter ses courses quand elle sortait de chez l’épicier de son quartier du Bronx. Charles Wyatt, saxophoniste, a choisi de sacrifier sa carrière musicale pour assurer l’avenir de sa femme et de ses enfants. « Il a été le compagnon de misère de mon père pendant les années difficiles, raconte son fils avec une solennité sombre. Ensemble, ils ont porté leur baluchon et mon père l’a hébergé pendant quelque temps.» Le surprotégé de Sonny Rollins Sonny Rollins n’a jamais oublié l’aide que lui a apportée Charles Wyatt. Il a donc intronisé Eric « jeune lion qui entretient la flamme du jazz ». Un compliment à la fois lumineux, presque en forme de sésame, et probablement très encombrant à porter. En tout cas, Eric Wyatt affirme que son père adoptif lui a appris, d’abord et avant tout, à «être à l’écoute du public, à en avoir pleinement conscience pour ne pas se surprendre à jouer pour soi». Entouré du batteur Walid Tawil et du bassiste Roger Abi Akl, Eric Wyatt a donc été à la hauteur de ce que l’on pouvait être en mesure d’attendre du surprotégé de Sonny Rollins: un souffle puissant, une aisance parfois quelque peu pompeuse et un jeu fluide au point de passer inaperçu. Le maillon faible de l’artiste réside – est-ce une coïncidence, un abattement passager ? – dans sa difficulté à faire passer sa musique de l’autre côté de la scène, vers le public justement, auquel son mentor lui conseillait d’accorder tant d’attention. Un jazz juste un peu trop léché pour que le swing s’impose et pour que le courant passe. L’enfant chéri, semble-t-il, aurait tout à gagner à couper le cordon de son saxophone et de trouver son chemin personnel. Ce n’est pas la technique qui lui manque, loin de là. D.G.

Eric Wyatt est si fier d’être le «fils adoptif» de Sonny Rollins qu’il ne se sépare jamais des objets fétiches que le célébrissime saxophoniste lui a offerts: son livre de yoga et son saxophone en or, dont il ne pouvait pas jouer parce qu’il blessait ses lèvres et qu’il a donné à Charles Wyatt, son père. Sans parler d’une photo sur laquelle il pointe son doigt...