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Actualités - CHRONOLOGIE

CONFÉRENCE - Thomas Alcoverro, correspondant de «La Vanguardia», évoque la période du télex Les tribulations d’un journaliste espagnol dans le Beyrouth du temps de guerre (photo)

Correspondant à Beyrouth depuis 1970 du grand quotidien de Barcelone La Vanguardia, Thomas Alcoverro a couvert toutes les guerres du Moyen-Orient. Doyen des correspondants étrangers de la presse au Liban, il a à son actif quelque 6000 articles et détient plusieurs prix de journalisme, comme l’Ortega y Gasset et le prix Cirilo Rodriguez. Tout récemment, il a reçu du roi d’Espagne les insignes de commandeur de l’Ordre d’Isabelle la Catholique. Alcoverro, qui a été invité par l’Institut Cervantes à donner une conférence sur son expérience dans le journalisme, a choisi pour thème «Au vieux temps du télex», pour raconter quelques faits de la vie d’un correspondant de presse dont le travail tournait autour d’un outil «déterminant»: le télex. Entre 1970 et 1985, ce service de dactylographie à distance par télescripteur permettait aux correspondants de presse de transmettre leurs articles aux journaux. Les correspondants étrangers avaient recours aux télex de l’Agence France Presse (AFP), Reuters, UPT, Associated Press ou encore aux télex des hôtels Bristol, Cavalier et Commodore. Mais les caprices de la ligne téléphonique rendaient le travail difficile, durant la guerre. Quand elle était coupée, c’était le drame; quand la communication était irrégulière, c’était le stress. Certains jours chargés d’évènements, il fallait faire la queue pour avoir accès à la machine, et là s’installaient l’inquiétude et la panique de faire parvenir l’article à temps. En gros, «nous dépendions de cette machine. Il nous arrivait parfois de choisir entre un travail de terrain, pour être témoin de l’évènement, ou de rester sur place parce qu’ainsi nous avions la sécurité et l’assurance que le télex était à notre portée. Ce choix était frustrant, pénible même», dit Alcoverro. Il raconte qu’en 1982, lors du retrait de Yasser Arafat de la ville de Beyrouth, tous les télex à l’ouest de la capitale étant en panne, les journalistes étrangers ont traversé le passage du Musée pour rejoindre le centre de presse établi par les Israéliens à Baabda. Mais là aussi le système de télécommunication était coupé et les informations n’ont pu être envoyées. «Les correspondants ont mal supporté la frustration.» Toutefois, «le télex avait ses avantages», ajoute le conférencier. Grâce à ce service, les journalistes se rencontraient très souvent, se liaient d’amitié, discutaient et analysaient la situation dans une ambiance chaleureuse. «Aujourd’hui, chacun, confiné dans son coin, vit dans un monde virtuel», a-t-il encore dit, avant de soulever quelques réflexions sur «le métier de la presse écrite qui a beaucoup de défis à relever principalement en raison des médias audio-visuels qui couvrent instantanément les évènements». Thomas Alcoverro a par ailleurs rappelé qu’en raison de la liberté de la presse, Beyrouth était «la pépinière des journalistes», dans cette région du monde. Il a indiqué que certains correspondants espagnols qui ont couvert la guerre du Liban sont «devenus de grands écrivains», comme Arturo Perez Reverte, l’«Alexandre Dumas espagnol», membre de l’Académie royale, et Maruja Torres, romancière catalane en vogue. Signalons enfin que Thomas Alcoverro creuse depuis quelque temps l’idée d’un jumelage entre Barcelone et Beyrouth. La dynamique a été déclenchée entre les responsables en décembre 2003 suite à la semaine libanaise tenue dans la capitale de la Catalogne et qui avait pour objectif d’informer les forces vives et l’opinion publique espagnoles des réalités libanaises. Le jumelage entre les deux villes ne devrait pas se limiter à une simple cérémonie officielle. Avec la mairie de Barcelone et le président du gouvernement de Catalogne, M. Pasqual Maragal, Alcaverro a proposé «des choses concrètes, des échanges dans les domaines culturel, universitaire et commercial». Cinquième ville industrielle d’Europe, Barcelone est considérée comme un centre stratégique privilégié assurant l’ancrage entre le Sud de la Méditerranée, d’une part, et l’Europe Centrale et du Nord, d’autre part. C’est dans cette ville qu’a été d’ailleurs lancé en 95 l’ambitieux projet de partenariat euro-méditerranéen. C’est aussi à Barcelone qu’a été fondé l’Institut européen de la Méditerranée (IEMed), qui s’est substitué à l’Institut catalan de même nom, en 1989. L’IEMed, qui agit en tant qu’observatoire des politiques méditerranéennes, est une sorte de consortium formé par le gouvernement de Catalogne, le ministère espagnol des Affaires étrangères et la mairie de Barcelone. Le volet économique de l’action de l’IEMed se manifeste notamment par l’action de la Chambre de commerce de Barcelone qui œuvre en vue de promouvoir la coopération économique avec les entreprises des pays du Sud, plus particulièrement avec le Liban perçu comme un «tremplin en direction du Moyen-Orient», affirme Thomas Alcoverro. M.M.

Correspondant à Beyrouth depuis 1970 du grand quotidien de Barcelone La Vanguardia, Thomas Alcoverro a couvert toutes les guerres du Moyen-Orient. Doyen des correspondants étrangers de la presse au Liban, il a à son actif quelque 6000 articles et détient plusieurs prix de journalisme, comme l’Ortega y Gasset et le prix Cirilo Rodriguez. Tout récemment, il a reçu du roi...