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Actualités - REPORTAGE

Vingt-sept étudiants volontaires au service des personnes âgées Rifaq el-Darb, ou comment être solidaire avec ceux que la vie n’a pas su gâter (photo)

Appuyée sur sa canne dont elle ne se sépare plus jamais, elle accueille chaleureusement les jeunes volontaires de Rifaq el-Darb dans le deux-pièces qu’elle partage avec son mari et l’un de ses jeunes petits-fils, qui a fui la maison parentale suite à une bagarre avec son père. Ce couple sexagénaire vit au jour le jour, essayant de ne pas penser au lendemain. À chaque jour ses peines, semble être la devise des Hasbani, qui ont désespéré de trouver une solution à leurs innombrables problèmes: un mari au chômage et malade avec une interminable liste de médicaments, une femme souffrant d’ostéoporose nécessitant un traitement coûteux à vie, des factures cumulées d’un loyer impayé... et cinq enfants qui arrivent à peine à subvenir aux besoins de leurs familles pour pouvoir secourir leurs parents. La misère. C’est dans cet état que vit ce couple depuis plusieurs années déjà. Une faible lueur éclaire de temps en temps leurs journées : la visite des jeunes volontaires de l’association Rifaq el-Darb, qui viennent leur tenir compagnie pour quelque temps et les choyer à leur façon. L’association a vu le jour il y a dix ans. «Deux étudiants de l’Université Saint-Joseph ont rencontré une vieille femme qui fouillait dans les ordures, explique Joe Taoutel, président de Rifaq el-Darb. Ils l’ont accompagnée à son logis et se sont occupés d’elle. » Partageant leur aventure de la veille avec des amis, ces jeunes étudiants se sont rendu compte que les personnes qui vivent dans le besoin sont très nombreuses à Achrafieh. L’idée de l’association est ainsi née. Son but est de visiter les personnes âgées qui vivent dans la solitude, de les écouter, de leur tenir compagnie et de tisser des liens d’amitié avec elles. «Nous ne cherchons pas à leur donner de l’argent, mais à être leurs amis», souligne Joe Taoutel. Chacun des volontaires de Rifaq el-Darb (28 au total) s’occupe de deux ou trois têtes blanches. « Je visite mes vieux tous les quinze jours, note-t-il. Je ne me pointe pas les mains vides. Je leur prends toujours un petit cadeau. Jamais de friandises, car la majorité d’entre eux est diabétique. Une fois le mois, nous prions ensemble puis nous partageons un déjeuner que nous offrons à plusieurs dizaines de personnes âgées dans nos locaux situés dans le bâtiment de l’église Saint-Joseph, rue Huvelin. Les autres jours, ils essaient d’assister aux déjeuners offerts par d’autres associations caritatives. Parfois, nous nous cotisons et leur payons les examens médicaux ou leur achetons un médicament. Nous ne prétendons pas remplacer le ministère de la Santé ou le gouvernement, mais nous essayons de les aider selon nos moyens. Nous avons des amis qui financent certains de nos projets. » Grâce à ces donations, Rifaq el-Darb a pu ainsi organiser cette année deux pèlerinages pour ses personnes âgées: à Annaya et à Saydet Béchouate. L’événement qu’attendent cependant ces personnes demeure le déjeuner de gala organisé, le 27 décembre, à l’occasion des fêtes de fin d’année. Près de 650 têtes blanches y sont conviées. Ce jour-là, elles célèbrent Noël autour d’un repas festif avec, au menu, mezzé libanais, dinde, bûche, cotillons, animation et cadeau. «Cette année, nous leur offrons un foulard en laine, une bouteille de shampooing et une autre d’eau de Cologne », avance Joe Taoutel, qui précise: «L’idée de ce déjeuner, c’est de servir ces personnes. Cela implique de les transporter des autocars jusqu’à leurs tables, les accompagner aux toilettes, leur donner à manger, etc. » C’est la raison pour laquelle, le jour J, des centaines d’étudiants et d’écoliers se portent volontaires et viennent donner un coup de main à Rifaq el-Darb. Comment financent-ils ce déjeuner? «En vendant nos cartes de vœux “Pour que Noël n’oublie personne”, répond le président de l’association. Chaque carte vendue permet à une personne du troisième âge de partager notre table. Elles nous permettent aussi de poursuivre nos activités annuelles. » L’histoire des Hasbani n’est pas unique. Elle se répète à chaque coin de rue à Achrafieh... et ailleurs. Ces personnes vivent, seules ou à plusieurs, dans des baraques bâties sur le bas côté de la route ou dans une pièce d’un mètre carré au bas d’un immeuble luxueux de la ville. «Pour que Noël n’oublie personne». En achetant les cartes de vœux, vendues à 15000 LL, vous contribuez à égayer les fêtes de personnes démunies que la vie n’a pas su gâter. Pour plus d’informations, appeler Rifaq el-Darb aux 03/624645, 03/522058, 03/970609. N. M.

Appuyée sur sa canne dont elle ne se sépare plus jamais, elle accueille chaleureusement les jeunes volontaires de Rifaq el-Darb dans le deux-pièces qu’elle partage avec son mari et l’un de ses jeunes petits-fils, qui a fui la maison parentale suite à une bagarre avec son père. Ce couple sexagénaire vit au jour le jour, essayant de ne pas penser au lendemain. À chaque jour...