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Actualités - ANALYSE

analyse Un programme commun pour colmater définitivement les dernières brèches de la guerre Prochain objectif de l’opposition nationale : la chute du cabinet Karamé ?

«Il s’agit d’une première depuis 1975 », affirme l’ancien président de la République, Amine Gemayel, au sujet du programme commun de l’opposition nationale plurielle, qui doit être discuté aujourd’hui au sein du Rassemblement de Kornet Chehwane, avant d’être rendu public lundi, dans le cadre d’une conférence de presse et en présence des représentants de tous les courants de l’opposition concernés : la Rencontre démocratique, le Rassemblement de Kornet Chehwane, le Renouveau démocratique, la Gauche démocratique et le Forum démocratique. C’est-à-dire toute la « dynamique du centre », qui s’est mise en place au cours des trois dernières années, à travers les différentes étapes politiques, notamment la réconciliation de la Montagne entre le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, et le chef du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt. Le président Gemayel ne s’y trompe pas. L’élaboration d’un programme commun entre les différents opposants, dans le respect de leurs spécificités et de leurs particularités (la divergence de points de vue entre le bloc Joumblatt et Kornet Chehwane sur le rôle du Hezbollah et le dossier du Liban-Sud a simplement été relevée dans le texte, sans qu’il n’y ait là une nécessité de parvenir à une seule vérité), constitue très certainement une étape importante dans le processus fédérateur que recherche actuellement l’opposition nationale plurielle à la veille des prochaines législatives. Mais l’importance réelle du document a une portée plus considérable encore : c’est la première fois, Taëf et son parrainage américano-arabo-syrien mis à part, que les adversaires d’hier se retrouvent délibérément autour d’un même texte ayant valeur de programme politique. Le document commun a en effet été l’occasion pour d’anciens pôles du Mouvement national, comme Walid Joumblatt ou Élias Atallah, de se retrouver avec les partis qui furent jadis les fers de lance du Front libanais, tels que les Forces libanaises, les Kataëb ou le Parti national libéral. Dans la mémoire de la guerre, il vient donc colmater une brèche – la guerre de tous contre tous – qui a longtemps servi de justificatif à la Syrie pour légitimer sa présence politique et sécuritaire au Liban, le dernier exemple en date étant les propos tenus par le président syrien Bachar el-Assad le 9 octobre dernier à Damas. Dans ce cadre, une coordination entre les deux principaux camps qui avaient pris les armes l’un contre l’autre (on se souviendra du Séminaire de Saydet el-Bir pour le Front libanais et du Programme national de la gauche, tous deux datés de 1976) signifierait, devant l’opinion publique internationale, que les affrontements sont définitivement oubliés, qu’il est grand temps d’œuvrer pour l’établissement d’une mémoire collective de la guerre, et de penser à l’avenir du pays. Sans revenir au mythique axe druzo-maronite qui est reconceptualisé, repensé de manière à englober toutes les fractions libanaises, il n’est pas hasardeux de noter que les deux artisans de ce rapprochement sont, depuis 2001, et malgré toutes les difficultés, Walid Joumblatt et Nasrallah Sfeir. Les seules deux personnalités libanaises non officielles, d’ailleurs, à avoir été reçues par Jacques Chirac à l’Élysée. Les deux hommes se sont retrouvés hier à Bkerké et Joumblatt aurait transmis au patriarche une invitation du président français à se rendre à Paris. M. Chirac aurait indiqué que les portes de l’Élysée sont toujours ouvertes devant Sfeir, en rendant hommage aux positions du patriarche en faveur de l’indépendance du Liban. Tout comme il l’avait fait, en parlant de Walid Joumblatt, quelques jours auparavant, à Paris. Si les deux leaders de l’opposition ont trouvé aujourd’hui à l’Élysée un soutien international crédible, loin de l’opprobre qui touche continuellement les États-Unis aux yeux de certaines parties libanaises, il n’en reste pas moins qu’ils ne perdent pas de vue leurs objectifs politiques immédiats. Ainsi, après la bataille contre la prorogation, les yeux de l’opposition toute entière sont désormais tournés vers les prochaines législatives. Ce qui explique sans doute l’intensification des contacts entre les différentes parties de l’opposition, contacts qui, au demeurant, n’excluent pas (ou plus ?) le courant aouniste et l’initiative de dialogue proposée par Michel Aoun de Paris. À écouter les déclarations des différents opposants, une obsession revient, comme un leitmotiv, préfigurer ce qui sera sans doute le prochain objectif ciblé de l’opposition nationale plurielle : la démission du gouvernement actuel, jugé monochrome, trop partial et incapable d’assurer une gestion intègre des prochaines législatives. Michel HAJJI GEORGIOU


«Il s’agit d’une première depuis 1975 », affirme l’ancien président de la République, Amine Gemayel, au sujet du programme commun de l’opposition nationale plurielle, qui doit être discuté aujourd’hui au sein du Rassemblement de Kornet Chehwane, avant d’être rendu public lundi, dans le cadre d’une conférence de presse et en présence des représentants de...