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Actualités - OPINION

Efforts multilatéraux en coulisses pour calmer le jeu

Jusqu’où va aller la prise de bec entre Walid Joumblatt et Adnane Addoum ? L’escalade en effraie plus d’un, à gauche comme à droite. Car elle risque de faire rapidement tache d’huile. De provoquer plusieurs clashs distincts entre opposants et loyalistes, d’agiter la rue et de déstabiliser le pays. Des efforts d’apaisement sont dès lors déployés, en coulisses, par nombre de parties, dont le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, sous le double toit de Taëf et de la nécessité d’unifier autant que faire se peut les rangs, à l’intérieur de ce système commun, pour mieux faire face aux défis extérieurs de l’heure. Les sous Les conciliateurs font valoir que personne n’a intérêt à chauffer la marmite. Et ajoutent, assez habilement, qu’au moment où se prépare l’échéance populaire du printemps, il ne faut pas, si l’on ne veut pas se mettre l’opinion à dos, aggraver par des empoignades une situation socio-économique pour le moins branlante. En d’autres termes, ces médiateurs s’efforcent de faire appel au bon sens présumé des uns et des autres. Ils ajoutent, pour faire bonne mesure, que la livre pourrait se trouver exposée à une dévaluation, du fait des querelles, malgré la stratégie de consolidation suivie, avec succès jusque-là, par le gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé. Les résultats positifs de la dernière émission de bons du Trésor montrent que cette politique suscite un degré certain de confiance, qu’il ne faudrait pas torpiller. Parallèlement, le ministre des Finances, Élias Saba, peaufine le projet de budget 2005, considéré comme instrument sinon de redressement financier, du moins d’amortissement de la crise. Prudence Sur le plan politique, ce sont les leaderships chiites qui s’entremettent. Nasrallah donc, mais aussi Nabih Berry. Le but étant d’instaurer une trêve tacite sur ce front fragile. Le président de la Chambre a de la sorte choisi soigneusement ses termes, lorsqu’on l’a interrogé sur les velléités judiciaires de citer Marwan Hamadé à comparaître. On sait en effet que Berry a axé sa réponse sur le strict aspect juridique et constitutionnel, pour rappeler qu’une procédure impliquant un parlementaire est hors de question. Sans pour autant s’en prendre au ministre de la Justice, au parquet ou à l’instruction. Les décideurs Mais de tout cela, que pense au juste Damas ? Des sources assez proches de Joumblatt ont voulu se renseigner à ce sujet. En posant des questions sur les réactions suscitées par la visite parisienne du leader druze et sur ses déclarations. Ces sources indiquent que jusqu’à présent, elles n’ont reçu que des échos indirects. Elles ne souhaitent pas s’en contenter et cherchent à obtenir, des Syriens eux-mêmes, des informations de première main. Car les indications fournies par des hérauts libanais peuvent être piégées, ou biaisées à dessein. Il reste que les messages syriens transmis, fidèlement ou non, par ces hérauts retentissent comme de sévères avertissements à l’adresse de Moukhtara. Nuances Cependant, les mêmes personnalités soulignent que Joumblatt, quoi qu’il en paraisse, tient toujours à de bonnes relations avec Damas. Des relations qui pour être bonnes, justement, ne devraient pas à son avis passer par Anjar, ou par des intermédiaires, mais être directes. Cet objectif, Joumblatt l’a d’ailleurs mis en exergue tant durant sa rencontre avec Jacques Chirac que dans le point de presse qui a suivi. Il a rappelé qu’il n’approuve pas des points déterminés de la 1559, dont le retrait militaire syrien du Liban et la neutralisation du Hezbollah. Mais il a également répété qu’il refuse les immixtions étrangères dans les affaires intérieures de ce pays, même ou surtout quand elles sont le fait d’un pays frère (ou sœur). Il a en outre précisé qu’il rejette les services de renseignements et le règne du tout-sécuritaire aux dépens de la démocratie et des libertés, oxygène indispensable au peuple libanais. Pour lui, les relations privilégiées avec la Syrie doivent se normaliser en s’établissant d’État à État, dans le respect mutuel d’une indépendance nationale bien comprise, de part et d’autre. Quant à la visite de Addoum en Syrie, elle est diversement interprétée. Pour certains, l’audience qu’Assad lui a accordée est un signe de soutien. Pour d’autres, elle est tout à fait ordinaire, du moment que le président syrien entreprend un nouveau cycle de concertations avec des pôles libanais. Ces sources soutiennent que l’appui constant de la Syrie à la légalité libanaise signifie, au fond, que cette dernière doit rester à l’abri des secousses. Donc ne pas s’engager dans des polémiques qui finalement font le jeu de ses adversaires. Surtout que ces derniers bénéficient de la sympathie des Occidentaux, maîtres d’œuvre d’une 1559 que la Syrie ne souhaite pas défier ouvertement. En somme Damas, selon ces sources, préfère éviter tout climat de confrontation. Les dossiers Il reste que, comme on l’a souvent vu du temps des querelles Lahoud-Hariri, les pulsions combatives locales peuvent outrepasser les recommandations syriennes de retenue. Certains estiment ainsi que le pouvoir pourrait, encore une fois, être tenté « d’ouvrir des dossiers », comme on dit. Notamment celui de la gestion par le camp Joumblatt de la Caisse des déplacés. Mais l’intéressé, ou l’opposition, pourraient riposter en évoquant al-Madina, les fonds irakiens, le pétrole, l’EDL, etc. Il est donc objectivement possible que les deux épées de Damoclès réciproques se neutralisent. Et que nul n’ouvre le feu, côté scandales. De même, on s’efforce de prévenir une personnalisation trop accentuée de la polémique. Un bras de fer qui, selon des observateurs avertis, indispose et agace fortement le président du Conseil, Omar Karamé. Homme de modération, s’il en est. Philippe ABI-AKL

Jusqu’où va aller la prise de bec entre Walid Joumblatt et Adnane Addoum ? L’escalade en effraie plus d’un, à gauche comme à droite. Car elle risque de faire rapidement tache d’huile. De provoquer plusieurs clashs distincts entre opposants et loyalistes, d’agiter la rue et de déstabiliser le pays. Des efforts d’apaisement sont dès lors déployés, en coulisses, par...