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Journée mondiale du sida - 14 000 nouveaux cas par jour, dont 2 000 touchant des enfants de moins de 15 ans Au Liban, le pourcentage des infections au sein de la jeunesse a quadruplé en 5 ans

Avec un nombre sans cesse croissant des personnes qui contractent le virus VIH/sida (14 000 nouvelles infections par jour en 2004, selon les chiffres de l’Onusida), il n’y a plus lieu de rester les bras croisés devant une épidémie qui ne fléchit pas, avec près de 40 millions de personnes infectées dans le monde, selon les chiffres de l’Onusida et de l’Organisation mondiale de la santé. Malgré les améliorations des traitements développés, l’épidémie ne recule pas. Au contraire, elle se propage à une vitesse vertigineuse entraînant dans sa course grands et petits. En effet, 14 000 nouvelles infections par le virus VIH ont été enregistrées par jour, en 2004, dont 2 000 touchant des enfants de moins de 15 ans ! Presque 50 % des 12 000 cas constatés auprès des adultes sont des femmes. Au Liban, la situation ne se présente pas sous un meilleur jour, bien que le nombre des femmes atteintes soit nettement inférieur à celui des hommes : 18 % des cas reportés sont des femmes. Cinquante-deux nouveaux cas ont été enregistrés cette année auprès du Programme national de lutte contre le sida au Liban (PNLSL), le nombre total cumulatif des cas s’élevant ainsi à 808. Un chiffre « acceptable », selon certains. Mais le vrai danger réside dans le pourcentage observé auprès de la population jeune âgée de 15 à 24 ans. De 2,8 % en 1995, celui-ci a atteint 12,9 % en 2000, quadruplant ainsi en l’espace de cinq ans. Nul n’est donc à l’abri du virus. Et dans le combat mené contre la propagation du VIH/sida, le PNLSL a organisé hier, en collaboration avec le Pnud, une conférence lançant une campagne nationale qui s’inscrit dans le cadre des activités organisées aux quatre coins de la planète, à l’occasion de la Journée mondiale du sida, placée cette année sous le thème « Femmes et filles, face au VIH et au sida ». La conférence a eu lieu au siège de l’Ordre de la presse en présence des parties et des ONG concernées dans ce combat. La campagne nationale a pour thème « Les femmes, les filles, le VIH et le sida : éducation et égalité d’accès à la prévention, aux soins et au traitement ». Pourquoi les femmes ? « Parce que près des deux tiers des personnes vivant avec le sida dans le monde sont des femmes ou des jeunes filles », répond le Dr Mustapha el-Nakib, directeur du PNLSL. Reléguées au dernier plan Du point de vue biologique, la femme est plus vulnérable à l’infection au VIH que l’homme. En effet, la transmission du virus de l’homme à la femme lors des rapports sexuels est deux fois plus fréquente que la transmission de la femme à l’homme. Malgré cela, « ce sont les désavantages juridiques, sociaux et économiques auxquels la femme est sujette dans la majorité des sociétés qui augmente considérablement sa vulnérabilité au VIH, souligne le Dr Nakib. De plus, un grand nombre de femmes se voient refuser les informations et les outils qui leur permettent de se protéger. Beaucoup d’entre elles n’ont pas également accès aux services de prévention du VIH et nombreuses sont celles qui n’ont aucun contrôle sur les méthodes de prévention, d’autant qu’elles n’ont pas les moyens de négocier l’adoption de la sexualité à moindre risque ». « Dans de nombreux pays, les femmes figurent au bas de la liste des priorités en matière de soins de santé, déplore-t-il. Lorsque des membres d’une même famille sont infectés, ce sont les hommes qui reçoivent les traitements en premier lieu, alors que les femmes se voient refuser un accès équitable et opportun aux options thérapeutiques. » Citant une étude nationale que le PNLSL a menée dans ce cadre, le Dr Nakib relève les points suivants : 98,2 % des personnes interrogées ont déjà entendu parler du VIH/sida ; l’âge moyen de la première expérience sexuelle est de 15 ans ; 24,2 % des hommes mariés ont des relations extraconjugales ; 84 % des personnes interrogées n’ont jamais utilisé de préservatif alors qu’elles savent qu’il constitue le principal moyen de prévention du VIH ; 67,9 % des femmes à Beyrouth ont été victimes de la violence de leur mari et 71,9 % d’entre elles ont eu des rapports sexuels sous la contrainte. Permettre l’accès aux génériques L’ambassade de France contribue à cette campagne nationale, et ce pour plusieurs raisons. « La lutte contre le sida est pour la France une question nationale grave, explique M. Gilles Germain, attaché de coopération auprès de l’ambassade. Mais le succès de celle-ci ne peut s’envisager que dans une lutte internationale. » Rappelant que le sixième objectif du millénaire est centré sur la lutte contre le VIH/sida, le paludisme et d’autres maladies, M. Germain note que, dans le cadre de cet objectif, il s’agit de « stopper la propagation du VIH/sida et commencer à inverser la tendance actuelle ». Or, en l’état actuel des choses, il n’y a aucune chance d’atteindre cette cible en 2015. La communauté internationale craint plutôt que le nombre de personnes infectées atteigne 100 millions d’ici à 2020. Et d’insister sur le rôle joué par la France dans ce cadre, sur le plan international, tant au niveau du financement de diverses actions dans plus de 30 pays qu’au sein du G8 et la contribution au Fonds mondial de lutte contre le sida, dont elle est le deuxième financier. « Mais la lutte contre le sida dans le monde ne passe pas seulement par un apport financier, indique-t-il. Il s’agit aussi de rendre légalement plus accessibles les médicaments. Dans l’état actuel, près de 90 % des 40 millions des personnes qui vivent avec le virus du sida restent en dehors des thérapies. Après le Canada et la Norvège, la France va rapidement transposer dans sa législation l’accord sur l’accès aux médicaments génériques intervenu le 30 août 2003 à l’Organisation mondiale du commerce. Lorsque cette transposition sera achevée, la France pourra délivrer des licences obligatoires pour permettre à des fabricants de produire, pour les pays en développement, des copies des médicaments couverts en France par des brevets. » Le coordinateur général du collectif des ONG au Liban, le Dr Kamel Mehanna, a pour sa part énuméré les principales actions à entreprendre pour lutter contre le sida au Liban. Il s’agit, entre autres, de réformer le système de santé et de le remplacer par un autre plus « humanitaire » et plus « efficace ». Quant au ministre de la Santé, le Dr Mohammed Khalifé, il a affirmé que le ministère a élaboré, en collaboration avec le secteur civil, les ONG et l’Onu, une nouvelle stratégie pour lutter contre ce fléau, qui s’étendra sur les cinq prochaines années. Et de rassurer les patients que les coupures dans les stocks de médicaments ne seront plus observés. Des initiatives certes à louer. Mais les responsables de la santé au Liban et l’opinion publique doivent être conscients que le combat contre le sida ne se résout pas au seul aspect médical, mais concerne l’ensemble des citoyens et des séronégatifs, sans la compréhension et la solidarité desquels les porteurs du virus ne sauraient être capables d’affronter plus ou moins sereinement la terrible maladie. Le tabou doit être levé, les préjugés abandonnés : le sida n’est contagieux que par les rapports sexuels non protégés, les transfusions et seringues infectées. Le séropositif est un citoyen à part entière qu’on peut saluer, toucher et... aimer. Nada MERHI

Avec un nombre sans cesse croissant des personnes qui contractent le virus VIH/sida (14 000 nouvelles infections par jour en 2004, selon les chiffres de l’Onusida), il n’y a plus lieu de rester les bras croisés devant une épidémie qui ne fléchit pas, avec près de 40 millions de personnes infectées dans le monde, selon les chiffres de l’Onusida et de l’Organisation...