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CORRESPONDANCE - Plusieurs génies de l’art pictural étaient atteints du même handicap Rembrandt souffrait-il de strabisme ? (photo)

WASHINGTON-Irène MOSALLI Il captait comme personne le caractère des humains, il maîtrisait magnifiquement le jeu des ombres et des lumières, et il avait un magistral coup de pinceau. Et avec tout cela, il aurait souffert d’un strabisme divergent. C’est ce qu’a diagnostiqué chez le grand Rembrandt un professeur de neurologie de la faculté de médecine de l’Université de Harvard, Margaret Livingstone, qui en conclut que «c’est pour cette raison qu’il voyait automatiquement d’un manière linéaires les scènes qu’il observait». Elle en était arrivée à cette déduction après avoir étudié 36 autoportraits. Les résultats de ses recherches ont été récemment publiés dans The New England Journal of Medecine. Margaret Livingstone, une spécialiste de renom en matière de perception visuelle, explique qu’elle a d’abord remarqué quelque chose d’étrange dans le regard de Rembrandt en voyant ses autoportraits au Louvre. «Ses yeux étaient légérement asymétriques. Quelquefois le droit ne focalisait pas, et quelquefois le gauche. Restait à déterminer si cela était passager ou permanent.» Pour en être sûre, elle examine avec l’un de ses collègues de gros plans d’autoportraits peints à l’huile et gravés. Dans ces œuvres, réalisées au cours d’une période couvrant quatre décades, elle remarque dans chacune des images qu’il y a un œil qui regarde le public en face, et l’autre qui regarde de côté. Ce phénomène est très apparent dans les 25 peintures à l’huile et les 24 gravures étudiées. Mais quand Rembrandt fait le portrait des autres, il aligne correctement les yeux. Klimt, Picasso, Hopper, Man Ray et Calder aussi L’un des conservateurs du Metropolitan Museum de New York, en charge de l’art flamand et qui s’intéresse particulièrement à la perception visuelle, a trouvé ces interprétation plausibles. Il émet cependant une autre hypothèse: «Et si Rembrandt regardait dans un miroir lorsqu’il réalisait son propre portrait? Dans ce cas, le chevalet serait placé d’un côté et le miroir de l’autre. Il aurait ainsi un œil perpendiculaire au miroir et l’autre bougerait d’un point à l’autre.» Selon le Dr Livingstone, le strabisme divergent dont est atteinte 10% de la population, n’est pas un sérieux handicap. «Souvent, dit-elle, les personnes atteintes de cette anomalie n’ont pas une vision tridimensionnelle, et souvent aussi, elles sont dyslexiques.» Voulant encore pousser plus loin son étude de l’interaction de l’art et de la perception visuelle, elle fait examiner les yeux de 53 artistes célèbres à partir de leurs portraits accrochés à la National Portrait Gallery of Art, à Washington. Il s’avère alors qu’un grand nombre avaient les axes visuels des yeux non parallèles. Parmi eux, Gustav Klimt, Edward Hopper, Jasper Johns, Man Ray, Thomas Moran, Alexander Calder, Winslow Homer, Frank Stella, Willem De Kooning, Picasso, Andrew Wyeth, N.C. Wyeth, Robert Rauschenberg et Roy Lichtenstein. Ce dernier a confié, par la suite, qu’il pouvait capter les images en trois dimensions mais qu’il était dyslexique. À l’avantage des artistes atteints de strabisme, il y a l’habileté naturelle de se concentrer sur la forme des objets et l’espace qui les entoure, généralement désigné comme espace négatif. Et, bien entendu, cela n’implique pas que toutes les personnes atteintes de strabisme soient des artisites potentiels. De même que les trouvailles du Dr Livingstone sont loin d’expliciter à elles seules le génie de Rembrandt.
WASHINGTON-Irène MOSALLI

Il captait comme personne le caractère des humains, il maîtrisait magnifiquement le jeu des ombres et des lumières, et il avait un magistral coup de pinceau. Et avec tout cela, il aurait souffert d’un strabisme divergent. C’est ce qu’a diagnostiqué chez le grand Rembrandt un professeur de neurologie de la faculté de médecine de l’Université...