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Actualités - OPINION

Référendum sur un changement d’horizon

Le Premier ministre insiste pour considérer que les prochaines législatives seront aussi une sorte de référendum au sujet de la 1559, résolution qu’une partie des Libanais appuie et l’autre désavoue, toutes deux prétendant avoir la majorité de leur côté. La même idée est exprimée par le secrétaire général du Hezbollah, qui considère que le Liban est divisé au sujet de la présence syrienne en deux camps, selon une ligne de fracture politique et non communautaire. Même le ministre de l’Intérieur, Sleimane Frangié, s’est mis de la partie. Commentant, à la télévision, les manifestations estudiantines hostiles à la présence de l’armée syrienne au Liban, M. Frangié a affirmé, ou plutôt insinué, que les partis dit « nationaux » souhaitent aussi manifester, et que si le Hezbollah se met de la partie, le nombre de manifestants qu’ils pourraient aligner serait de loin plus écrasant que celui des quelques milliers d’étudiants qui ont défilé l’autre jour. Mais il y a quelque chose de subtil – et de trompeur – dans tous ces appels à l’arbitrage du nombre. D’abord, c’est contraire à l’esprit consensuel sur lequel est édifié le Liban. Ensuite, si l’on tient absolument à recourir à la loi du nombre, qu’on tienne compte aussi de tous les Libanais qui ont quitté le Liban depuis 1990, que ce soit par dégoût ou la mort dans l’âme, et que l’on considère chaque billet d’avion acheté, par un musulman ou un chrétien, comme un bulletin de vote. Soyons clairs : la masse des Libanais qui se trouve en dehors du pays pour des raisons directement liées à la guerre et au type de régime qui s’est instauré après l’accord de Taëf est telle que tout référendum portant sur les seuls résidents ne pourrait qu’en être faussé. Qu’est-ce à dire ? Que ce n’est pas aujourd’hui, alors que le pays est exsangue, le temps des référendums, mais le temps de la réconciliation, non le temps des défis, mais celui de la réparation des injustices. Aussi bien ceux qui appuient la 1559 que ceux qui lui sont hostiles doivent se mettre à l’écoute les uns des autres, prendre acte de ce qu’ils entendent et en tirer les conséquences pour que l’avenir du Liban ne soit pas fait de guerre mais de paix civile. Ceux qui réclament la cessation des ingérences syriennes ne sont pas des féaux et des traîtres, pas plus que ne le sont ceux qui se rangent aux côtés de la Syrie. Voici les deux majorités qui doivent dialoguer sur l’avenir du Liban et tracer pour le pays un nouvel horizon. C’est aujourd’hui non la voix des passions, mais celle de la prudence et du bon sens qu’il faut écouter. Et cette voix, c’est dans les propos du patriarche maronite qu’elle se fait aujourd’hui entendre. Citant la construction de l’Europe et le rapprochement franco-allemand qui a suivi la Deuxième Guerre mondiale, le patriarche a affirmé que nul n’a intérêt à rester indéfiniment en guerre avec ses voisins. C’est sur ce modèle que nous sommes invités à construire le Liban, c’est dans un Moyen-Orient à cette image que nous devons investir toutes nos forces. C’est une vision réconciliée de l’histoire, et non une vision à jamais conflictuelle, qu’il faut offrir aux Libanais, une vision de concorde interne, de prospérité, de justice et de paix. Et c’est à la construction de ce Moyen-Orient que les États-Unis et l’Europe sont invités à contribuer. Fady NOUN
Le Premier ministre insiste pour considérer que les prochaines législatives seront aussi une sorte de référendum au sujet de la 1559, résolution qu’une partie des Libanais appuie et l’autre désavoue, toutes deux prétendant avoir la majorité de leur côté.
La même idée est exprimée par le secrétaire général du Hezbollah, qui considère que le Liban est divisé au...