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Actualités - OPINION

Législatives - Divergences larvées au sein du pouvoir Bataille décisive pour l’opposition autour de la loi électorale

Le temps commence à presser. Il ne reste plus que cinq petits mois avant la première phase des législatives. Or le gouvernement n’a même pas encore abordé les préliminaires d’élaboration de la loi électorale. Omar Karamé parle de février. Même s’il tient parole, cela va faire court : Beyrouth et le Mont-Liban, première phase des élections, sont annoncés pour le 17 avril. Les opposants, qui se concentrent surtout dans cette région centrale, capitale, du pays, n’auront que deux petits mois. Pour contracter des alliances, monter les listes puis faire campagne. On retombe donc dans le schéma de l’édition 2000. Là aussi, c’est à la dernière minute que l’on a su sur quel pied danser. Avec une loi catastrophique, produisant une Chambre où l’élément parachuté est majoritaire. Alors pourquoi étaler la tartine jusqu’à février ? En partie parce que des divergences larvées opposent les piliers du pouvoir. Rien de fracassant certes, et on ne peut pas parler de conflit en règle. Mais il est clair que les uns et les autres marquent des préférences contradictoires. En raison de leur souci de préserver à la fois des intérêts électoraux et une ligne politique générale qui n’est pas tout à fait identique. C’est parce que le temps presse, répétons-le, que le patriarche Sfeir s’est rendu vendredi auprès du chef de l’État. Le jour même où les étudiants, les jeunes, manifestaient. Il n’a pas voulu attendre sans doute parce qu’à ses yeux, remous de rue ou pas, le destin politique du pays se joue essentiellement dans les élections. Il a donc relancé le président Lahoud pour amorcer un dialogue sur la loi électorale. Une démarche utile pour la défense des causes démocratiques. L’opposition, qui évite elle-même de prendre le chemin de Baabda, a bien compris les objectifs du patriarche. Et en a applaudi l’initiative. Qui consiste, au-delà des détails et des mécanismes concrets, à encourager le pouvoir tout simplement à tenir parole. C’est-à-dire à initier un code électoral juste, équilibré, égalitaire, mettant fin à la discrimination communautaire ou régionale. Pour produire une Chambre sinon idéale du moins plus représentative, plus légitime que celles qui se sont succédé depuis Taëf. À l’ombre de lois électorales toutes plus tronquées les unes que les autres, toutes aussi génératrices de parachutages massifs. Toutes marquées par la volonté arbitraire des décideurs. On sait en effet que pour la dernière édition, les dirigeants avaient également promis une loi qui serait la même pour tous. Mais qu’en définitive, ils ont dû signer un texte qui était tout sauf égalitaire. Et que le président du Conseil de l’époque, Sélim Hoss, avait été le premier à décrier, tout comme il en avait été la première victime, à Beyrouth. Cette fois, surveillance internationale oblige, l’immixtion des décideurs pourrait être moindre, voire inexister. Les dirigeants du cru ont donc, en principe, toute latitude pour mettre leurs principes en application. Rééquilibrage Ce qui permettrait à la représentativité chrétienne, si effacée, de reprendre du lustre. Comme s’y engage, en tout premier lieu, le maître d’œuvre des opérations électorales, le ministre de l’Intérieur Sleimane Frangié. Il y aurait des députés de proximité, grâce à des circonscriptions réduites, parvenus vraiment par les urnes, sans pressions abusives. De plus, si la loi devait s’avérer équilibrée, il n’y aurait plus besoin d’en changer tous les quatre ans. L’heure de vérité va donc sonner pour le pouvoir. L’enjeu est de taille pour lui. Car c’est sa ligne politique qu’il voudra sauvegarder. La question étant de savoir s’il pourra le faire en base d’une loi électorale saine. Nombre d’opposants en doutent. À les en croire, plutôt que de se baser sur les principes démocratiques, les responsables vont tenter de fabriquer une loi favorisant leurs poulains et leur assurant, encore une fois, une majorité confortable à la Chambre. Aux dépens, bien sûr, de l’opposition, aussi populaires que ses pôles puissent être dans certaines régions. Notamment dans le centre du pays, au Mont-Liban. Cependant, Kornet Chehwane, indique l’un de ses piliers, n’a pas établi de projet de loi complet. Mais ses idées et ses constantes sont connues. Et lui permettront de se situer par rapport au texte que le pouvoir présentera. Soit pour l’approuver, en tout ou partie, soit pour le rejeter. Selon cette personnalité, dont l’avis n’est pas partagé par d’autres contestataires, en nombre de voix l’opposition n’a pas de problèmes dans ses fiefs, qu’on y adopte le mohafazat, le caza ou tout autre formule panachée. Le pôle cité affirme que cette fois l’opposition ne doit pas se diviser, mais former des listes unifiées. Sans bazars, ajoute-t-il, en commentant les rumeurs que déjà des loyalistes font circuler. Pour sa part, un député opposant s’inquiète des intentions du pouvoir. Qui chercherait à briser, ou du moins à rogner les ailes de l’opposition, à travers une loi électorale pernicieuse. Notamment au niveau du découpage des circonscriptions. L’un des buts étant d’affaiblir des leaderships comme ceux de Walid Joumblatt et de Rafic Hariri. Selon cette source, il est presque certain que Nabih Berry va tout faire pour que l’on garde la grande circonscription, du moins chez lui au Sud. Quitte à ce qu’encore une fois des dispositions différentes soient prises ailleurs. Quoi qu’il en soit, en principe, selon les sources opposantes, la première phase (Beyrouth et le Mont-Liban) devrait donc avoir lieu le 17 avril. Soit quelques jours avant le rapport Annan sur la 1559. Dont l’effet ne pourrait pas être exploité par l’opposition. Philippe ABI-AKL
Le temps commence à presser. Il ne reste plus que cinq petits mois avant la première phase des législatives. Or le gouvernement n’a même pas encore abordé les préliminaires d’élaboration de la loi électorale. Omar Karamé parle de février. Même s’il tient parole, cela va faire court : Beyrouth et le Mont-Liban, première phase des élections, sont annoncés pour le 17...