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Actualités - OPINION

Beyrouth quasi paralysée hier, toute l’opposition dans la rue Malgré quelques accrocs, la civilité des forces de l’ordre face à la détermination des étudiants

Malgré les nombreux barrages qui bloquaient les différentes entrée nord et sud de Beyrouth, plusieurs milliers d’étudiants des différents courants politiques de l’opposition ont organisé hier, sous très haute surveillance, deux manifestations différentes en deux points distincts de la capitale. La première, place du Musée (regroupant le Courant patriotique libre, les Forces libanaises, la base Kataëb, le Parti national libéral et plusieurs indépendants de l’USJ, de La Sagesse, de l’Usek, de l’AUB et de différentes écoles), et la deuxième place Riad el-Solh (emmenée par le Parti socialiste progressiste et la Gauche démocratique). Les deux mouvements réclamaient le rétablissement de la souveraineté et de l’indépendance et la fin de l’hégémonie militaire, politique et sécuritaire syrienne sur le Liban. Ces deux mouvements de protestation n’ont finalement pas fusionné, en dépit des efforts qui ont été déployés au niveau des responsables estudiantins pour assurer la jonction entre la gauche et le courant « souverainiste » au niveau de Sodeco. Le PSP était en désaccord avec le courant aouniste sur l’opportunité de soutenir la résolution 1559, même s’il n’a pas hésité à descendre dans la rue pour réclamer, fait exceptionnel, le retour de la souveraineté libanaise. Quoi qu’il en soit, c’est la première fois que toutes les sections estudiantines de l’opposition manifestent en même temps pour une cause politique nationale, même s’ils l’ont fait en rangs dispersés. Autre fait marquant, l’absence de confrontation entre les forces de l’ordre et les étudiants. Le ministère de l’Intérieur a marqué là un point important en assurant, bon gré mal gré, le bon déroulement de la manifestation, sans interdiction ni répression. Ce qui constitute une première pour un rassemblement de cette ampleur depuis le 21 novembre 2000. Mais le bon point va aussi aux étudiants : ils ont prouvé que lorsqu’on les laisse protester sans les rouer de coups, tout se déroule sans incidents, dans la mesure où ils ont choisi la voie pacifiste. Mais il y a quand même quelques ombres au tableau, la liberté de circulation n’ayant pas été respectée par les forces de l’ordre. Les étudiants ont dû dans certains cas parcourir des kilomètres à pied pour accéder au Musée et à la place Riad el-Solh : en effet, dès l’aurore, toutes les universités étaient quadrillées par l’armée et les FSI, et les barrages dressés autour de la capitale ont créé des embouteillages inextricables, pour le plus grand malheur des automobilistes. Les routes menant du Chouf et de Aley à Beyrouth ont été coupées, et de nombreux militants PSP ont dû rebrousser chemin. Plusieurs cars transportant des étudiants ont été stoppés, et des interpellations ont été signalées dans les rangs du CPL, du PSP et de la Gauche démocratique. Malgré cela, le bilan reste largement positif. Il reste que le point fondamental de l’événement, outre l’appui on ne peut plus explicite du CPL à la 1559, a été l’amorce d’un mouvement contestataire de rue unitaire et pluraliste, regroupant notamment aounistes et progressistes, qui pourrait déboucher sur une nouvelle dynamique politique, et sur peut-être de nouvelles relations, précaires, fragiles mais nécessaires entre Michel Aoun et Walid Joumblatt. Les sections estudiantines du courant « souverainiste », de la gauche et du PSP ont d’ailleurs publié hier, en soirée, un communiqué commun, dans lequel ils ont dénoncé les dérives enregistrées sur le plan sécuritaire et « le phénomène d’hystérie, assimilable à un état d’urgence non déclaré, qui met à nu l’État sécuritaire ». Selon eux, les étudiants ont consacré hier leurs droits et leurs libertés fondamentales, et « ils poursuivront leur mouvement pour mettre à nu le régime, qui perdra sa légitimité le 24 novembre, date de la fin du mandat Lahoud ». Une dernière phrase qui présage de nouvelles épreuves de force entre l’opposition et le pouvoir. Et de nouveaux tests pour le cabinet Karamé. Michel HAJJI GEORGIOU
Malgré les nombreux barrages qui bloquaient les différentes entrée nord et sud de Beyrouth, plusieurs milliers d’étudiants des différents courants politiques de l’opposition ont organisé hier, sous très haute surveillance, deux manifestations différentes en deux points distincts de la capitale. La première, place du Musée (regroupant le Courant patriotique libre, les...