Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Écologie - Le Forum de l’environnement lance un cri d’alarme pour sauver le patrimoine naturel du pays Carrières, déforestation, projets immobiliers et touristiques menacent sérieusement les montagnes du Liban

Les écologistes libanais ont, semble-t-il, décidé d’agir pour sauver ce qui reste du patrimoine écologique libanais. C’est un véritable cri d’alarme qu’ils ont lancé, hier, au cours d’une conférence de presse, organisée par le regroupement des associations écologiques, Forum libanais de l’environnement. Une conférence qui a vu la présence et la participation du ministre de l’Environnement, Wi’am Wahhab, et du président de l’Ordre de la presse, Mohammed Baalbacki. La conférence a dénoncé trois problèmes endémiques majeurs qui rongent notre environnement, à savoir les carrières, les projets immobiliers et touristiques en haute montagne et la déforestation. La protection de l’environnement libanais sera-t-elle désormais une priorité pour le gouvernement ? C’est du moins ce qu’espèrent les écologistes qui se sont mobilisés, hier, pour défendre leur cause et celle de tous les Libanais : celle d’un Liban où l’on arrête d’abattre et de brûler les arbres, où l’on réhabilite les terres défigurées par les carrières, où l’on protège les sommets et les ressources en eau du pays. Un Liban qu’on a le devoir de protéger, pour le léguer en bon état à nos enfants. Les propos étaient véhéments, les accusations directes, sans détour. Les écologistes n’ont pas manqué de dénoncer l’apathie des autorités, mais aussi la corruption, qui ont été fatales à l’environnement, depuis la guerre et jusqu’à aujourd’hui. Promesses et accusations Écoutés, ils l’ont été, certes, les écologistes, par le ministre de l’Environnement, Wi’am Wahhab, qui les a confortés dans leurs accusations, qui a pris le temps de répondre à quelques questions avant de se retirer et qui n’a pas manqué de distribuer des promesses non seulement de coopérer avec les associations écologiques, mais aussi de régler ces problèmes endémiques. « Il est grand temps de trouver des solutions radicales », a-t-il dit. Des solutions qu’il envisage d’étudier de manière scientifique, « d’ici à 2 ou 3 semaines au plus tard après avoir minutieusement pris connaissance des dossiers, dans un réel souci de transparence et indépendamment des pressions », a-t-il promis. M. Wahhab est allé plus loin : il a même évoqué le dossier des déchets, « qui devrait faire gagner de l’argent à l’État, comme cela se passe dans tous les pays du monde et non pas lui en faire perdre, comme c’est le cas actuellement au Liban ». Le ministre de l’Environnement n’y est pas allé de main morte. La pointe au gouvernement Hariri est claire et on ne peut plus directe. « La société Sukleen encaisse 128 dollars par tonne de déchets », a-t-il accusé, arguant que « cette dernière ne devrait pas prendre plus d’une vingtaine de dollars par tonne. Ces actions bénéficient de la couverture d’officiels », a encore dénoncé le ministre. C’est au tour des représentants des associations écologiques de dénoncer la gravité de la situation, exemples à l’appui. Le problème de la déforestation est d’abord montré du doigt par le Dr Antoine Daher, du Bureau de l’environnement de Kobeyate. « Une déforestation, qui, a-t-il déploré, résulte d’une véritable campagne de destruction et devient de plus en plus violente, d’une année à l’autre. Tous les jours, les arbres des forêts du Akkar sont coupés, mais aussi brûlés par une population qui cherche à se chauffer durant la saison d’hiver. » « Ces actes criminels se déroulent, a-t-il dénoncé, au vu et au su d’un État démissionnaire qui se suffit de quelques actions folkloriques et se range généralement du côté des contrevenants. » M. Daher a énuméré les forêts en danger, notamment celles de Fnaydek, de l’ancien Akkar, de Denniyé... avant de demander l’intervention de l’armée, la mise en place de gardes forestiers 24 heures sur 24, l’application de la loi, mais aussi la mise en place d’une réelle politique de développement rural pour lutter contre l’abattage des arbres et les incendies de forêts. Les nappes phréatiques menacées Le danger que représentent les grands projets touristiques pour la montagne libanaise est un autre problème que le docteur Youssef Tok, du comité de suivi de la protection des montagnes libanaises, a montré du doigt. « La montagne regorge de nappes phréatiques d’une grande ampleur, qui constituent une importante réserve d’eau pour le pays », a-t-il expliqué. « Ces nappes phréatiques, a-t-il poursuivi, sont mises en péril par l’implantation de mégaprojets touristiques, sur l’ensemble des cimes, du nord au sud. » Des projets qui nécessitent le tracé de nouvelles routes, l’installation d’infrastructures, mais aussi la présence de nouveaux facteurs de pollution dans des régions jusque-là sauvegardées. À l’instar des réserves d’eau, la neige, qu’il qualifie d’or blanc, est une richesse inestimable de la montagne libanaise. Mais une richesse qui est elle aussi menacée. Il a ainsi dénoncé le fait que certains agriculteurs ne se privent pas de détourner l’eau des glaciers, au détriment des nappes phréatiques, qu’ils utilisent pour irriguer leurs terres. Et le Dr Tok de lancer un appel au gouvernement, afin qu’il mette en place une politique nationale globale pour la protection de la montagne libanaise. Un troisième mal endémique qui ronge cette dernière depuis des décennies est celui provoqué par les carrières de pierre ou de sable, a accusé à son tour Mohammed Fakih, de l’association Un avenir vert, axant son exposé sur le problème des carrières qui pullulent dans la région de Jezzine. « On compte aujourd’hui plus de 15 carrières de sable et 4 carrières de pierre, alors qu’en mai 2000, au terme du retrait israélien, il y avait juste 3 carrières de sable et 3 de pierre », a-t-il déploré. M. Fakih a alors raconté le mouvement incessant des camions, jusqu’à 500 par jour, le bruit continuel qui use les nerfs, les accidents mortels sur les routes crevassées par ces poids lourds, les plantations abîmées... « qui ont transformé la région de Jezzine en une région sinistrée, car elle est désormais boudée des touristes ». Et d’accuser les autorités de la région d’être responsables de l’ouverture de nouvelles carrières, délivrant davantage de permis d’exploitation, malgré les plaintes des habitants et des associations écologiques. « Fermer ces carrières et établir un plan directeur pour l’ensemble des carrières du pays est désormais une nécessité, a conclu M. Fakih. Non seulement dans la région de Jezzine, mais dans tout le Liban. » Seuls trois problèmes ont donc été abordés par les intervenants du Forum libanais de l’environnement. Des problèmes d’une gravité telle qu’ils mettent en péril ce qui reste de la beauté du pays. Le Liban vert tant vanté risque fort de n’être plus présent que dans les chansons de Feyrouz ou sur les cartes postales. À moins que le gouvernement ne se décide enfin à agir. A.-M.H.
Les écologistes libanais ont, semble-t-il, décidé d’agir pour sauver ce qui reste du patrimoine écologique libanais. C’est un véritable cri d’alarme qu’ils ont lancé, hier, au cours d’une conférence de presse, organisée par le regroupement des associations écologiques, Forum libanais de l’environnement. Une conférence qui a vu la présence et la participation du...