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Actualités - OPINION

Craintes accentuées d’un plan israélo-américain pour, ou plutôt contre, le Sud

Les professionnels de la diplomatie comme de la politique portent la plus vive attention à l’évolution de la situation au Liban-Sud. Les katiouchas tirées par X sur le nord de la Galilée, aux abords de la ville de Shlomi, les préoccupent autant que Mirsad 1, ce drone lancé par le Hezbollah pour une incursion au-dessus de Naharya. Nasrallah soutient que sa formation détient plusieurs appareils de cet avion de reconnaissance sans pilote. Et il propose même d’en offrir à l’armée libanaise. En ajoutant que ces petites machines peuvent porter jusqu’à 50 kilos de charges explosives. Il affirme que leur utilisation est une riposte légitime aux violations israéliennes constantes de la ligne bleue. Parallèlement, Sylvan Shalom, ministre israélien des Affaires étrangères, menace de représailles à la suite des tirs de Katioucha. Le front du Sud est donc en train de s’échauffer. Le calme et la stabilité risquent d’être rapidement battus en brèche, à l’ombre des tensions actuelles. La trêve non proclamée, que l’Onu et Washington affirment vouloir conforter, pourrait céder la place à un cycle de remous marqués. Voire d’opérations militaires d’envergure. Les chancelleries s’en inquiètent. Et nombre de diplomates étrangers accrédités à Beyrouth ont relancé les autorités locales pour les presser d’œuvrer d’urgence au rétablissement, puis au maintien, du calme. En demandant qu’à cette fin on veille à juguler la partie qui a lancé les katiouchas. Partie qu’il s’agit d’abord d’identifier avec précision, le Hezbollah s’étant lavé les mains de cette action. Ainsi d’ailleurs que le directoire palestinien du camp de Aïn el-Héloué. Dès lors, des politiciens locaux se demandent s’il n’y a pas provocation. Dans ce sens que la partie responsable voudrait agir contre le Liban et contre la Résistance. En offrant, sur le terrain, des prétextes d’intervention aux Israéliens. Ces personnalités craignent qu’Israël ne lance, avec l’aval tacite des Américains, une opération militaire d’envergure à partir du Liban-Sud. Elles relèvent que les Israéliens ont développé récemment à cet effet une campagne diplomatique marquée, auprès des grandes capitales, afin de s’assurer d’une bonne couverture internationale, en faisant mine de s’appuyer sur la 1559. Selon ces sources, les Américains seraient éventuellement d’accord parce que de la sorte ils mettraient pratiquement la Syrie au pied du mur, concernant les conditions qu’ils veulent lui imposer. Conditions dont la neutralisation du Hezbollah et des Palestiniens fait d’ailleurs partie. Logique Pour ces pôles politiques libanais, il n’est pas très raisonnable, de la part du tandem libano-syrien, de faire monter les enchères sur le terrain, au milieu des vives tensions régionales et internationales actuelles. Ils estiment que le groupe qui prend le nom du martyr Ghaleb Awali, cadre hezbollahi assassiné par les Israéliens, doit être vite repéré et neutralisé. Au besoin par les services mêmes du Hezbollah, puisque ce parti affirme n’être pas derrière les tirs de Katioucha. Le label choisi peut être de la poudre aux yeux. Et si le Hezbollah veut vraiment, comme il l’affirme, garder l’initiative, il devrait voir où se situent la concurrence ou le piège, soulignent ces commentateurs politiques. En ajoutant qu’il n’est pas illogique de penser que l’opération a pu avoir lieu à la suite d’une coordination entre des éléments palestiniens et certains cadres de la Résistance libanaise, agissant peut-être à l’insu de leur direction. Car sur le terrain il semble difficile de tirer des missiles par-delà la frontière sans feu vert pour traverser le cordon de sécurité mis en place par la Résistance et par les forces régulières libanaises. On peut toutefois, poursuivent ces mêmes sources, penser qu’il y a des failles dans le système à cause de l’inefficacité de la coordination entre la Résistance et ces forces (de sécurité) régulières. Pour leur part, Washington et Paris, coauteurs de la 1559, estiment que les développements récents sont une transgression des dispositions de cette résolution. Une raison de plus, à leurs yeux, pour que Beyrouth et Damas s’alignent enfin sur la volonté de la communauté internationale. Et commencent à appliquer les termes de la 1559. Surtout, comme première étape visible, pour ce qui est du désarmement du Hezbollah, des Palestiniens et de l’envoi de l’armée au Sud frontalier. Pour y prévenir une explosion aux conséquences incalculables. L’Onu n’est pas loin de penser la même chose et serait tentée de justifier désormais, ce qu’elle n’a pas fait jusqu’à présent, les sorties aériennes israéliennes au-dessus du Liban, par le fait qu’il y a des parties qui utilisent ce territoire pour mener des actions prohibées. On sait en effet que l’Onu ne retient pas comme valable la thèse libanaise de résistance légitime à cause de Chebaa. Car pour la communauté internationale, la 425 a bel et bien été entièrement appliquée, l’enclave des hameaux relevant de la 242, du moment qu’elle est déclarée territoire syrien. Mais que dit le Hezbollah ? Il affirme que sa résistance à l’occupation est plus que jamais nécessaire et légitime. Qu’il a donc le droit de développer son armement et au besoin de l’alourdir. Car il est en quelque sorte en position de légitime défense. Il ajoute qu’il cherche, tout à fait normalement, à établir un équilibre de dissuasion à la frontière. D’où le drone Mirsad 1, qui est donc porteur d’un message politique clair à l’adresse d’Israël. De leur côté, les opposants du cru redoutent qu’avec l’arrivée des faucons à Washington (dont Condoleezza Rice) à la faveur de la réélection de George Bush, l’Amérique ne couvre volontiers une action d’Israël contre le Liban. Car ces faucons américains ne cessent de proclamer que la sécurité d’Israël passe avant tout. Philippe ABI-AKL

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