Rechercher
Rechercher

Actualités

CITOYEN GROGNON Drôle de permis

18 ans : âge crucial. Âge tant attendu par nos jeunes, pressés de devenir adultes. Âge où l’on a le droit de conduire, où l’on a enfin le pouvoir de se déplacer librement, de prendre la voiture de papa, d’embarquer les copains et copines pour aller prendre un pot ou faire la fête. Ce droit de conduire, ailleurs, dans le monde civilisé, on ne l’obtient qu’au terme d’un long apprentissage, théorique et pratique, suivi d’un examen des plus sévères, qui n’hésite pas à recaler les mauvais élèves, mais aussi les immatures, les inconscients, les irresponsables, les fous du volant. Belle preuve de responsabilisation civique ! Chez nous, c’est tout le contraire. Et cela ne fait qu’empirer. Obtenir son permis de conduire n’est qu’une simple formalité depuis la guerre... et plus de 15 ans après la fin de la guerre. Vous avez d’ailleurs le choix : soit vous passez l’examen, soit vous achetez votre permis. Mais que vous optiez pour l’un ou pour l’autre, c’est kif-kif bourricot. Vous avez choisi, en citoyen modèle, de passer l’examen : Dans un petit espace bien loin de la circulation, on vous refile alors une jeep, comme vous n’en avez jamais vu ; une véritable pièce de musée, dont on a traficoté l’avance afin qu’elle ne cale pas, pour vous faciliter encore plus la tâche. Quelques dizaines de mètres en avant, quelques dizaines de mètres en arrière, un créneau par-ci, entre deux poteaux, parfois même un petit slalom par-là, histoire de s’assurer de votre dextérité, et le tour est joué, vous l’avez dans la poche, votre permis de conduire. Le test théorique ? Inexistant. L’on vous demandera, accessoirement, à votre descente de voiture, d’identifier un ou deux panneaux de signalisation, un sens interdit, une interdiction de stationnement. Rien de plus. C’est si facile que vous en tombez des nues. Vous doutez de vos compétences ou n’avez tout simplement pas envie de passer l’examen, parce que tous vos amis l’ont obtenu ainsi, parce que c’est monnaie courante au Liban ? Rien de plus simple : Vous n’avez qu’à graisser la patte à l’un des fonctionnaires du service de la mécanique, par l’intermédiaire d’une connaissance, d’un courtier ou d’un simple planton d’entreprise. Ce petit service ne vous en coûtera que 300 000 ou, tout au plus, 400 000 LL, selon l’importance de votre piston. Et votre permis de conduire, certifié, signé, légalisé, vous l’avez illico dans la poche. Qu’importe si ce papier si précieux n’est pas reconnu dans bon nombre de pays, dont le Canada. Qu’importe aussi si vous allez grossir le rang des automobilistes inconscients et fous. Qu’importe surtout si vous allez devenir un danger public de plus sur les routes libanaises. Votre permis de conduire, vous l’avez au moins ! Anne-Marie EL-HAGE
18 ans : âge crucial. Âge tant attendu par nos jeunes, pressés de devenir adultes. Âge où l’on a le droit de conduire, où l’on a enfin le pouvoir de se déplacer librement, de prendre la voiture de papa, d’embarquer les copains et copines pour aller prendre un pot ou faire la fête.
Ce droit de conduire, ailleurs, dans le monde civilisé, on ne l’obtient qu’au terme...