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Actualités - OPINION

Opposition des grands blocs à une formule largement fragmentée

En un sens, le destin du pays, politique mais aussi économique, se joue sur la teneur de la nouvelle loi électorale que le cabinet de transition doit établir. De ces dispositions dépendront directement les résultats globaux des prochaines législatives. Et l’on aura une idée assez nette, après ce tournant, de ce que seront les vingt-huit mois restants du mandat présidentiel prorogé. Le président Karamé souhaite vivement que « ses » élections débouchent sur une ère de dialogue et d’entente sur une scène locale gravement déchirée par le double clivage prorogation-1559. Il espère qu’il y aurait un net rapprochement entre le camp loyaliste, toutes tendances confondues, et cette opposition qui cherche à mieux unifier ses rangs. La question se pose maintenant si, après les législatives, l’opposition trouverait assez de marge, et assez de forces votantes, pour accepter de participer à un pouvoir sur lequel elle pourrait alors, effectivement, agir de l’intérieur. Parce que, selon ses piliers, son attitude est commandée par des considérations de réalisme arithmétique : à quoi cela servirait d’avoir au sein du cabinet un élément ou deux dont les avis ne seraient jamais pris en compte au moment des décisions. Par contre, avec un tiers des membres du Conseil, par exemple, elle pourrait déjà utiliser le levier de pression que constitue la minorité de blocage. Dès la publication du projet de loi électorale, disent les piliers de Kornet Chehwane, on saura comment traiter avec le gouvernement en place. Certes, ajoutent les opposants, on peut tirer bon augure de la visite rendue par Karamé au patriarche Sfeir. Ainsi que de la promesse, dans la déclaration ministérielle, d’une loi électorale égalitaire. Mais, rappellent-ils, le pouvoir, régime en tête, avait pris de tels engagements avant les élections de 2004. Pour faire exactement le contraire, à cause d’un diktat de dernière minute lancé par les décideurs. On s’était donc éloigné encore plus de l’esprit d’entente voulu par Taëf, accord fondamental gaiement foulé aux pieds dès son entrée en vigueur. Va-t-on pouvoir y revenir ? Karamé promet, certes, que cette fois, les autorités seront impartiales. Il n’y a aucune raison de ne pas croire cet homme de parole, disent les opposants. Mais, précisent-ils, la neutralité de l’État est tout à fait secondaire quand il s’agit d’assurer de vraies élections démocratiques. Parce que les parachutages se font à travers la fabrication des listes. Qui est elle-même liée au volume des circonscriptions. Plus elles sont grandes, plus l’immixtionnisme est facile. Kornet Chehwane, tout comme Bkerké ou Moukhtara, préfère donc le caza. Quoi qu’il en soit, à l’heure actuelle, la formule qui fait tendance consiste à diviser le Liban en 17 ou 18 circonscriptions comprenant entre 8 et 10 sièges chacune. Ce qui présenterait un tableau égalitaire et équilibré. Mais Berry exige que le Sud tout entier reste une seule circonscription. Hariri veut la même chose pour Beyrouth. Et Frangié lui-même milite pour que les cazas de Zghorta et Tripoli ne fassent qu’un, aux élections. Philippe ABI-AKL

En un sens, le destin du pays, politique mais aussi économique, se joue sur la teneur de la nouvelle loi électorale que le cabinet de transition doit établir. De ces dispositions dépendront directement les résultats globaux des prochaines législatives. Et l’on aura une idée assez nette, après ce tournant, de ce que seront les vingt-huit mois restants du mandat présidentiel...