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Gouvernement - Le ministre de la Justice a évoqué tous les dossiers litigieux, en présence du président du CSM Addoum : Les libertés sont sacrées, mais elles doivent s’exercer dans le cadre de la loi

Il y a certainement un style Adnane Addoum. Certains peuvent le trouver agressif, mais nul ne peut ignorer sa grande franchise – qui tranche avec la langue de bois traditionnelle – et son ouverture à la presse. En écoutant les attaques des députés contre la justice et les magistrats pendant les séances parlementaires, Adnane Addoum, qui se sent encore et avant tout un juge, même s’il est prêt à assumer ses nouvelles fonctions de ministre, a visiblement souffert le martyre. Et il n’a pas attendu longtemps pour répondre, après avoir relevé sur des papiers arrachés à un cahier tous les points soulevés. Il a donc donné sa première conférence de presse de ministre hier matin, avec, à ses côtés, dans un message fort de coordination totale, le président du Conseil supérieur de la magistrature, M.Tanios el-Khoury. Devant les journalistes, Addoum a donc évoqué tous les sujets qui suscitent une polémique : les dossiers ouverts au bon moment, les enquêtes inachevées, les accusations contre un « État judiciairo-sécuritaire », l’affaire de la « Banque al-Madina », le dossier contre le général Michel Aoun, les libertés publiques, le cas de la « MTV », soucieux d’expliquer à l’opinion publique libanaise que les critiques qu’elle entend à longueur de journée sont l’expression d’une lutte politique et non le reflet d’une réalité. « S’il y a des exactions, je suis prêt à les combattre, et notre principal souci est de renforcer les structures de contrôle au sein de la magistrature et au sein de l’État en général. La plupart des organismes chargés de cette mission manquent d’effectifs et les nominations devraient être faites dans les plus brefs délais. » « Un climat de suspicion pour des objectifs politiques » Selon le nouveau ministre de la Justice, le climat de suspicion créé autour de la justice au Liban n’est pas fortuit. Il serait destiné à brouiller la vue et à jeter le discrédit sur le corps judiciaire. Le ministre a toutefois assuré que le gouvernement dont il est membre n’a nullement l’intention d’ouvrir des dossiers politiques. « Nous nous contenterons d’appliquer la loi et d’ouvrir une enquête lorsque les faits le nécessiteront et d’utiliser les organismes de contrôle pour veiller à lutter contre la corruption. » Addoum l’a aussi répété à plusieurs reprises : « Les libertés sont sacrées. Elles sont la raison d’être du Liban, mais elles doivent s’exercer dans le cadre de la loi. » Il a aussi catégoriquement nié l’existence d’un régime judiciairo-sécuritaire, affirmant que, malgré les critiques, le Liban reste un État de droit. Addoum a aussi répété ce qu’il disait déjà quand il était procureur général de la République, à savoir que selon lui, la justice est indépendante et les magistrats en grande majorité des hommes intègres. Mais il n’a pas ménagé en revanche ceux qui réclament l’indépendance de la justice, « tout en s’empressant d’intervenir auprès des magistrats en faveur de tel ou tel autre dossier qui les intéresse ». Le ministre de la Justice a aussi critiqué le nouveau code de procédure pénale qui, en voulant renforcer les droits de la défense, a entravé en fait le cours de la justice, les différentes parties pouvant soulever des exceptions pratiquement indéfiniment. Addoum a aussi relevé les erreurs énoncées par les députés, ainsi que certaines parties politiques, affirmant que n’est pas expert légal qui veut et qu’on devrait cesser de lancer des affirmations sans connaître les lois et les codes juridiques. Évoquant la nomination d’un procureur général par intérim pour le remplacer pendant la durée de ses fonctions de ministre, Addoum a précisé qu’une telle démarche est tout à fait légale, et qu’elle a déjà été adoptée dans le passé, avec des magistrats éminents tels que Youssef Gebrane ou Joseph Chaoul ou encore Sleimane Traboulsi, etc. « L’essentiel est qu’il n’y ait pas de cumul ni d’interférences. Je serai dont un ministre à plein temps, et le nouveau procureur assumera totalement ses fonctions. » « Aucun arbitraire dans le dossier contre le général Aoun » Le ministre a longuement parlé de la tentative d’assassinat du ministre Marwan Hamadé, affirmant que la justice suit son cours et que dans certains cas, il est difficile de trouver des pistes. Parfois, la chance joue et parfois, il faut attendre. « Nous avons suffisamment ennuyé les habitants du quartier où réside M. Hamadé, tant nous les avons interrogés. Certaines personnes entendues ont parlé d’une implication du Mossad israélien. Mais en ce qui nous concerne, nous savons que ceux qui ont accusé les services libanais et la justice d’être impliqués dans cet attentat souhaitaient créer un climat malsain et creuser le fossé entre les Libanais et entre les Libanais et un pays frère. » Le ministre a invité tous ceux qui détiennent des informations pouvant faire avancer l’enquête à les révéler à la justice, tout comme il a souhaité que nul ne cherche à devancer le verdict, tout en respectant le secret de l’instruction. Addoum a insisté sur le fait qu’aucun dossier n’était refermé arbitrairement. Mais que certaines enquêtes prennent plus de temps que les autres et, selon lui, les développements ne sont nullement dictés par des considérations politiques. Il a ainsi expliqué que l’action judiciaire menée contre le général Michel Aoun n’était absolument pas une épée de Damoclès brandie contre lui. « S’il fallait suivre cette logique, je dirais que la justice devrait accélérer la procédure pour juger au plus vite le général. Mais au contraire, le juge d’instruction agit avec beaucoup de prudence. » Le ministre a aussi parlé de l’affaire de la banque « al-Madina », précisant que la procédure judiciaire est en cours et que grâce à une coopération avec le gouverneur de la Banque centrale, les intérêts des déposants ont pu être protégés. « Lorsque des plaintes pénales ont été déposées contre la prévenue Rana Koleilat, celle-ci a été arrêtée et elle est toujours en prison. C’est la preuve qu’il n’y a pas de protection occulte ni de plafond pour exécuter la justice. » S. H.
Il y a certainement un style Adnane Addoum. Certains peuvent le trouver agressif, mais nul ne peut ignorer sa grande franchise – qui tranche avec la langue de bois traditionnelle – et son ouverture à la presse. En écoutant les attaques des députés contre la justice et les magistrats pendant les séances parlementaires, Adnane Addoum, qui se sent encore et avant tout un juge,...