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Actualités - OPINION

Plus de programme étatique pour la période préliminaire Plein cap sur la présidentielle

Les dirigeants ne parlent plus de ce qu’ils vont faire pendant les quelques mois qui restent au régime. Ils se focalisent sur la présidentielle. Mais aussi sur la suite. – Les visiteurs du président Lahoud rapportent qu’il procède à des projections d’avenir. En mettant l’accent sur un changement de figures. Pour engager des traitements de fond aux multiples problèmes que ce pays endure. Il souligne que ses divergences avec le président Hariri ont entravé ses projets de redressement. Ajoutant qu’il reste résolu à mettre en place des dispositifs atténuant l’effet néfaste des crises sur la population. Et apportant de l’espoir aux jeunes, pour qu’ils cessent de partir. – De son côté, le président Hariri, interrogé lors de sa visite à Qatar sur les retombées monétaires des échéances électorales, a répondu : « Je vais être franc. En 2004, nous n’aurons pas de problème. Mais en 2005, ce sera une nouvelle phase, une nouvelle ère, au plein sens de l’expression. Il faudra alors aviser. À l’ombre d’une stabilité politique certifiée, d’un plan de redressement clair, d’une nette entente entre les forces politiques essentielles, le Liban n’aurait pas de souci à se faire. Par contre, à l’ombre des tiraillements politiques, les choses ne seraient pas faciles... » Le message haririen est évident : le salut passe par la fin des querelles. Donc du tableau de bord actuel. Devant un colloque économique, tenu à Beyrouth, le chef du gouvernement a relevé la part des lourdeurs bureaucratiques ou règlementaires dans les entraves qui brident l’essor du domaine des affaires comme de la production. Mais il a insisté aussi, encore une fois, sur les effets, les méfaits, des tiraillements politiques qui réfrènent tout élan d’investissement. En professionnel, M. Hariri juge que les querelles entre dirigeants ont beaucoup coûté au pays économique et financier. Il cite volontiers à ce propos une étude d’experts qui évaluent le manque à gagner à quelque 330 millions de dollars par an. – Dans ce même esprit, le gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, souligne que les fondements de la confiance nécessaires à une bonne économie, et à de bonnes finances, sont un Trésor rempli, un secteur bancaire sain et une monnaie stable. – Un expert, le Dr Ghazi Wazni, met en garde de son côté contre tout laxisme de l’État dans le traitement des échéances économiques. Car toute défaillance risque de rendre l’ardoise des réformes trop lourdes, en provoquant un manque de confiance accentué des institutions financières internationales et des investisseurs. – Retour à la donnée politique. Le président du Conseil ne s’en cache pas. Il souhaite un prochain président de la République qui soit source de confiance. Qui jouisse de qualités de réflexion posée, de solidité, de probité. Et qui, surtout, serait sur la même longueur d’ondes que ses partenaires du pouvoir, chef de gouvernement en tête. – Le président Nabih Berry, prenant pour sa part la parole devant les notables libanais de Dakar, a reconnu que le Liban traverse une grave crise socio-économique. Il a précisé que c’est principalement dû à une trop lourde dette publique, extérieure et intérieure, qui accable le Trésor. Le chef du Législatif a, à son tour, estimé que les conflits entre responsables, dont la gestion reste confuse selon lui, provoquent des conséquences négatives. D’autant que cela gêne les efforts visant à rétablir la confiance dans l’État. Il a conclu en se vouant à la sainte patience. L’empoignade Sur le terrain, si l’on peut dire, le ministre de l’Intérieur, Élias Murr, s’est demandé, la semaine dernière, sur les ondes de la LBCI, pourquoi le président de la République maronite n’aurait pas le droit, comme le président du Conseil sunnite ou le président de la Chambre chiite, qui peuvent rester dix ans ou plus à leurs postes, de renouveler son mandat. Selon le ministre, une vraie démocratie implique que tous les gens soient égaux, et qu’ils aient pareillement une chance de mener à bien leurs projets. Du moment que le système est confessionnel, répète Murr, il est inadmissible que les représentants des communautés mahométanes aient le droit de proroger indéfiniment leur présence au pouvoir, tandis que le président de la République s’en trouve interdit. Le ministre lance enfin, franchement, un appel pour la mise en chantier d’une révision de la Constitution autorisant la reconduction du mandat Lahoud. En ce faisant, Murr ouvre en réalité une campagne de refonte constitutionnelle qui déborde largement la prorogation. Il propose en effet un précédent qui, de toute évidence, va susciter d’innombrables revendications de modification de tels ou tels articles. D’où une controverse, une polémique sans fin, sur ce qu’il conviendrait de garder ou de changer. D’autant que, par les projets les plus immédiats, il en est un qui vise à ramener de quatre à deux ans le mandat du président de la Chambre. Pour ce qui est de la présidence de la République, face au risque de la rendre renouvelable ad libitum (tant qu’il existe une majorité parlementaire pour l’approuver), certains suggèrent que l’on adopte le système américain. C’est-à-dire une seule réélection possible. D’autres soutiennent qu’il faut suivre l’exemple français, mettre en place un système semi-présidentiel, avec élection du chef de l’État au suffrage universel. Les évêques De leur côté, les évêques maronites prennent position sur le fond plutôt que sur la forme. Abordant la présidentielle dans leur dernier communiqué, ils dénoncent le fait que la plupart des candidats baignent dans un climat tout à fait éloigné de l’exigence d’autonomie. Revendication populaire défendue par des fractions nationales, disent les prélats. Qui insistent pour la levée de la tutelle, afin que le pays se prenne pleinement en charge, loin de toute vassalité. Pour nombre d’observateurs, cette remarque épiscopale met pratiquement dans un même panier la reconduction et l’avènement d’un nouveau président appartenant à la frange suiviste monochrome. En d’autres termes, il n’y aurait pas de changement véritable. Alors que, selon les religieux, le pays a manifestement besoin d’un homme du changement, pour changer, justement, une situation d’ensemble déplorable à plus d’un point. Mais une telle sortie du cadre paraît des plus difficiles, à l’ombre de rapports de force actuels, concluent ces mêmes analystes. – Les piliers de Kornet Chehwane applaudissent naturellement des deux mains le communiqué des évêques. Ils estiment que le texte tranche la confusion autour de la reconduction, en rappelant quels devraient être les critères fondamentaux de sélection d’un nouveau chef de l’État. À savoir qu’il aurait pour mission principale d’abolir la tutelle étrangère. Ce qui implique que le président doit être made in Lebanon et non made in Syria, affirment ces pôles. Ils ajoutent que les circonstances ne se prêtent pas à une révision de la Constitution. Même si l’objectif paraît louable, dans la mesure où il s’agirait de rééquilibrer les pouvoirs. L’objection est, d’après leur avis, que tout projet de refonte provoquerait de rudes clivages sur la scène intérieure. Chacun tenterait de tirer la couverture à soi, de prêcher pour sa paroisse, de réclamer des retouches et de refuser les amendements voulus par autrui. – Comme tend à le prouver l’exemple du ministre Négib Mikati qui, dans une récente intervention télévisée, a affirmé que les déséquilibres au sein du pouvoir pénalisent en réalité la présidence du Conseil confiée aux sunnites. Il a ainsi soutenu que s’il était président du Conseil, il n’admettrait pas que l’ordre du jour de cette instance soit établi conjointement par les services relevant des deux têtes de l’Exécutif. Car, dit Mikati, le texte constitutionnel n’autorise le chef de l’État qu’à prendre connaissance de cet ordre du jour, sans droit d’y toucher, quitte à avancer des objections sur tout sujet qui lui déplairait, en séance du Conseil. Mikati pense, dans la même logique, que l’esprit de la Constitution libanaise ne prévoit pas que le président de la République assiste à toutes les séances, comme il le fait, devenant ainsi, selon le ministre, un protagoniste plutôt qu’un arbitre. À partir de l’exemple Mikati, et d’autres, les opposants de l’Est estiment qu’accepter le principe d’une révision constitutionnelle, à l’heure actuelle, reviendrait à ouvrir la boîte de Pandore. Émile KHOURY

Les dirigeants ne parlent plus de ce qu’ils vont faire pendant les quelques mois qui restent au régime. Ils se focalisent sur la présidentielle. Mais aussi sur la suite.
– Les visiteurs du président Lahoud rapportent qu’il procède à des projections d’avenir. En mettant l’accent sur un changement de figures. Pour engager des traitements de fond aux multiples problèmes...