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Actualités - CHRONOLOGIE

Pour la députée de Zghorta, cette situation est due « à la protection, au parrainage et à la participation de la Syrie » Réquisitoire foudroyant de Moawad, Sabeh et Ahdab contre « l’État sécuritaire » (Photo)

La troisième et dernière journée du débat de confiance, avant-hier samedi, n’a pas dérogé à la règle : comme jeudi, comme vendredi, l’équipe Karamé, venue solliciter l’adhésion des députés à sa déclaration ministérielle, a passé plus de trois heures sous un feu nourri de critiques, encore plus virulentes même que lors des deux jours précédents. Et comme de bien entendu, cinq des huit parlementaires qui se sont succédé à la tribune de l’hémicycle ont annoncé qu’ils ne donneraient pas leur confiance. Trois interventions ont marqué samedi l’hémicycle et les Libanais : celle de Nayla Moawad (Kornet Chehwane), Misbah Ahdab (Renouveau démocratique) et Bassem Sabeh (bloc Joumblatt). Avec un même fil rouge : le réquisitoire contre le régime sécuritaire, encore plus pregnant depuis la prorogation du mandat Lahoud. Ce n’est pas à cause de la personne de Omar Karamé que Nayla Moawad ne donnera pas sa confiance. « Je suis celle qui a le plus partagé vos souffrances, le meilleur témoin de votre lutte en faveur de l’application de l’accord de Taëf, du dialogue, de la réconciliation entre l’identité libanaise et l’appartenance arabe », a-t-elle commencé par dire à l’adresse de son allié électoral de l’an 2000. « Si je ne donne pas ma confiance, c’est parce que je suis pleinement convaincue que vous et quelques-uns des ministres que je respecte mettez votre crédibilité en jeu en faveur d’un État sécuritaire qui se cache derrière ce gouvernement. Un gouvernement destiné non seulement à assurer le service après-vente de la prorogation du mandat Lahoud, mais aussi celui de la reconduction, de la méthode putschiste qui a renversé notre système démocratique, qui s’est retourné contre Taëf, et qui nous a entraîné dans cette dégénérescence morale, politique et économique », a-t-elle poursuivi. « Ce gouvernement ne vous ressemble en rien, a souligné la députée de Zghorta à l’adresse de Omar Karamé, et pendant que vous exhortez au dialogue, nous devons faire face à un cabinet de défi, de provocation, destiné à assiéger ses adversaires », a-t-elle précisé, enjoignant les ministres Ferzli et Kanso à jouer un rôle plus « noble » dans la vie politique libanaise. Pour elle, ce cabinet ne pourra pas initier la réforme et combattre la corruption, puisque c’est le gouvernement « du clientélisme », ni organiser des législatives justes et propres, « puisque les ministères chargés de cette opération ne laissent rien présager de bon concernant leur impartialité ». Nayla Moawad a confirmé ce que beaucoup de ses collègues ont dit ou laissé entendre : «Ni le pouvoir exécutif est aux mains du Conseil des ministres, ni le pouvoir législatif est aux mains de la Chambre, ni la justice et la loi dépendent du pouvoir... Quant aux médias, ils ne sont pas à l’abri des pressions et des menaces exercées contre les journalistes », a-t-elle assuré. « Tout a été fait, à commencer par l’asservissement de l’opinion publique, pour conforter les positions des mafias de l’État sécuritaire, basé sur l’oppression, la corruption, le viol de la Constitution, la répression des libertés et les tentatives d’assassinat politique », a poursuivi la députée, en énumérant, notamment à l’adresse du ministre de la Justice, la liste interminable des scandales qui minent le pays. Et puis elle enfonce le clou : « Ce putsch contre Taëf, cette primauté de l’État sécuritaire ont été possibles grâce à la protection, au parrainage et à la participation de la Syrie. Le pouvoir décisionnaire est désormais à Damas, et la tutelle on ne peut plus directe, au lieu que l’on travaille en faveur d’un partenariat stratégique et visionnaire entre les deux pays », a déploré Nayla Moawad. La violence de Sabeh Même son de cloche chez le tonitruant Bassem Sabeh, dont la virulence n’a pas échappé à l’oreille attentive de son chef de bloc présent dans l’hémicycle, Walid Joumblatt. Le député de Baabda a commencé par évoquer une multiplicité de rumeurs, toutes comme autant de variations sur un même thème. Celui de « la présence, au sein du gouvernement, de ministres représentant chaque bureau de SR, chaque service de sécurité, ainsi qu’une liste de dix ministres spécialisés dans la rédaction de rapports et leur distribution à l’adresse d’une kyrielle de services de sécurité ». Ce sont des « ersatz de ministres », a-t-il tonné, avant que Nabih Berry ne le reprenne et décide de biffer cette expression du procès-verbal de la séance. Pour Bassem Sabeh, les services « se sont introduits dans la politique et l’ont pourrie : l’État est régi, sur les plans politique, économique et diplomatique, par la culture sécuritaire ». Ces SR « s’infiltrent de temps en temps au Parlement pour participer à l’orientation de l’opération législative. D’ailleurs, ils ne limitent pas leurs activités au seul secteur public, mais, outrepassant les prérogatives accordées par Baabda, ils ont élargi leur champ d’action au secteur privé », a-t-il assuré, donnant pour exemple le scandale de la banque al-Madina. S’adressant ensuite à ses collègues, il les a exhortés à ne pas prendre toutes ces vérités à la légère, et à « combattre les criquets pèlerins sécuritaires là où il faut le faire. Nous mettons en garde depuis des années contre le système sécuritaire, et là, nous sommes réellement tombés dans ses griffes : le système démocratique est assiégé. Et ce système sécuritaire est le pire système féodal, le plus entêté, le plus corrompu et corrupteur qu’ait connu notre pays », a asséné le député. « C’est au Liban que la corruption est fabriquée, et plus précisément dans la grande et sécuritaire République libanaise. Qui est capable de transformer les montagnes en biens fonciers souillés, les vallées en carrières, le littoral en investissements touristiques ? Qui est capable de construire sur des cimes ? De dispenser telle ou telle personne de quitus ? Le Liban va à contresens à tous les niveaux. La prorogation du mandat Lahoud est désormais synonyme d’anéantissement de la stabilité nationale », a conclu Bassem Sabeh. Ahdab et le système Quant à Misbah Ahdab, il a lui aussi évoqué « le système sécuritaro-politico-judiciaire qui contrôle depuis des années le véritable pouvoir au Liban ». Un système qui compte bien, selon lui, « absoudre à l’avance le gouvernement de ses péchés » ; un système qui, au gré des saisons, « appuie ou combat le gouvernement derrière lequel il est tapi ». « Qui est-ce qui contrecarrait, par exemple, la réforme du service du drapeau ? Où allaient se fracasser les propositions de loi – dont la nôtre – ; Qui nous accusait, parce que l’on voulait réduire le poids du service militaire, de faire de la démagogie électorale ? » s’est demandé le député de Tripoli. Misbah Ahdab avait commencé son intervention en déplorant que le pouvoir en place ait décidé de réagir aux différentes hémorragies qui vident le pays de son sang et à la pléthore de défis auxquels il doit faire face par un seule solution : la prorogation. « La prorogation du mandat présidentiel, la reconduction de la situation passée, celle de la méthode utilisée pour pérenniser les crises », a-t-il précisé, en soulignant que quiconque s’était opposé à cette reconduction « a été accusé de traîtrise ». Indiquant avoir lu et entendu que le mandat prorogé allait octroyer au cabinet Karamé des facilités dont aucun gouvernement précédent n’a bénéficié, il a félicité la nouvelle équipe pour cette « manne », et s’est fait l’écho des interrogations des citoyens : « Qui donne quoi à qui ? Dans quelle République vivons-nous ? Sous quel régime politique ? Sommes-nous sous l’ombrelle d’un système présidentiel non déclaré, qui tire ses prérogatives d’on ne sait où, sur la base d’on ne sait quelle Constitution ? » Cinq autres députés avaient également pris la parole samedi. Ghassan Moukheiber a annoncé qu’il ne donnera pas sa confiance parce que la déclaration ministérielle n’évoque aucun dossier essentiel, et Oussama Saad, qui a également voté « non », a appelé à l’adoption du scrutin proportionnel « pour en finir avec le confessionnalisme politique ». Quant à Mohammed Yéhia et Anouar el-Khalil, qui ont donné leur confiance, ils ont estimé que les ambitions de la déclaration ministérielle méritent une cohésion nationale maximale, et qu’un soutien sérieux au gouvernement est nécessaire pour que ce dernier puisse tenir ses promesses. Enfin, Abbas Hachem a souhaité, avant de voter « oui », que l’équipe Karamé puisse réussir à mettre un terme à l’escalade et anéantir la corruption.
La troisième et dernière journée du débat de confiance, avant-hier samedi, n’a pas dérogé à la règle : comme jeudi, comme vendredi, l’équipe Karamé, venue solliciter l’adhésion des députés à sa déclaration ministérielle, a passé plus de trois heures sous un feu nourri de critiques, encore plus virulentes même que lors des deux jours précédents. Et comme de...