Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Taëf - Lecture contradictoire des textes Loyalistes et opposants jouent sur les mots

Touchante unanimité: les loyalistes comme les opposants réclament l’application complète de Taëf. Mais ils en lisent, et en interprètent, différemment la teneur. Pour sa part, le gouvernement se borne, prudemment, à des généralités. En se contentant, dans sa déclaration ministérielle, de promettre une « poursuite d’exécution, en coopération et en accord avec la Syrie sœur ». Ce qui est, au fond, assez méritoire. Car, comme l’observent des professionnels, l’une des toutes premières infractions à Taëf tient à la formation des gouvernements au Liban. En effet, il n’y a jamais eu ce cabinet d’entente nationale véritable qui devait consacrer la réconciliation politique nationale après la cessation des combats. Le pacte prévoyait, pour commencer, un plan général de sécurité visant à permettre aux autorités libanaises d’étendre leur pouvoir sur l’ensemble du territoire par le truchement de leurs forces propres. Ce qui impliquait la dissolution de toutes les milices, libanaises ou non libanaises, dont les armes devaient être remises à l’État dans les six mois. Ajoutant que les Syriens devaient se retirer dans les deux ans suivant l’adoption des réformes politiques, par suite d’un accord entre leur gouvernement et le gouvernement d’union libanais. À l’époque, le Amid Raymond Eddé avait mis en garde contre les pièges de cette formulation. En faisant valoir que la Syrie pourrait toujours soutenir que le gouvernement libanais n’était pas d’union nationale, comme spécifié dans l’accord. Surtout si le Baas, le PSNS ou d’autres partis n’y étaient pas représentés. Il a donc proposé que l’on biffe la mention « union nationale », d’autant que cette condition n’est pas prévue pour l’autre partie contractante, le gouvernement syrien. Pour le Amid, le gouvernement libanais n’avait besoin que d’être légal, ce qui était assuré par le vote de confiance à la Chambre. D’autre part, les gouvernements libanais successifs n’ont jamais dissous toutes les milices libanaises ou non libanaises. Et jamais étendu leur autorité sur l’ensemble du territoire par le truchement de leurs seuls forces propres, comme le commande Taëf. Jamais ils ne se sont entendus avec les Syriens sur le retrait, le repli sur la Békaa, le volume des forces syriennes restantes et leurs rapports avec les autorités locales. Ces négligences, ces oublis, le Liban est maintenant sommé de les réparer par la 1559. Plus exactement, il peut ou bien appliquer cette résolution. Ou bien choisir une sortie latérale en s’entendant avec la Syrie sur base de Taëf. Il ne lui est plus permis de se contenter de répéter que la présence militaire syrienne est provisoire autant que légale ou nécessaire. Dans le meilleur des cas, s’il obtient un répit, il lui faut fixer un délai de statu quo raisonnable. Par ailleurs, sur un plan qui intéresse beaucoup les puissances extérieures, Taëf n’est pas non plus respecté en ce qui concerne l’attachement à la convention d’armistice conclue avec Israël le 23 mars 1949. Cet arrangement, modifiable en fonction de l’évolution, prévoit que les deux pays disposent d’un certain nombre de contingents militaires des deux côtés de la frontière. Or, le Liban s’y dérobe, laissant la résistance occuper le terrain. Cette situation peut être traitée à l’occasion du prochain renouvellement du mandat semestriel de la Finul. D’autant que la légalité internationale affirme que la 425 a été complètement appliquée. Ce que le Liban officiel conteste à cause de l’enclave de Chebaa, toujours occupée et dont il revendique la propriété, alors qu’elle est classée comme syrienne, relevant de la 242, au regard de l’Onu. Qui pourrait, pour faire pression, réduire le volume de la Finul en prélude à son retrait. Émile KHOURY
Touchante unanimité: les loyalistes comme les opposants réclament l’application complète de Taëf. Mais ils en lisent, et en interprètent, différemment la teneur. Pour sa part, le gouvernement se borne, prudemment, à des généralités. En se contentant, dans sa déclaration ministérielle, de promettre une « poursuite d’exécution, en coopération et en accord avec la Syrie...