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Actualités - OPINION

Confiance - Bataille encore plus serrée que dans les swing states US Le cabinet Karamé privé a priori d’au moins 58 voix sur 128

Pointages en Amérique, où finalement les swing states, les indécis n’ont pas basculé du côté de Kerry, comme le fort taux de participation le laissait présumer. Pointages ici aussi, pour le débat de confiance qui démarre ce jeudi à la Chambre. Et devrait s’achever, au bout de quelques séances marathons, cette semaine même. Car Berry tient à ce que la semaine prochaine, le Parlement, qui a du pain sur la planche, et du retard, se réunisse pour légiférer. Sans encore aborder le projet de budget 2005 préparé par Siniora. Projet qui risque d’être gelé, la priorité allant pour les Trente à l’élaboration de la nouvelle loi électorale. Ou à l’électricité et aux carburants conjugués, l’échéance dans ces secteurs tombant, côté réserves disponibles, à la fin du mois en cours. Côté confiance, la partie s’annonce pour l’équipe Karamé aussi serrée que pour Kerry dans l’Ohio. Et aussi problématique, arithmétiquement problématique. En effet, le gouvernement est d’ores et déjà sûr d’être privé de 58 voix, opposantes ou abstentionnistes : les 18 de Joumblatt ; les 16 de Hariri ; les 12 du Hezbollah ; les 5 de Kornet Chehwane ; les 3 de Tripoli (!) et les 2 du Renouveau démocratique. Auxquels on devrait ajouter les députés en voyage, quelques indépendants saupoudrés d’autant de frustrés qui n’ont pas obtenu le strapontin ministériel dont ils rêvaient. Bref, le capital Karamé n’excède pas les 70 suffrages. Et risque même de se retrouver en dessous des 65 voix (la moitié des 128 députés, plus une voix). Mais il n’a sans doute pas besoin d’autant pour décrocher la confiance. Car elle se vote à la majorité des députés présents, non de la Chambre tout entière. Autrement dit, s’il y a juste le quorum, c’est-à-dire les 65, il lui suffit de 33 voix pour passer. Ou trépasser, si l’opposition se présente en masse place de l’Étoile, et que les loyalistes n’y viennent pas en nombre. Donc ce n’est pas seulement pour obtenir une majorité confortable, qui lui donnerait les coudées franches, que le pouvoir se bat. Mais aussi pour éviter d’être défait. Ce qui le plongerait lui-même dans une crise grave. Aussi, les loyalistes démarchent à qui mieux mieux les députés, du Hezbollah notamment, les relancent à domicile ou au bureau à toute heure du jour, pour les persuader de voter pour le gouvernement. Prudemment, les karamistes font valoir que le chiffre final n’a aucune espèce d’importance. Et que la confiance, c’est la confiance, qu’elle soit obtenue par une voix de différence ou par cent. Il n’est pas déraisonnable de penser que s’ils étaient assurés d’une large majorité, ils auraient tenu un autre raisonnement. Soutenant que le score compte beaucoup, car il démontre l’amplitude du crédit accordé au gouvernement qui en tire une marge de manœuvre développée. Mais la déclaration ministérielle, par sa teneur irréaliste en regard du peu de temps que le gouvernement a devant lui (sept mois), désavantage le cabinet. Car elle prête facilement le flanc aux critiques nourries des orateurs, place de l’Étoile. Il reste que dans l’ensemble, nombre de parlementaires surmontant leurs réserves voudront sans doute donner au gouvernement sa chance. Pour éviter au pays les affres d’une crise de pouvoir. Et pour que l’on ne doive pas reporter, ou pire, annuler, les législatives de 2005. Le volet économique Parallèlement, les marchés grognent en sourdine. Le micmac politique ne leur plaît guère. Des piliers des organismes économiques expriment des réticences quant aux paragraphes consacrés dans la déclaration ministérielle à la situation économique et financière du pays. Ils relèvent avec étonnement, sinon avec désapprobation, que le texte ne mentionne nulle part Paris II, et les engagements de réforme qui y ont été pris. Engagements jamais tenus, ni sur le plan politique ni sur le plan administratif ou socio-économique, ce qui rend aléatoire la tenue tant espérée d’un Paris III. Destiné à alléger le poids écrasant d’une dette publique de quelque 35 milliards de dollars, dont le seul service (paiement des intérêts) coûte à ce pays exsangue deux bons milliards de dollars par an. Les professionnels de la Place s’étranglent aussi de voir que le pouvoir en vienne à nuire à la confiance de l’extérieur, de l’Occident surtout, à l’égard du Liban, par sa politique étrangère dite de confrontation. Autrement dit, ils lui reprochent de s’arc-bouter sur des positions de refus par rapport à la 1559. Ce qui risque de le mettre au ban d’une légalité internationale dont il a plus que jamais besoin. Pour les aides, comme pour se protéger de l’agressivité israélienne. Ces hommes d’affaires soulignent qu’il est aberrant de braquer la France contre nous, alors que c’est Jacques Chirac qui a permis à Paris II de se tenir. Ils en disent de même, du reste, pour ce qui est d’autres donateurs comme la Banque mondiale et du FMI, très sensibles comme on sait tant aux directives de l’Onu qu’au point de vue américain. Pour ces sources, le gouvernement Karamé aurait dû, à tout le moins, promettre dans sa déclaration ministérielle de faire de son mieux pour enclencher les réformes, et les privatisations promises lors de Paris. Et ne pas en rajouter, dans un sens tout à fait contraire, sur le jumelage avec les décideurs. En effet, dans le paragraphe réservé à l’économie, la déclaration karamiste, après avoir évoqué la coopération avec les instances internationales, conclut sur l’attachement indéfectible aux dispositions arrêtées dans le cadre du traité de fraternité et de coopération avec la Syrie. Dès lors, les professionnels se demandent si vraiment le pouvoir va stopper la corruption et le gaspillage, du moment qu’il ne s’est pas engagé à fermer les robinets en supprimant les pompes à fric que sont les conseils et les caisses. En défiant à ce propos des pôles influents comme le président de la Chambre, qui s’oppose à l’éviction du Conseil du Sud. Organisme qui, aux dires des opposants joumblattistes, est surtout une caisse électorale. Quoi qu’il en soit, l’un des piliers des organismes économiques affirme que pour l’heure, il faut quand même soutenir le gouvernement, pour ne pas affecter la stabilité du pays. Il propose que l’on forme à cette fin une sorte de comité de salut économique regroupant les dirigeants des secteurs de production ou de services. Pour donner des avis éclairés au gouvernement. Ce comité comprendrait les présidents des associations corporatives (banques, industrie, commerce, agriculture), les cadres des chambres et des syndicats. Il étudierait les différents dossiers et les besoins de la population. Un comité ministériel, dirigé par Karamé et comprenant les ministres des Finances, de l’Économie, de l’Énergie, des Télécoms ainsi que le gouverneur de la Banque centrale, agirait de même de son côté. Cette idée est notamment défendue par Jean-Louis Cardahi. Philippe ABI-AKL

Pointages en Amérique, où finalement les swing states, les indécis n’ont pas basculé du côté de Kerry, comme le fort taux de participation le laissait présumer. Pointages ici aussi, pour le débat de confiance qui démarre ce jeudi à la Chambre. Et devrait s’achever, au bout de quelques séances marathons, cette semaine même. Car Berry tient à ce que la semaine...