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Actualités - OPINION

L’opposition continue à critiquer la logique des deux poids deux mesures

L’équation, souligne un pilier de Kornet Chehwane, se présente comme suit : d’un côté les prosyriens misent sur un agrément américain confortant un accord avec Damas, pour le maintien du statu quo. De l’autre côté, ces parties n’hésitent pas à accuser les libanistes de collusion avec l’« impérialisme honni » parce qu’ils souhaitent qu’un tel arrangement ne voie pas le jour. Dès lors, la coopération avec l’étranger est admise quand elle sert les intérêts d’une fraction, mais condamnée quand elle veut le bien du Liban. De même, ceux qui s’indignent de l’ingérence internationale, comme si d’ailleurs c’était la première fois que cela se produisait dans l’histoire locale, ont eux-mêmes tracé la voie en sollicitant sans cesse les immixtions syriennes. En 1943, la vive lutte d’influence entre la France et la Grande-Bretagne avait permis finalement aux Libanais, malgré des divisions internes, de décrocher l’indépendance. En 1952, le soutien anglais avait permis à l’opposition de renverser le régime reconduit de Béchara el-Khoury. En 1958, une fraction s’est soulevée contre Chamoun avec l’appui de Nasser, recevant ses armes de Syrie. Puis Fouad Chehab n’aurait pas été élu sans la décision américaine, transmise par Robert Murphy. Plus tard, les Américains ont vu d’un mauvais œil le projet de reconduction du mandat de Chehab, qui n’a pu avoir lieu. En 1982, Béchir Gemayel n’aurait pas été élu sans l’invasion israélienne. Et son frère Amine n’aurait pas pu lui succéder, tandis que Camille Chamoun se trouvait contraint de renoncer à sa candidature, sans la présence et les pressions israéliennes. La convention du Caire et les arrangements d’avril 96 avaient été de même les fruits d’une large intervention régionalo-internationale. Pareil, bien évidemment, pour Taëf, avec un parrainage saoudo-américain appuyé. L’ambassadrice US April Glasby avait même mis la main à la pâte dans la rédaction des accords. Tandis que David Satterfield, chargé d’affaires à l’époque, faisait le rabatteur pour assurer le quorum de députés libanais. Après l’assassinat du regretté René Moawad, ce sont les Syriens qui ont bougé pour assurer le même quorum afin de faire élire Élias Hraoui. Ils ont, six ans plus tard, ordonné la prorogation de son mandat, contre une nette volonté libanaise et contre les réticences initiales du principal intéressé lui-même. Enfin, le général Émile Lahoud a accédé à la présidence en base d’une décision syrienne et son mandat a été prorogé de la même manière. Bref, à l’exception sans doute de l’élection du président Frangié en 1970, l’histoire contemporaine du Liban n’est qu’un long tissu d’immixtionnisme étranger. Le recours aux forces syriennes en reste le cas le plus marquant. Elles sont entrées en 1976, avec un large aval international et régional, pour mettre fin aux combats. Élias Sarkis a été choisi parce qu’il avait approuvé ce recours auquel s’était opposée une partie des Libanais. Sarkis lui-même, puis Amine Gemayel et Michel Aoun avaient demandé le retrait des Syriens et le rétablissement de la souveraineté libanaise. Mais il n’en a rien été, tout simplement parce qu’alors l’Amérique était d’accord avec la Syrie. Même en 1992, quand 85 % des électeurs ont boycotté des élections tronquées, les États-Unis ne s’en sont pas souciés. Et même leur ambassadeur avait tenu à assister à la première séance de la Chambre désignée, comme signe de reconnaissance et de légitimation. Par la suite, Washington avait paru se réveiller un peu. George Bush le père puis Bill Clinton ont à maintes reprises réclamé le retrait syrien du Liban. Mais sans trop d’insistance ni de pressions effectives. De plus, des Libanais soutenaient, soutiennent toujours d’ailleurs, cette présence syrienne qui sert leurs intérêts propres. Et leur permet de dominer les autres Libanais, partisans du retrait. Aujourd’hui, les donnes changent. L’Amérique ne veut plus jouer les faux témoins. Et la France paraît encore plus résolue à aider le Liban à recouvrer sa souveraineté. Ces puissances ont obtenu, à travers la 1559, l’aval de la légalité internationale. Mais les Libanais qui estiment que la résolution de l’Onu est juste se trouvent accusés de félonie. Comme si l’on parlait d’autre chose que du Liban, comme s’ils soutenaient d’autres intérêts premiers que ceux de leur propre pays. La source de Kornet Chehwane souligne pour sa part qu’il est grand temps, 14 ans après la cessation de l’état de guerre, que ce pays se gouverne par lui-même. En concluant un accord à l’amiable, sans esprit de confrontation, avec la Syrie. Avant que le changement, la normalisation requise ne soient le fait d’une ultime intervention étrangère. Émile KHOURY
L’équation, souligne un pilier de Kornet Chehwane, se présente comme suit : d’un côté les prosyriens misent sur un agrément américain confortant un accord avec Damas, pour le maintien du statu quo. De l’autre côté, ces parties n’hésitent pas à accuser les libanistes de collusion avec l’« impérialisme honni » parce qu’ils souhaitent qu’un tel arrangement ne...