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Actualités - OPINION

Offensive de charme en direction du bloc du Hezbollah et des frustrés

Des motards, des estafettes, ont remis hier aux députés copie de la déclaration ministérielle parachevée dimanche soir par le gouvernement, puis adressée au secrétariat général du Parlement. Bien entendu, les démarches et les contacts s’intensifient avec les blocs parlementaires, dont celui du Hezbollah, ainsi qu’avec les indécis ou les déçus, pour assurer à l’équipe Karamé une majorité confortable à la Chambre. À un certain moment, dans la foulée immédiate d’une formation qui a fait plus d’un mécontent (car les ministrables, comme on sait, sont toujours légion), les loyalistes ont ressenti des sueurs froides : et si la confiance n’était pas votée ? On sait en effet, depuis le 3 septembre et l’amendement, que l’opposition dite classique regroupe une ossature de quelque trente députés, sur un total de cent vingt-huit. Trois dizaines dont le non est garanti. Si l’on devait y ajouter les recalés, les réfractaires auxquels leurs chefs de file auraient laissé la liberté de choix et les absentéistes, il y aurait risque de défiance. Ou d’un défaut de quorum qui serait encore plus catastrophique comme signal de désaveu. Car il signifierait en même temps qu’on ne veut pas du gouvernement et que l’on continue à avoir trop peur pour voter comme on pense. On a beaucoup travaillé sur le bloc du Hezbollah. Dont certains membres ont été d’autant plus exaspérés par la composition du cabinet, trop marqué à leur goût par le vice du copartage, que le parti avait désigné Karamé lors des consultations impératives. En fait, selon des sources fiables, le leader même de la formation intégriste, sayyed Hassan Nasrallah, voit le gouvernement nouveau d’un mauvais œil. En même temps, il estimerait que le régime, volontairement ou non, a tourné le dos à ses plus fidèles alliés, sans tenir compte de leurs desiderata, comme s’il tentait de les marginaliser. En citant le cas des Kataëb dont le chef, Karim Pakradouni, s’est pourtant toujours distingué par sa défense acharnée de la ligne dite nationale rangée sous la bannière de la présidence de la République. Alors même que cette ligne se trouve confrontée, dans son secteur, à une opposition forte au niveau de la rue, incarnée par Kornet Chehwane comme par d’autres courants. À un degré moindre, le Hezbollah s’étonne de la réduction du rôle attribué à un autre allié de choix, le Parti syrien national social (4 députés), qui n’a obtenu qu’un ministre d’État. Obsession Le Hezbollah pense donc que le régime s’est affaibli lui-même. À l’Ouest, en négligeant ses demandes et à l’Est, en délaissant les Kataëb. Tout cela est d’autant plus déplorable, souligne-t-il, que le régime a perdu des amis sans s’en gagner de nouveaux, puisque personne des opposants ne s’est rallié à lui à l’occasion de la formation du cabinet. Bien entendu, là où le bât blesse surtout, du côté du Hezbollah, c’est qu’à son avis l’on a fait la part trop belle, dans le quota chiite, à Nabih Berry. Qui décroche trois portefeuilles de premier rang pour ses fidèles. Alors que le Hezb, qui affirme disposer d’autant de sièges au Parlement que le mouvement Amal, n’a même pas un proche pour le représenter, afin d’assurer un semblant d’équilibre répondant au volume de son influence au sein de la communauté chiite. Et que l’on n’a même pas songé à lui demander son avis sur la distribution des maroquins. En outre, mais les sources du Hezb ne mettent pas trop l’accent sur ce point, l’on a récupéré Albert Mansour qui ne compte pas parmi les amis des intégristes dans la Békaa. Mais pour le fond, le Hezbollah n’a pas l’intention de passer à la contestation. Il bâtit en effet sa politique ministérielle sur les fameuses considérations stratégiques que plaide couramment le pouvoir. Le Hezb estime que, pour ce qui est essentiel à ses yeux, à savoir faire face aux pressions américaines cherchant à le neutraliser, le régime le défend toujours de toutes ses forces. Que ce n’est pas le moment de pinailler, Satterfield donnant le ton en justifiant les violations aériennes ou terrestres israéliennes par l’inadmissibilité de la présence du Hezbollah sur le terrain au Sud. En effet ni l’Amérique ni la légalité internationale ne reconnaissent à ce parti la qualité de résistant légitime. Et le qualifient de milice, quand ce n’est pas d’organisation terroriste. Il y a ainsi balance. Le Hezbollah va-t-il voter oui, ou déposer des bulletins blancs ? Les cabinets Hariri et même le cabinet Hoss en 98 n’avaient pas eu droit au soutien de ce parti. Mais aujourd’hui son apport est d’autant plus nécessaire que les 16 haririens vont s’abstenir. Tandis que les trois de Tripoli ruent également dans les brancards. Bien entendu les 18 de Joumblatt et les députés de Kornet Chehwane vont faire défaut à Karamé. Donc, pour passer la barre des 75 afin que l’opposition ne marque pas trop de points, le pouvoir redouble d’efforts, dans cette dernière ligne droite. Persuasifs et dissuasifs en même temps. Philippe ABI-AKL
Des motards, des estafettes, ont remis hier aux députés copie de la déclaration ministérielle parachevée dimanche soir par le gouvernement, puis adressée au secrétariat général du Parlement. Bien entendu, les démarches et les contacts s’intensifient avec les blocs parlementaires, dont celui du Hezbollah, ainsi qu’avec les indécis ou les déçus, pour assurer à...