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Actualités - CHRONOLOGIE

ZONE EURO Jean-Claude Trichet reste inclassable un an après son arrivée à la BCE

Monétariste orthodoxe ou partisan de la croissance ? Jean-Claude Trichet reste difficile à étiqueter alors qu’il passe aujourd’hui le cap de sa première année à la tête de la BCE sur un bilan plutôt positif, même si l’euro fort et le pétrole cher augurent pour lui de temps difficiles. Gestion du plongeon du taux de change du dollar en début d’année et du regain d’inflation, crise autour du Pacte de stabilité européen, tractations sur le contenu économique de la Convention européenne, les douze derniers mois n’ont pas été de tout repos pour le successeur du Néerlandais Wim Duisenberg. Mais globalement, « M. Trichet et la Banque centrale européenne s’en sont plutôt bien sortis », estime Antoine Brunet, économiste de la banque française CCF-HSBC. « Il a réussi sa première année sans commettre de grosse erreur, en parlant beaucoup, en restant très prudent. Ses efforts pour donner un contour à une BCE qui était devenue fragile méritent la reconnaissance », opine également cette semaine le quotidien financier allemand Boersen-Zeitung, proche de la Bundesbank et d’ordinaire plutôt critique à l’égard du Français. Sur les changes, l’ancien président de la Banque de France a lancé au moment opportun début 2004 ses interventions verbales pour stopper la hausse de l’euro, qui a atteint en février un record historique à 1,2929 dollars. Ses mises en garde au sujet « de la volatilité excessive » des changes ont permis pendant plusieurs mois de faire redescendre la pression et largement inspiré le communiqué du G7-Finances de Boca Raton aux États-Unis, en février, qui fait référence depuis. Sur le plan économique, il a eu la chance d’arriver en poste en même temps que la reprise en zone euro et l’a depuis accompagnée sans relever le taux d’intérêt directeur de la BCE (2 % depuis juin 2003). Et ce malgré le dérapage de l’inflation qui dépasse la limite de 2 % tolérée par l’institut. Les Keynésiens lui en savent gré. « Il ne poursuit pas de politique monétariste pure et dure », estime le Français Alain Lipietz, élu écologiste au Parlement européen et peu suspect de complaisance à l’égard de M. Trichet qu’il connaît bien. Autre illustration : après avoir semblé préparer le terrain à un durcissement des taux début septembre en raison de risques inflationnistes, il n’a pas hésité à faire marche arrière un mois plus tard en raison de l’hypothèque que fait peser le renchérissement du pétrole sur les perspectives de croissance. Au risque d’être accusé de naviguer à vue. Dans le même temps, il martèle à satiété le leitmotiv de la stabilité des prix dans ses interventions publiques (avec une inflation verbale et moult déplacements puisqu’il a tenu plus de trente discours en un an contre seulement 13 pour Duisenberg lors de la dernière année d’exercice). En outre, il reste inflexible sur le Pacte de stabilité en refusant tout assouplissement. Mais les tenants du strict monétarisme ne sont pas convaincus. « Il n’est pas certain que Trichet soit réellement le gardien inflexible de la stabilité des prix qu’il devrait être », regrette le Boersen-Zeitung. Pour le journal, en se bornant à faire « de la rhétorique sur l’inflation », sans jamais agir, il prend le risque d’apparaîre comme un tigre « de papier ». Après avoir mangé son pain blanc, le Français est surtout attendu au tournant sur la politique monétaire dans les mois à venir avec l’appréciation de l’euro conjuguée au choc pétrolier. Autre défi de taille : son pas de deux délicat pour représenter la zone euro avec le futur président de l’Eurogroupe, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker.
Monétariste orthodoxe ou partisan de la croissance ? Jean-Claude Trichet reste difficile à étiqueter alors qu’il passe aujourd’hui le cap de sa première année à la tête de la BCE sur un bilan plutôt positif, même si l’euro fort et le pétrole cher augurent pour lui de temps difficiles.
Gestion du plongeon du taux de change du dollar en début d’année et du regain...