Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Les milieux politiques s’étonnent des attaques frontales de Ferzli contre les contestataires et les médias

Thème fameux, la “ confrontation ” commence. C’est Élie Ferzli, ministre de l’Information, poste politique par excellence, qui sonne la charge. Porte-parole du gouvernement, il lui donne un ton combatif, polémique. En déversant un tombereau de critiques acerbes dirigées contre des forces politiques locales aussi bien que contre les déclarations extérieures. Et en égratignant généreusement, au passage, les médias. Accusés, rien moins que cela, de s’harmoniser avec l’extérieur, voire de coordonner d’avance avec lui. Il note que la campagne visant un gouvernement qui vient de débarquer est anticipée, entendre qu’elle est de mauvaise foi puisqu’il n’y a rien encore à louer ou à fustiger. Le couac est pourtant déjà là : tandis que Karamé proclame une politique de la main tendue à tous et de dialogue, Ferzli attaque. Divers pôles s’en étonnent. Ils font remarquer qu’il est tout à fait normal qu’une opération de formation d’un gouvernement s’accompagne d’observations diverses, de-ci ou de-là, et que des réserves soient émises. Soit en ce qui concerne la nature, la composition globale du cabinet. Soit en ce qui a trait au choix de certaines figures ou à l’attribution de certains portefeuilles. Il ne s’agit pas là, ajoutent-ils, d’une campagne ciblée, préméditée, comme le soutient Ferzli. Mais de notations qui peuvent, au contraire, aider le pouvoir à faire attention à des faiblesses déterminées, à corriger la trajectoire là où c’est encore possible. C’est là la fonction, par définition, non seulement de l’opposition, mais de tout professionnel de bonne foi. Ces sources relèvent qu’il est très grave d’accuser des parties locales de collusion avec des instances étrangères, pour ne pas dire d’intelligence avec l’adversaire. Mais, désabusées, elles hochent quand même les épaules, en relevant que le pouvoir a depuis longtemps pris pour habitude de traiter de félons, d’agents stipendiés, les contestataires. Pour s’éviter ainsi de répondre à leurs reproches. Et continuer à fermer les yeux sur les dures réalités du pays. Les opposants se demandent dès lors si la sortie en flèche de Ferzli traduit une ligne jusqu’au-boutiste que le pouvoir aurait décidé d’adopter. En répétant que dans ses contacts préliminaires, Karamé n’avait rien laissé entendre de tel. Mais qu’il avait au contraire indiqué que le gouvernement s’efforcerait d’amortir, de résorber l’impact des pressions occidentales, sans défi ouvert. Et que, de même, il voudrait arrondir les angles sur la scène locale. Le mot-clé paraissant être « esprit positif ». Cela étant, ces sources soutiennent que Karamé n’a pas pu monter une pièce politiquement admissible. Il se retrouve avec, sur les bras, une équipe qui, à leur sens, constitue un défi flagrant à l’ensemble des forces vives de la nation classées sous l’étiquette opposante. Pour ces pôles, il est impossible d’imaginer que le pouvoir puisse espérer faire face à la fois au-dehors et à l’intérieur. Même s’il se résout à faire la trêve avec certaines parties, pour ne pas avoir à se battre sur trop de fronts. Ils en déduisent que le pouvoir pourrait se rendre compte, car il n’est pas encore trop tard, que son intérêt même réside dans la ligne souple envisagée par Karamé. Et non dans une agressivité qui empêche de rompre la glace, d’aller vers la détente ou même vers l’entente. Plaidoyer Des loyalistes justifient pour leur part les attaques de Ferzli en les présentant comme défensives. Il s’agit, selon eux, de répondre aux calomnies répandues par certains, aux expressions outrageantes qu’ils ont pu utiliser pour qualifier certains membres du nouveau gouvernement. En leur répliquant du tac au tac. Comme la dignité des ministres visés a été offensée, Ferzli a voulu de même froisser la partie adverse, en évoquant les liens avec les étrangers, disent ces loyalistes. Qui ajoutent que le gouvernement comprend des figures propres, de poids, honorables, dont la présence accentue la crédibilité du cabinet. Même si l’équipe, reconnaissent-ils, accuse un certain déficit en termes de vraie représentativité ou de popularité. Ce qui n’est pas très important, à leur avis, du moment que les jours du gouvernement de transition sont comptés. Plutôt que de se soucier de son image de marque il devra, souligne-t-il, travailler d’arrache-pied, parce que de multiples dossiers difficiles l’attendent. Ils répètent après Ferzli qu’on ne peut juger le gouvernement que sur pièces. Qu’il faut lui laisser le temps de faire ses preuves. En affirmant qu’en tout cas, l’opposition ne doit pas s’attaquer à des personnes, mais aux actes, au programme, aux réalisations ou aux manquements dans les promesses que devrait développer la déclaration ministérielle. Mais les opposants ne veulent pas s’en laisser conter. Ils soutiennent que la composition même du gouvernement est déjà par elle-même un acte politique lourd de sens qu’on peut juger. À leur avis, le président du Conseil désigné, connaissant la situation mieux que personne, aurait dû exiger, imposer, une bien meilleure équipe, plus solide politiquement, moins ébréchée sur le plan des équilibres communautaires ou régionaux. Des observateurs indépendants donnent raison sur ce point précis aux opposants. En indiquant qu’au tout dernier quart d’heure, l’on avait modifié en profondeur la formule initialement débattue. En se passant de noms qui semblaient être incontournables. Pourquoi cette précipitation ? Parce que, ajoutent ces sources, Karamé a jugé qu’il ne pouvait plus laisser traîner les choses, car elles ne cessaient de se compliquer et qu’on allait vers la crise. En effet, des personnalités ont refusé les portefeuilles qu’on leur proposait. D’autres ont préféré s’abstenir, parce qu’elles ne voyaient pas bien comment serait, politiquement, le cabinet. Et n’avaient pu obtenir des éclaircissements suffisants sur ce qu’on allait faire avec la 1559, avec la loi électorale ou encore avec la récession économique. On attend donc, pour être mieux fixé, la déclaration ministérielle. Il reste que nombre de forces politiques souhaitent que la sortie de Ferzli reste sans lendemain. Et que le gouvernement ne se confirme pas comme une lance de défi. Surtout que sa composition même est déjà un gant jeté à des leaders nationaux comme Walid Joumblatt. Philippe ABI-AKL

Thème fameux, la “ confrontation ” commence. C’est Élie Ferzli, ministre de l’Information, poste politique par excellence, qui sonne la charge. Porte-parole du gouvernement, il lui donne un ton combatif, polémique. En déversant un tombereau de critiques acerbes dirigées contre des forces politiques locales aussi bien que contre les déclarations extérieures. Et en...