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Joumblatt lourdement sanctionné par la nomination de trois de ses adversaires électoraux L’équipe Karamé, un cabinet de confrontation malgré des « signaux » à l’opposition (photo)

«Il n’était pas possible de faire mieux. » Ces quelques mots en disent long sur l’état d’esprit du Premier ministre, Omar Karamé, après l’annonce hier de la composition de son équipe ministérielle. Farouchement hostile à la présence de MM. Talal Arslane, Nagi Boustany et Wi’am Wahhab, trois adversaires électoraux du leader druze, Walid Joumblatt, au sein du gouvernement, parce qu’il tenait à adresser des signaux positifs en direction de toutes les forces politiques qui boycottent le cabinet, M. Karamé a dû se résigner au fait accompli : c’est bien un gouvernement de confrontation qu’il a été contraint de former, mais cette confrontation ne concerne finalement que Walid Joumblatt. Et s’il a réussi à régler le problème que posaient les exigences berristes (six ministres + deux portefeuilles fondamentaux, sinon le chef d’Amal boycotte le gouvernement) grâce, dit-on, à un coup de main syrien, M. Karamé n’a pas été en mesure de former un cabinet dont la configuration aurait été susceptible de provoquer le choc positif auquel le président Émile Lahoud semble tellement tenir. Les tractations se sont poursuivies jusque tard dans la nuit de lundi à mardi, et dans la matinée hier, pour aplanir les divers obstacles qui se dressaient devant la formation du gouvernement attendu depuis cinq jours. Dans la matinée, M. Karamé s’est rendu à Baabda pour présenter au chef de l’État un premier projet d’équipe ministérielle. L’entretien entre les deux responsables a duré une heure, au cours duquel ils ont notamment procédé à une évaluation des contacts effectués pour mettre en place l’équipe ministérielle, ainsi que les prises de position de certains ministrables. M. Karamé était supposé revenir à Baabda après l’iftar, avec une formule ministérielle définitive, mais c’est bien avant la rupture du jeûne qu’il a pris le chemin de Baabda où il a été rejoint un peu plus tard par le président de la Chambre, Nabih Berry ; qui a assisté à une partie de l’entretien, avant que MM. Lahoud et Karamé ne reprennent leur tête-à-tête. Peu de temps après, le secrétaire général de la présidence du Conseil, Souheil Bouji, donnait lecture du décret de formation du nouveau gouvernement. S’adressant ensuite à la presse, le Premier ministre désigné a d’emblée affirmé qu’il aurait « souhaité une participation de tous », mais qu’il « n’était pas possible de faire mieux ». Il a expliqué la présence de deux femmes-ministres, pour la première fois dans l’histoire du Liban, par le fait que la moitié de la société est féminine et que les Libanaises réclament depuis longtemps le droit à participer au gouvernement. Selon M. Karamé, ce qui caractérise les membres de son équipe, c’est « leur loyauté et leur détermination au travail et au sacrifice, dans l’intérêt de ce pays ». Le Premier ministre désigné a minimisé l’importance des obstacles qui se sont dressés au cours des derniers jours devant la formation de son cabinet, réaffirmant son souhait d’une participation plus importante des courants politiques dans son équipe. « Mais, a-t-il ajouté, le gouvernement ne peut pas être formé de plus de trente ministres. Espérons que dans sept mois, ceux qui aspiraient (à en faire partie) pourront satisfaire leur ambition », a-t-il ajouté, précisant que la priorité ira à l’élaboration d’une nouvelle loi électorale. « Je ne pense pas qu’il y aura un conflit à ce sujet, car nous appliquerons l’accord de Taëf », a-t-il renchéri. La nouvelle équipe sera reçue aujourd’hui à Baabda, pour la photo traditionnelle. Elle tiendra ensuite sa première réunion pour discuter des grandes lignes de la déclaration ministérielle sur base de laquelle elle est censée obtenir la confiance de la Chambre. En soirée, M. Berry, dont le bureau de presse a démenti les informations selon lesquelles il avait posé des conditions rédhibitoires à la participation de son mouvement au cabinet, a annoncé sa disposition à coopérer avec l’équipe Karamé. Formée de quatorze nouvelles figures, celle-ci se caractérise par la faiblesse de la représentation maronite et l’importance du nombre de ministres alliés au chef de l’État (plus de 15 ministres), qui dispose ainsi d’un gouvernement qui lui est pratiquement acquis. M. Karamé y est principalement représenté par trois ministres seulement, MM. Albert Mansour, Ahmed Sami Minkara et Élias Saba, tout comme M. Berry qui y est représenté par MM. Ghazi Zeaïter, Mohammed Khalifé et Élie Ferzli. Le Baas a raflé au PSNS, au grand dam de ce dernier, le portefeuille du Travail, alors que les Kataëb, qui devaient être représentés par un ministre, sont absents du gouvernement. Cette absence s’inscrit, selon certains observateurs, dans le cadre des signaux positifs que M. Karamé souhaite adresser à l’opposition chrétienne. Dans l’incapacité de former une équipe à l’image qu’il aurait souhaité avoir pour son gouvernement, le Premier ministre désigné a opté pour des formules susceptibles d’enclencher un rapprochement avec l’opposition et plus particulièrement avec Bkerké. La nomination de MM. Ibrahim Daher et Youssef Salamé, proches du patriarche, est ainsi supposée paver la voie à une réconciliation du pouvoir politique avec le patriarcat maronite. L’absence des Kataëb et le départ de M. Élias Murr sont censés rassurer l’opposition Kataëb et Kornet Chehwane. Mais c’est sur le terrain que les intentions d’ouverture du pouvoir seront testées, notamment à la faveur de l’élaboration de la loi électorale. Reste à savoir par qui le procureur de la République, Adnane Addoum, nommé à la tête de la Justice, sera remplacé au parquet. Si la question se pose aussi prématurément, c’est parce que le bruit court que, dans sa politique d’ouverture sur la communauté chrétienne, l’autorité politique nommerait un magistrat chrétien à la place de M. Addoum.

«Il n’était pas possible de faire mieux. » Ces quelques mots en disent long sur l’état d’esprit du Premier ministre, Omar Karamé, après l’annonce hier de la composition de son équipe ministérielle. Farouchement hostile à la présence de MM. Talal Arslane, Nagi Boustany et Wi’am Wahhab, trois adversaires électoraux du leader druze, Walid Joumblatt, au sein du...