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Actualités - OPINION

En marge du synode patriarcal maronite L’autorité comme service

L’Église maronite est en proie à une tension entre deux types de structures: le type vertical-hiérarchique et le type horizontal-collectif. Ce sont deux conceptions de l’Église qui s’affrontent et deux types de théologie. Une longue tradition d’autorité verticale a fait penser les organisations de coresponsabilité en terme de « limitation de l’autorité absolue » des « princes de l’Église. » D’ailleurs, une société qui ne renouvelle plus sa structure hiérarchique est vouée à la sclérose ou à la dictature. Quand cette indifférence s’introduit dans les sociétés religieuses, celles-ci deviennent des groupes marginaux dans la civilisation, des mondes clos ou surannés. Le synode patriarcal maronite cherche une solution au problème des structures hiérarchiques dans notre Église. La solution la plus sûre serait dans le retour à la principale source religieuse, l’Évangile. En effet, d’après l’Évangile, l’autorité est bien différente de celle qui existe dans toute société, elle est un service. Jésus-Christ dit dans l’Évangile : « Vous savez que ceux qu’on regarde comme les chefs des nations dominent sur elles en maîtres et que les grands leur font sentir leur pouvoir. Il ne doit pas en être ainsi parmi vous : au contraire, celui qui voudra devenir grand parmi vous sera votre serviteur, et celui qui voudra être le premier parmi vous sera l’esclave de tous… » (Mc 10/ 42-44). Ainsi, Jésus rejette toutes les notions de domination terrestre comme totalement irréconciliables avec sa propre exigence d’un service d’amour. L’autorité que lui gagne son sacrifice sur la croix, c’est l’autorité du pur amour insistant surtout sur la liberté de la réponse qu’il désire faire naître. Donc, définir l’Église comme communion et l’autorité comme service n’est autre chose que revenir aux sources pour se donner une véritable image de l’Église. Certes, le Christ a donné des pouvoirs aux Apôtres : « Enseignez… baptisez… remettez les péchés… faites ceci en mémoire de moi… » Ces pouvoirs sont surtout des services remis à la hiérarchie ecclésiastique. Il faut donc qu’il y ait des relations importantes entre service et pouvoir. L’interprétation de ces liens devra se faire dans le sens que les pouvoirs pastoraux dans l’Église doivent être vécus « comme forme spécifique de service, et de service objectif efficace. » Les pouvoirs qui sont remis aux pasteurs au nom de Jésus-Christ, en vertu de l’ordination, sont des pouvoirs qui, bien loin de s’opposer au service, supposent un service plus continu, plus spécialisé. Il est surtout garanti par une objectivité émanant de la mission que le Christ a remise à ses Apôtres. Ainsi, les évêques pourront découvrir leurs fonctions propres, indispensables et limitées, et les laïcs réaliseront leur propre vocation dans les perspectives de Vatican II et du synode patriarcal maronite. Ce qui est en jeu jusqu’à présent dans l’Église maronite, c’est la confusion classique entre l’autorité et le pouvoir. Que l’autorité soit bien définie, c’est un signe de santé. Alors les rôles pourront s’harmoniser et les fonctions se placeront dans la « polyphonie des ministères ». L’autorité ne pourra plus centraliser toutes les décisions ni exercer le pouvoir selon le modèle de « l’Acte pur ». Père Émile EDDÉ ML Expert du synode patriarcal maronite

L’Église maronite est en proie à une tension entre deux types de structures: le type vertical-hiérarchique et le type horizontal-collectif. Ce sont deux conceptions de l’Église qui s’affrontent et deux types de théologie. Une longue tradition d’autorité verticale a fait penser les organisations de coresponsabilité en terme de « limitation de l’autorité absolue »...