Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Diplomatie - Les risques de tension s’accroissent Vains efforts libanais pour dissuader Washington

Quelque temps avant que Bush ne paraphe l’ordre de sanctions frappant la Syrie, un ministre libanais avait démarché une personnalité américaine à Washington. Pour tenter de la convaincre que la voie suivie contre Damas constituait une erreur rendant pour les USA les choses encore plus difficiles. Dans une région déjà sous haute tension. Ce ministre a repris l’argumentaire connu. En faisant valoir, au sujet du terrorisme, question capitale pour Washington, qu’il est absolument faux de ranger la Syrie dans la catégorie des États qui soutiennent la subversion. Dans toutes les conférences, internationales ou arabes, elle s’est en effet toujours dressée fermement contre le terrorisme. Elle a signé tous les communiqués, toutes les résolutions condamnant cette forme d’action. De plus, elle a fourni aux USA des renseignements et des assistances diverses, pour les aider à mieux protéger leurs ressortissants d’attaques terroristes. Quant au reproche de ne pas surveiller sa frontière avec l’Irak et de permettre des infiltrations, la Syrie serre au contraire la vis autant qu’elle le peut. Si elle n’avait pas décuplé de vigilance, les infiltrations en Irak auraient été massives. Le président Assad déclare de son côté qu’il n’y a pas d’informations : les infiltrés sont-ils Syriens, ont-ils de faux passeports, y a-t-il eu (en Irak) des interceptions ? Il affirme qu’en tout cas, tout trafic d’arme ou toute évasion de personne est un acte illégal, mais qu’il faut en avoir connaissance, répétant qu’il n’y a pas d’informations (remises par les Américains). Cela étant, la Syrie ne peut pas accéder à la demande US de combattre elle-même une résistance irakienne qui se trouve soutenue par l’ensemble des peuples arabes. Elle ne peut pas non plus se dresser, comme l’exigent les Américains, contre la résistance palestinienne. Mis à part le fait qu’elle est convaincue de la légitimité de cette résistance face à l’agresseur israélien, elle se mettrait sa population sur le dos si elle devait contrer le mouvement palestinien. Or le rassemblement du peuple syrien autour de son pouvoir en fait la force. Contrairement à d’autres régimes qui sont décriés, voire honnis, par leurs peuples parce qu’ils misent sur un soutien étranger pour assurer leur stabilité. À ce propos d’ailleurs, a ajouté le ministre libanais, il est connu que la Syrie est un facteur de stabilité, et pas le contraire, dans la région. Par voie de conséquence, toute tentative de déboussoler, ou de déboulonner, le régime syrien provoquerait une déferlante de secousses au Moyen-Orient, qui deviendrait une proie encore plus facile pour le terrorisme et pour les extrémistes. Le ministre libanais conclut que les USA ont intérêt à entretenir de bonnes relations avec le régime syrien. Et non pas à en exiger l’impossible. Afin qu’il reste fort, pour aider à combattre le terrorisme. Et pour contribuer à stabiliser la région. Mais la personnalité américaine rencontrée n’a pas été convaincue par ce plaidoyer libanais en faveur de la Syrie. Elle a répondu en substance que, depuis la guerre du Vietnam, il n’est plus possible de faire chanter l’Amérique par l’intimidation ou le terrorisme. Nul, a dit ce cadre, ne doit penser que des actions comme il s’en est produit contre nous en Somalie ou dans les années quatre-vingt au Liban, peuvent nous faire fléchir. Au contraire, en cas de provocation manifeste, les USA sont prêts à riposter au centuple par des méthodes violentes. Et d’affirmer ensuite que le président Assad a tort de qualifier de résistance les développements en Irak. Tout comme il se trompe en soutenant que les USA ont échoué dans ce pays, qu’ils n’ont pas réussi à y implanter la démocratie et que leur présence y constitue une occupation. Pour la personnalité US citée, cette position du chef de l’État syrien traduit bien plus un esprit d’antagonisme qu’une quête d’entente. D’autant que si les Américains demandent à la Syrie de ne pas s’immiscer dans les affaires intérieures irakiennes d’une manière négative, c’est pour en attendre qu’elle aide activement au traitement du problème que ce pays pose à tous. Cela dans l’optique de Bush qui considère que qui n’est pas avec les USA est contre eux. Il reste, pour nous, le principal : les sanctions US contre la Syrie, les tiraillements accentués entre ces deux puissances, risquent-ils d’avoir un impact sur la scène locale ? Washington classe-t-il définitivement le Liban comme un partenaire indissociable de la Syrie, surtout s’il l’aide à atténuer les effets des sanctions ? Il est possible que non, étant donné la portée réduite de ces mêmes sanctions. En tout cas, la réponse reste dans les jours à venir. Émile KHOURY
Quelque temps avant que Bush ne paraphe l’ordre de sanctions frappant la Syrie, un ministre libanais avait démarché une personnalité américaine à Washington. Pour tenter de la convaincre que la voie suivie contre Damas constituait une erreur rendant pour les USA les choses encore plus difficiles. Dans une région déjà sous haute tension. Ce ministre a repris l’argumentaire...