MUNICIPALES - Joumblatt reçu par Nasrallah, hier, après Berry Amal et le Hezbollah se dirigeraient vers une bataille, mais en douceur

La compétition électorale entre le mouvement Amal et le Hezbollah continue d’inquiéter les milieux politiques, notamment après la victoire du parti de Dieu dans la banlieue-sud de Beyrouth et surtout à la Békaa où ce dernier a marqué une avancée subtantielle par rapport à son rival chiite. Afin d’éviter au Liban-Sud le même scénario lors de l’échéance municipale du 23 mai, où une confrontation entre les deux formations pourrait être lourde de conséquences, les « médiations » entreprises depuis quelques jours par le chef du PSP, Walid Joumblatt, et le chef des renseignements syriens au Liban, Rustom Ghazali, se sont poursuivies hier pour rapprocher les points de vue entre les deux formations. Des initiatives qui semblent avoir abouti à une forme de compromis entre les deux protagonistes que M. Joumblatt a qualifiée « d’entente minimale ». Ce dernier, qui s’est rendu auprès du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a affirmé à l’issue de la réunion avoir « décelé » chez ce dernier « de sérieuses dispositions pour parvenir à une entente minimale là où cela est possible, tout en prenant en considération le contexte propre à chaque village ou localité. Cela ne peut qu’assainir le climat général », a précisé le leader druze. « Les municipales diffèrent des élections parlementaires. Au sein d’un même parti nous trouvons parfois des divergences qui sont dues à des rivalités familiales, d’où l’importance de traiter cette question avec précaution», a-t-il dit. Le chef du PSP a en outre insisté sur l’importance de la résistance qui, aussi bien au Liban-Sud, en passant par Damas, pour finir en Irak et en Iran, « constitue les maillons d’une même chaîne ». De son côté, cheikh Nasrallah a affirmé que son parti a donné des directives à ses représentants au Liban-Sud pour « œuvrer à l’entente dans chaque ville ou village. Si cela s’avère difficile dans certaines localités, le scrutin devrait normalement se dérouler dans le cadre d’une compétition démocratique et sereine, loin des tensions et des tiraillements ». Le secrétaire général a rappelé que son parti place cette consultation dans son cadre local et développemental et « refuse qu’elle soit à l’origine de dissensions entre les frères d’un même camp national et résistant », en s’engageant à poursuivre les efforts en vue de consacrer cette entente. Pour sa part, M. Ghazali a reçu hier le chef du Parlement Nabih Berry à déjeuner, avec lequel il a évoqué l’échéance municipale. Des sources informées ont affirmé que M. Ghazali a rappelé la position de Damas exhortant les deux formations chiites à parvenir à un consensus. Dans le cas contraire, les deux partis devraient œuvrer à rendre la compétition moins ardue et à éviter une bataille à l’instar de celle qui a eu lieu à Baalbeck, aurait conseillé M. Ghazali, selon la source précitée. De son côté, le secrétaire régional du Baas syrien, Assem Kanso, a mis l’accent sur le caractère « fraternel », de la compétition électorale qui a opposé dans la Békaa le Hezbollah au mouvement Amal, rappelant que les deux formations « militent pour une cause commune ». M. Kanso s’exprimait lors d’une réunion du commandement du mouvement qui a appelé ses partisans au Liban-Sud à déployer tous les efforts possibles pour parvenir à une entente électorale notamment entre le Hezbollah et Amal, louant au passage les démarches entreprises par M. Ghazali. Par ailleurs, M. Joumblatt s’est rendu au siège de la Jamaa islamiya, à Aïcha Bakkar, où il s’est entretenu avec le secrétaire général du mouvement, Fayçal Mawlawi, en présence notamment du responsable dans la région de l’Iklim el-Kharroub, et de Salam Saad, président sortant de la municipalité de Barja, une localité où les partisans du chef druze ont été évincés par les islamistes lors du dernier scrutin. En réponse à la question d’une journaliste, M. Joumblatt a indiqué avoir affirmé aux dirigeants du mouvement islamiste « qu’il y a eu un mauvais calcul de la part de certains responsables du PSP dans la région de l’Iklim el-Kharroub, qui n’est nullement dû à une décision émanant du commandement central du parti ». « Nous menons avec la Jamaa, un seul et même combat visant à préserver la résistance nationale », a encore précisé M. Joumblatt.