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Et maintenant, la balle et la responsabilité sont dans le camp loyaliste...

Quand on y pense, quelle période troublée et difficile le Liban traverse ! Il y a sept semaines exactement, l’amendement prorogatif. Puis, quatre séances Lahoud-Hariri qui n’ont rien donné. Enfin, cette déclaration de l’Onu qui semble avoir sonné le glas du gouvernement. Et la vraie-fausse surprise d’un Hariri qui renonce. Au bout d’intenses mais vaines concertations, à visage découvert ou en secret, avec les parties locales. Ce premier épilogue a une cause directe : la volonté du président Lahoud de mettre un terme immédiatement aux atermoiements. Volonté transmise mercredi au président Hariri par le président Berry, à l’issue d’un entretien avec le chef de l’État. Avec une précision en prime : la Syrie ne compte pas intervenir pour régler le différend. Autrement dit, il n’y a pas moyen de sortir de l’impasse, du côté haririen. D’où la décision abrupte de déclarer forfait. En réponse, encore un détail à préciser, à une injonction émanant de Baabda d’indiquer sans tarder si l’on accepte de revenir aux conditions posées. Ou si l’on préfère ouvrir la voie à d’autres. Option aussitôt retenue et annoncée par Hariri. Avec une conclusion qui retentit comme un redoutable avertissement. Des adieux confiant à la Providence un pays voué, en sous-entendu assez clair, à de dures épreuves. Bien entendu, la crise est issue de l’impossibilité congénitale d’entente entre les tenants du système. Les présidents Lahoud et Hariri ne sont pas parvenus à se mettre d’accord ni sur la nature du cabinet (politique ou technocratique), ni sur sa composition (avec ou sans centrage sur les partis), ni sur la répartition des portefeuilles, ni sur les noms. Ni, surtout, sur la teneur de cette loi électorale que le gouvernement est appelé à fabriquer en priorité absolue, les législatives étant déjà aux portes. Il y a eu bien d’autres litiges. Comme celui relatif aux Conseils et caisses (on pense au CDR cher à Hariri), que le président Lahoud souhaite supprimer. Il y a eu, aussi, la grogne de Berry, mécontent de ce que Hariri envisageait de lui donner et qui a activement poussé à la roue pour le départ du milliardaire. Dont l’une des motivations les plus puissantes, par rapport à son retrait, aura été cependant l’échec essuyé du côté de l’opposition, de Kornet Chehwane ou de Joumblatt. Il n’a en effet pas réussi à les convaincre de participer, même indirectement par le biais de personnalités proches. Loin d’adhérer à l’idée d’un prétendu cabinet d’union nationale, les opposants ont été jusqu’à confirmer qu’ils allaient bouder même les consultations parlementaires dites impératives. Joumblatt précisant à ce propos que cette procédure n’est que pure mascarade, que la désignation effective ou la formation du gouvernement sont préfabriquées. De plus, alors que le régime proclamait qu’il tendait la main à tous et prônait le dialogue national, les lahoudistes continuaient à attaquer Hariri. Lui imputant la dégradation politique et la récession économique, ainsi que l’accroissement de la dette publique. Allant même jusqu’à lui reprocher de faciliter le gaspillage et la corruption, en lui enjoignant de changer complètement de méthode, pour qu’on puisse coopérer avec lui. En même temps, on faisait courir le bruit que sept ministres pourraient démissionner en bloc, pour pousser le président du Conseil à démissionner. Hariri a pris tous ces messages au pied de la lettre. Puisqu’on veut le sortir du jeu, il s’incline, laissant aux autres la responsabilité des conséquences. Dont les retombées du constant durcissement américain. On sait en effet que des demandes répétées sont faites par des congressmen à la Maison-Blanche afin de geler les avoirs aux States des dirigeants ou notables libanais inféodés à la Syrie. L’ambassadeur américain Jerry Feltman a certifié ces requêtes. Leur donnant du poids par sa déclaration même, bien qu’il ait précisé que cela reste au stade des idées. Le diplomate a renchéri, dans le sens des pressions, en donnant lecture, à l’issue de son entrevue avec Hariri, d’un texte soulignant que les États-Unis et leurs partenaires sont essentiellement concernés par la 1559. Qu’ils souhaitent voir un Liban indépendant, entretenant des liens positifs avec ses voisins. Des relations diplomatiques (détail important) fondées sur le respect mutuel, sur la non-ingérence dans les affaires intérieures. Un Liban doté d’un gouvernement capable de prendre ses décisions tout seul, loin de toute immixtion étrangère, et représentant vraiment la volonté du peuple libanais. L’ambassadeur français, Philippe Lecourtier, n’a pas manqué lui non plus de visiter Hariri. Et de réitérer les constantes françaises répercutées par la 1559. Cela étant, Hariri affirme (pour le moment) qu’il ne compte pas rejoindre l’opposition. En précisant qu’il ne comptera pas non plus dans les rangs du camp loyaliste. Selon ses proches, il devrait favoriser la promotion d’un centre élargi. Qui continuerait, essentiellement, à ne pas indisposer la Syrie. Sur le plan intérieur, concluent ces sources, Hariri va s’efforcer d’aider à soulager les difficultés des Libanais, et de limiter les dégâts des tempêtes intérieures et extérieures. Philippe ABI-AKL

Quand on y pense, quelle période troublée et difficile le Liban traverse ! Il y a sept semaines exactement, l’amendement prorogatif. Puis, quatre séances Lahoud-Hariri qui n’ont rien donné. Enfin, cette déclaration de l’Onu qui semble avoir sonné le glas du gouvernement. Et la vraie-fausse surprise d’un Hariri qui renonce. Au bout d’intenses mais vaines concertations,...