Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Laissés à eux-mêmes, les dirigeants locaux s’emmêlent les pinceaux Entre initiatives et reniements, la confusion bat son plein

La « libanisation » de l’échéance gouvernementale n’est pas un franc succès, tant s’en faut. Les dirigeants du cru ne parviennent pas à s’entendre. Les rencontres genre troïka n’ont produit que des contradictions. Dont la moindre n’est pas la soudaine découverte, par Berry, que ces contacts ne sont rien d’autre qu’une super-hérésie constitutionnelle.Il s’en est aperçu, comme par hasard, seulement quand Kornet Chehwane en a fait la remarque. Hariri en rajoute une louche, dans le même sens, lui qui a été naturellement au cœur même de ces concertations. Il rejette la faute, c’est bien commode, sur les médias. Qui ont présenté les choses, à l’en croire, comme étant d’ordre pratique, visant à la formation même du nouveau gouvernement, alors qu’elles ne sont qu’informelles. On se demande ce qu’il aurait dit, si ces contacts avaient réussi et qu’il avait pu annoncer la composition de son nouveau cabinet. L’aveu soudain, ou plutôt le désaveu, des responsables en étonne plus d’un. Car, après tout, il est normal, il est même fortement recommandé, que des ponts soient jetés avant que l’on ne passe à la phase active de la formation d’un nouveau gouvernement. Les dirigeants, dans une phase délicate de transition, de mutation, ne doivent pas rester les bras croisés, à attendre que les choses se mettent en place d’elles-mêmes. En évitant de se concerter, en se boudant les uns les autres, ils auraient couru tout droit à une crise de pouvoir certaine, selon ces professionnels. D’autant, ajoutent-ils, que la période est marquée par de fortes pressions extérieures, via la 1559. Cette épée de Damoclès, les dirigeants n’en ont pas parlé entre eux, car cela ne servirait à rien. Mais ils n’ont sans doute jamais cessé d’y songer, chacun à partir de sa propre position, de sa propre opinion sur ce sujet crucial. La 1559 peut donc être considérée comme un élément capital dans le dossier de la formation d’un nouveau gouvernement libanais. Qui devra, à l’instar de Damas, ou se dresser contre les USA et la France ou composer avec ces puissances. L’opposition marque des points Quoi qu’il en soit, dans la confusion où baignent manifestement les responsables, l’opposition marque des points. Ainsi, c’est sans doute la crainte de voir les 29, qui ont dit non à l’amendement constitutionnel, boycotter les consultations parlementaires qui a poussé Berry à donner raison à Kornet Chehwane sur l’irrégularité des concertations précédant la formation du gouvernement. Cependant, il y a des nuances. Un pilier de Kornet Chehwane assure de la sorte que le boycottage des consultations et la non-participation au gouvernement ne signifient pas un boycottage de la politique du président Lahoud. Il ajoute que pour l’opposition, le scénario relevé en face consiste à fabriquer un gouvernement de couverture, un cabinet-paravent. Auquel, bien entendu, il n’est pas question d’adhérer. Une comédie de plus dans la longue série qui a suivi Taëf, les gouvernements naissant par césarienne ou par fax. Sans vraie libanité, puisque la plupart des ministres désignés le sont surtout pour leur allégeance aux décideurs. Kornet Chehwane a bien entendu tenu le patriarche informé de sa ligne. En insistant sur la nécessité, si l’on veut vraiment l’intérêt du pays, de former un gouvernement doté d’un programme de redressement effectif. Comme le pouvoir ne s’y résout pas, l’opposition ne voit pas pourquoi elle couvrirait par sa participation une opération ministérielle qui ne serait qu’une mascarade de plus. Retour à Berry. Selon des observateurs avertis, c’est l’échec, ou le retard, des tractations interprésidentielles qui l’a incité à les déclarer peu conformes aux règles constitutionnelles. Si elles avaient réussi, il n’aurait probablement rien trouvé à redire. D’après ces sources, les présidents Lahoud et Berry tiennent à une formule politique élargie de 30, avec les partis, tandis que le président Hariri s’accroche à une formule technocratique de 18. Le compromis envisagé, 24 avec quelques partis, n’a pas marché parce qu’on n’est pas parvenu à se mettre d’accord sur la répartition des portefeuilles ainsi que sur quelques noms. Il faudra voir si les décideurs, qui se mettent actuellement sur la touche et n’interviennent pas, ne vont pas être obligés de le faire, pour dénouer l’écheveau. En tout cas, il est assez clair que le pouvoir préfère aussi attendre de voir ce que le Conseil de sécurité va donner, pour former éventuellement un gouvernement en conséquence. Philippe ABI-AKL

La « libanisation » de l’échéance gouvernementale n’est pas un franc succès, tant s’en faut. Les dirigeants du cru ne parviennent pas à s’entendre. Les rencontres genre troïka n’ont produit que des contradictions. Dont la moindre n’est pas la soudaine découverte, par Berry, que ces contacts ne sont rien d’autre qu’une super-hérésie constitutionnelle.Il...