Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Cabinet - L’écheveau commence à se dénouer Sauf brusque revirement, le Premier ministre ne va pas dételer

Jusqu’à hier, on ne savait pas trop si Hariri allait ou non se récuser. Les chances, ou les risques, paraissaient être fifty-fifty. Et puis, les tractations, notamment avec Lahoud, Berry et les parties influentes, ont débouché sur l’aplanissement de nombre de difficultés. Un accord de principe, encore modifiable ou résiliable, a été conclu, sur base d’une formule dite politique de 24 (extensible jusqu’à 30, en cas de besoin), englobant les partis. Les concertations se poursuivent entre les dirigeants, non seulement sur les détails. Mais aussi, et surtout, sur les fondements, c’est-à-dire sur la nature et le programme du prochain gouvernement. Ainsi que sur les critères de sélection des ministres, en tant qu’individualités propres, en marge donc de leur appartenance politique ou communautaire. Il est convenu, dans ce cadre, de recourir à des figures solides, peut-être sans éclat ou charisme médiatique, mais capables, probes, tout à fait susceptibles d’inspirer confiance à l’opinion. À l’intérieur comme à l’extérieur. Bref, pour l’heure, on se félicite tant à Baabda qu’à Koraytem ou Aïn el-Tineh, du climat positif qui a marqué les pourparlers en coulisses. Des progrès certains ont été accomplis, indique-t-on, en précisant des trois côtés que tout n’est pas encore résolu. L’important, c’est que l’impression d’une rupture imminente, qui prévalait encore la veille, a été dissipée. Il semble donc exclu que Hariri se récuse, du moins si l’on en croit les témoignages fournis hier. Les points qui restent à régler pourraient cependant constituer des embûches décisives. Sauf que dans l’entourage de Baabda, comme de Koraytem, on tient désormais à souligner que l’esprit de coopération ira le plus loin possible, des deux côtés, pour éviter toute impasse et toute crise. Il reste que, devant ses visiteurs, le chef de l’État continue à répéter que dorénavant, le pays sera gouverné par une équipe de travail homogène. Donnant la priorité aux besoins et aux revendications de la population. Il redit que l’édification de l’État ne peut se faire en base d’arrangements servant les intérêts particuliers plutôt que ceux de l’État et du peuple. Il assure que l’on entre dans une ère de primauté de la loi, d’arrêt du gaspillage, de lutte contre la corruption, de renforcement du rôle d’une magistrature indépendante comme des organismes de contrôle. Et il réaffirme, en substance, que le pays ne peut plus supporter des pratiques courantes qui ont provoqué de bien dures épreuves. Scepticisme De pareils propos sont jugés par les opposants comme constituant un message assez clair du président Lahoud à l’adresse du président Hariri. Ils en déduisent que, malgré l’optimisme manifesté par les loyalistes toutes tendances confondues, il n’est pas si certain que les dirigeants s’entendent aussi facilement que cela, pour former le nouveau gouvernement. D’autant, indiquent-ils, que selon les échos répercutés par nombre de responsables, c’est en apparence le chef de l’État qui définit les orientations, comme les critères de sélection. Donc qui a l’air de mener le jeu. Les opposants se demandent dès lors si Hariri va, selon leur expression, « se laisser faire aussi gentiment », sans ruer dans les brancards ni poser des conditions déterminées. Sans compter, ajoutent les opposants, que Berry de son côté ne se montre pas passif, tant s’en faut. Il élève le plafond des revendications, en exigeant la représentation des partis et l’élargissement du cabinet à 30. De même, il s’accroche à certains noms. Et recommence à lorgner du côté des Finances. À ce propos, il accepterait de laisser ce département à Hariri, mais à Hariri lui-même, en personne ; et à condition que le ministre délégué (comme ce fut le cas précédemment avec Siniora) relève cette fois de Berry et non plus du chef du gouvernement. Face à ces demandes, Hariri négocie en souplesse, parce qu’il ne veut d’affrontements avec personne. Mais il fait en même temps savoir qu’il ne cédera pas d’un pouce sur les principes qui lui importent. Il veut des ministres fiables, politiquement ou du côté du savoir-faire technique. Il invite donc les parties prenantes politiques à ne lui présenter que le dessus du panier, la crème de leurs cadres. En précisant, à l’adresse des partis, qu’ils seraient sans doute bien inspirés de ne pas présenter de nouveau les mêmes candidatures, étant donné le peu de brio, en général, des éléments déjà essayés. Cependant, les discussions en cours visent à prohiber l’usage du veto. Et inversement, les chasses gardées, côté répartition des portefeuilles. La tendance, du reste normale, est de confier les départements des services à des techniciens avertis. Pour que le cabinet soit productif, Hariri préfère le limiter à 24. Sans aucun ministre qui constituerait un défi pour quiconque. Il cherche même à ce qu’il y ait des personnalités réputées proches de Kornet Chehwane ou du bloc Joumblatt, sans en faire partie puisque l’opposition refuse d’entrer au cabinet. Il ne souhaite pas qu’il y ait 6 ou 7 ministres d’État en sus, mais éventuellement un seul. Il veut évidemment pour lui les Finances. Toujours est-il que, manifestement, les responsables tentent de gagner du temps, en attendant de voir quelle résolution va prendre le Conseil de sécurité de l’Onu. Pour former le nouveau gouvernement en base des données qui leur seraient offertes. C’est ce que notent des politiciens qui répètent, en conclusion, que Hariri ne compte pas dételer, mais bien se succéder à lui-même au Sérail. Philippe ABI-AKL
Jusqu’à hier, on ne savait pas trop si Hariri allait ou non se récuser. Les chances, ou les risques, paraissaient être fifty-fifty. Et puis, les tractations, notamment avec Lahoud, Berry et les parties influentes, ont débouché sur l’aplanissement de nombre de difficultés. Un accord de principe, encore modifiable ou résiliable, a été conclu, sur base d’une formule dite...