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Actualités - OPINION

Les émigrés nous écrivent

Les surprises du retour au pays Le pèlerinage que constitue le retour annuel au pays pour une période de vacances débute par la mauvaise surprise que représente le prix du billet d’avion. À l’arrivée, le chemin de croix continue lorsqu’on essaie de trouver une voiture de location à un prix décent. C’est alors que l’on constate, à sa grande surprise, que les catégories A et B, ou petites voitures, ne sont pas disponibles et qu’il ne reste que des automobiles à partir de 300 dollars la journée. Nous avons pensé à rapatrier de France notre voiture, qui a six ans d’âge et qui, en Europe, n’a plus de cote officielle (elle vaut l’équivalent de 4 500 dollars). Fort heureusement, j’ai pris la peine de me renseigner sur les frais de douane. Figurez-vous qu’un tarif minimum de  4 500 000 livres libanaises est imposé pour toute voiture entrant en territoire libanais, même si elle est classée VGA (voiture gravement accidentée). C’est là un exemple de plus de la politique commerciale de nos gestionnaires et économistes, qui encouragent ainsi les gens à continuer à rouler dans des véhicules poubelles qui représentent de plus un danger permanent. Je tiens à préciser que la plupart des pays exemptent les automobiles personnelles acquises depuis plus de six mois des frais de douane ou, au pire, imposent des taxes symboliques.G . MEHANNA France La dette du départEn 1987, j’avais 14 ans, beaucoup d’illusions, de regrets et je quittais le pays de mes ancêtres. Souvenez-vous : à l’époque, il fallait, à partir de Jounieh, prendre un bateau qui vous déposait à Chypre, et de là… Quatorze années plus tard, j’hésite, balançant entre mes impressions premières et mes angoisses quant au devenir. L’invasion du béton a atteint la mer et je découvre tous ces maux dont continue de souffrir mon pays. À l’étranger, ce n’est guère mieux : à Paris, nombre de mes compatriotes logent dans le 16e arrondissement ; en Afrique, on les déteste pour leur racisme et les innombrables abus qu’ils commettent à l’encontre des Noirs. Et quand je retourne au Liban, je constate que le pays est devenu un mélange de béton et de goudron. L’espace de quelques semaines, je dois m’acquitter de cette dette qu’aura représentée, aux yeux de ceux qui sont restés, mon départ…Adonis MAGHREBI Paris Conseils aux jeunes Durant la guerre de 1975-1990, j’avais refusé de quitter le pays, espérant que le jour viendra où des hommes politiques accéderont au pouvoir et répareront tout le mal qui a été fait. J’avais tort et cela m’a coûté ma jeunesse. Finalement, je suis parti en 1993, à l’âge de 30 ans, parce que je ne pouvais pas me payer le luxe d’attendre plus longtemps pour fonder un foyer. Les événements m’ont donné raison. Si j’étais resté, aujourd’hui à l’âge de 41 ans, je me serais retrouvé sans emploi et n’ayant toujours pas de vie de famille. Je me permettrais de donner aux jeunes de mon pays un conseil : ne vous battez pas pour la liberté, l’indépendance ; ne mettez pas votre vie en danger, cela n’en vaut pas la peine ; ne croyez pas vos hommes politiques, même s’ils font partie de « l’opposition ». Dressez une liste de ceux-là : ce sont les mêmes qui demeurent en place, ou encore leurs enfants, qui avaient fait mille et une promesses à ceux de ma génération. Et tirez-en la seule conclusion qui s’impose.Georges BOU CHAMOUN Canada Que Dieu vous vienne en aide ! J’appartiens à une catégorie de citoyens que l’on appelle les Américains de la première génération. Mon père est venu aux États-Unis en 1970 et, chaque année, il se faisait un devoir de visiter son pays d’origine. Il y a peu, je l’ai entendu pour la première fois dire qu’il n’y retournera plus jamais. Il semblait dégoûté par la manière dont venait de se dérouler l’opération de reconduction du mandat du président.  Moi-même je ne m’intéresse pas à la politique, mais j’estime qu’une Constitution doit être respectée. Que Dieu vous vienne en aide !Bernard BOUEIRI Orlando – Floride Libanais et FrançaisUne question me hante : savez-vous si mon lien de parenté (grand-mère libanaise) me permet de demander la double nationalité ? Ma motivation, vous vous en doutez, n’est pas intéressée au sens professionnel du terme, mais simplement au sens affectif. En effet, une lutte d’identité existe en chaque être qui a des origines multiples. Certes, je suis de nationalité française, mais mon cœur est et restera libanais. Ma démarche peut paraître quelque peu paradoxale, à l’heure où de nombreux Libanais cherchent à s’expatrier et à obtenir un visa ou une autre nationalité. Chez moi, c’est l’inverse. L’obtention de la nationalité libanaise ne représenterait peut-être pas pour moi la fin de cette lutte, mais en tout cas la victoire du cœur...Éric BRUGGEMAN HADDAD FranceIl est probable que le fait d’avoir une grand-mère libanaise est de nature à constituer un petit « plus » dans les pièces d’un éventuel dossier de demande de naturalisation. Pourquoi ne pas essayer ?...La risée du mondeJe suis un jeune Libanais qui réside à l’étranger, et je souhaite dire à haute voix ce que beaucoup (?) de Libanais pensent. Quelle honte ! Le monde entier – même la Syrie – se moque de nous, car nous n’avons aucun respect pour nous-mêmes. Il faudrait changer tous ces politiciens qui sont à la solde de la Syrie. Pourquoi à chaque discours faut-il mentionner nos liens privilégiés avec ce pays ? Ne se rendent-ils pas compte à quel point ils sont ridicules ? Que c’est triste de voir à quel point l’être humain est corrompu et ne pense qu’à ses intérêts personnels... Aucune dignité, aucun sursaut de patriotisme.  Bravo pour les rares ministres qui ont demissionné! Quant aux autres, qui constamment changent d’avis et de discours afin de se maintenir au pouvoir...Marc T. France Le temps presse Les gens qui défendent la démocratie et la souveraineté de leur territoire sont-ils tous acquis au projet impérialiste et sioniste ?  Le bourrage de crâne ne marche qu’avec les faibles, et nos dirigeants sont en passe de réussir leur pari : ramener le Liban à un stade de pauvreté encore rarement vu dans ce pays.  En une décennie, l’Iran a connu sous le chah, à la veille des années 70, un développement qui fait figure de référence. Nous faisons exactement le contraire : en dix ans, nous avons perdu toute notre superbe et jamais la population ne s’est sentie aussi mal, jamais elle n’a été aussi opprimée, jamais elle n’a été aussi négligée. Le temps passe, le peuple se décourage et n’éprouve chaque jour, et de plus en plus, que honte et dégoût. L’identité et la culture libanaises reprendront le dessus quel que soit le prix à payer. Johnny TOPALIAN Vigneux-sur-Seine  FranceNDLR Dans le nombreux courrier que nous recevons quotidiennement, certaines lettres comportent des passages qui seraient difficilement publiables. Pour cette raison, et aussi afin de faire paraître le plus grand nombre possible de lettres, le journal se réserve le droit de n’en reproduire que les parties les plus significatives. En outre, chaque missive doit comporter la signature (nom et prénom) de son auteur. Les lecteurs, nous en sommes certains, le comprendront, ce dont nous les remercions par avance.
Les surprises du retour au pays
Le pèlerinage que constitue le retour annuel au pays pour une période de vacances débute par la mauvaise surprise que représente le prix du billet d’avion. À l’arrivée, le chemin de croix continue lorsqu’on essaie de trouver une voiture de location à un prix décent. C’est alors que l’on constate, à sa grande surprise, que les...