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Actualités - REPORTAGE

Complot - Trois Libanais et sept Britanniques sont impliqués dans l’affaire Pour quelques dollars de plus, un coup d’État raté en Guinée-Équatoriale et des problèmes diplomatiques

Ce n’est pas un roman, ni un film d’espionnage de seconde catégorie. Mais une réalité mouvementée, qui pourrait être drôle si les enjeux n’avaient pas été aussi importants. Le lieu : la Guinée-Équatoriale, un pays de quelque 500 000 habitants, devenu brusquement très intéressant pour les amateurs d’argent facile, depuis que, il y a quatre ans, du pétrole y a été découvert. Devenu le troisième producteur d’or noir en Afrique subsaharienne, ce pays suscite les appétits des aventuriers habitués aux régimes paravents mis en place pour pouvoir faciliter leurs affaires et arrondir leurs bourses. Les acteurs : une poignée de spécialistes des pays d’Afrique, décidés à profiter de toutes leurs richesses... En mars dernier, la Guinée-Équatoriale a été ainsi le théâtre d’un coup d’État manqué qui a fait des victimes, certes, mais qui a surtout entraîné des complications judiciaires, les cerveaux du complot étant des Anglais, « très chics » dit-on, et surtout des Libanais. C’est d’ailleurs la raison de la visite à Beyrouth du ministre des Affaires étrangères et du procureur général de la Guinée-Équatoriale, qui cherchent à pousser l’État libanais à prendre les mesures nécessaires contre leurs citoyens impliqués dans le complot. Lorsque « Smelly » entre en scène En fait, ce serait même un Libanais qui serait le véritable cerveau de l’opération. Ayant pour nom de code « Smelly » (on dirait un roman de John Le Carré), sa véritable identité sera divulguée aujourd’hui, au cours d’une conférence de presse que donneront les deux responsables guinéens à l’hôtel Mövenpick. En attendant d’avoir son identité complète, nous avons pu savoir que le fameux « Smelly » est un homme très fortuné qui partage son temps entre Londres et Beyrouth. Selon les informations recueillies auprès des membres de la délégation guinéenne, il aurait justement fait le gros de sa fortune en Afrique, dans des coups fumeux du même genre. Et là, il aurait choisi de mettre en place un gouvernement fantoche afin de pouvoir s’approprier la quasi-totalité des contrats de pétrole de ce pays. Il aurait ainsi mis au point un plan avec deux complices libanais et sept britanniques, dont Mark, le fils de l’ancien Premier ministre Margaret Thatcher – surnommé « Scratcher » à cause de ses boutons d’acné qui le pousseraient à se gratter fréquemment le visage – et Simon Mann, lui aussi très chic et très fortuné, sa famille s’étant enrichie dans la bière. Il s’agissait notamment d’installer en Guinée équatoriale un gouvernement présidé par M. Severo Motto qui vit en exil en Espagne et qui a formé là-bas une sorte de gouvernement en exil, sans aucune légitimité puisqu’il n’a jamais été élu. Un scénario classique, mais l’échec au bout du compte « Smelly » et ses complices ont donc acheté un avion spécial et des armes pour exécuter le coup d’État, qui a été fixé au 7 mars 2004. Toutefois, les événements ne se sont pas déroulés comme ils le souhaitaient et l’équipe en place a réussi à déjouer le complot. Quinze personnes ont été arrêtées en Guinée et y sont actuellement jugées et 90 autres, surtout des militaires, se sont réfugiées au Zimbabwe, où elles sont également emprisonnées et jugées, notamment Simon Mann, qui a écopé d’une peine de sept ans de prison. Les six autres Britanniques, dont « Scratcher », font l’objet d’une enquête sérieuse de la part de la justice londonienne. Restent les trois Libanais qui, apparemment, courent toujours. Accompagné du procureur général guinéen, le ministre des AE, Pastor Micha Oudo Bile, est donc arrivé à Beyrouth pour tenter d’obtenir l’arrestation des Libanais ou en tout cas leur transfert devant la justice. Les responsables guinéens n’ont pas voulu, hier, divulguer de noms, préférant maintenir le suspense jusqu’à aujourd’hui, en faisant une annonce spectaculaire au cours d’une conférence de presse. On saura donc enfin qui est « Smelly » et s’il a d’autres affaires sur le dos. Mais il faudra attendre un peu plus longtemps pour connaître la réaction des autorités libanaises et leur disposition à coopérer avec la Guinée-Équatoriale. Après tout, il n’y a sans doute aucun accord d’extradition entre les deux pays et les Guinéens ne réclament d’ailleurs pas de juger chez eux les personnes impliquées dans le complot. Mais les démarches ne s’avèrent pas faciles, d’où la détermination des responsables guinéens à médiatiser l’affaire. Après tout, « Smelly », « Scratcher » et leurs compagnons ont failli compromettre l’avenir de leur pays... Scarlett HADDAD

Ce n’est pas un roman, ni un film d’espionnage de seconde catégorie. Mais une réalité mouvementée, qui pourrait être drôle si les enjeux n’avaient pas été aussi importants. Le lieu : la Guinée-Équatoriale, un pays de quelque 500 000 habitants, devenu brusquement très intéressant pour les amateurs d’argent facile, depuis que, il y a quatre ans, du pétrole y a...