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Actualités - OPINION

Ampère tranquille

L’Électricité du Liban en capilotade ! Et un Office de plus, un ! que cette République de poche a fini par transformer en poubelle... Dans un monde agité par les privatisations et la libéralisation des marchés, nous serons bientôt les seuls à entretenir un État ringard, vautré dans l’autosatisfaction sécuritaire et le gargarisme des impératifs stratégiques, davantage préoccupé à se goinfrer de taxes qu’à gérer convenablement les quelques casseroles dont il pense tirer sa puissance. Après les lumières diplomatiques d’Issam Féroce et de Janus Obeid, qui nous ont valu la gamelle mémorable du rapport Annan, place à l’obscurité façon Yoyo Hmayed dont les qualités d’éteignoir ne brillent que dans le rationnement du jus. Coiffant l’EDL ampère tranquille, on ne voit pas grand- chose surnager de son bilan. Avec lui, les Libanais auront tout expérimenté : le fuel assaisonné au soufre dont même Sukleen ne voudrait pas pour récurer ses cuves, les bateaux-citernes affrétés par les copains et les coquins puis disparaissant dans la nature, la mendicité régulière pour des avances du Trésor public... Les voies de l’électron libanais sont impénétrables. Partout ailleurs dans les sociétés normales, la production, la distribution et la gestion du courant électrique se font dans l’indifférence du public et le ronron rassurant des machines. Pourquoi faut-il que chez nous seulement il y ait toujours : des histoires d’isolants haute tension ratatinés par l’humidité, de sacs-poubelle grippant les turbines des centrales, de calculs abscons d’indice de viscosité de carburant frelaté, de branchements illicites d’abonnés qui préfèrent s’électrocuter gratis... Y a pas à dire, l’histoire des technologies mondiales retiendra deux événements : quand Thomas Edison inventa la lampe à incandescence et Ayoub Hmayed les étincelles. Et puis d’autres images plus poétiques encore : celle de croisières maritimes improbables à bord de tankers mazoutés, que la population attend avec angoisse et dont elle suit le trajet nœud après nœud. – « Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? ». – « Non, duchesse, rien. Juste l’électricité qui trembloie et Ayoub qui merdoie. » Gaby NASR
L’Électricité du Liban en capilotade ! Et un Office de plus, un ! que cette République de poche a fini par transformer en poubelle... Dans un monde agité par les privatisations et la libéralisation des marchés, nous serons bientôt les seuls à entretenir un État ringard, vautré dans l’autosatisfaction
sécuritaire et le gargarisme des impératifs stratégiques,...