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Actualités - OPINION

Beyrouth doit se focaliser sur la 1559 plutôt que sur le rapport d’Annan

Selon des professionnels de la diplomatie, c’est une pure perte de temps que de s’arrêter au rapport Annan pour y répondre. À leur avis, le Liban et la Syrie feraient bien mieux de se focaliser sur la 1559, qui risque de donner naissance sous peu à une suite encore plus dure. Il faudrait donc réunir très vite le Conseil supérieur libano-syrien qui, après tout, a été créé pour de pareilles occasions. Ou alors tenir, aussi vite, un sommet bilatéral de coordination. En effet, le rapport Annan a fidèlement rapporté les remarques émises par la Syrie et par le Liban. Si l’on entreprend de le discuter, on doit aborder sa partie historique. Entrer dans des détails relatifs, par exemple, aux massacres de Sabra et Chatila en 1982. Ce qui ouvrirait la voie à d’autres évocations désavantageuses. Comme le rappel des multiples demandes écrites présentées par les autorités libanaises pour le départ de la Force arabe de dissuasion, réduite au seul contingent syrien. Ces requêtes avaient été diligentées successivement par les présidents Sarkis et Gemayel ainsi que par le général Michel Aoun. Or, Annan a fait au Liban officiel le cadeau de ne pas mentionner ce fait, et il est inutile de le titiller, car la mémoire pourrait lui revenir. Pour ces mêmes spécialistes, le Liban et la Syrie doivent cesser de soutenir qu’il y a ingérence de la part de l’Onu. Et, surtout, de se référer au pacte de Taëf comme régissant des relations d’une nature purement bilatérale. Car ce pacte, le Conseil de sécurité est bien placé pour savoir qu’il est d’ordre tout à fait international, puisque lui-même l’a cautionné par une proclamation officielle. Dès lors, précisent-ils, il ne reste qu’une chose à faire: annoncer que l’on est prêt à discuter avec Annan sur les moyens à mettre en œuvre pour donner corps à la 1559. En engageant en même temps une campagne diplomatique de persuasion auprès des membres du Conseils de sécurité, afin de les porter à faire montre de compréhension à l’égard des circonstances du Liban et de la Syrie. Dans l’espoir, aussi, qu’éventuellement l’un ou l’autre des cinq Grands userait de son doit de veto contre un projet de résolution défavorable aux deux pays. De plus, ajoutent ces sources, on peut tenter de gagner du temps, beaucoup de temps, à travers l’élaboration d’un calendrier programme de repli syrien sur la Békaa. En pratique, on lierait le retrait total à la restitution de Chebaa par l’occupant israélien. À ce propos, cependant, pour que le Liban puisse récupérer cette enclave, il lui faut prouver qu’elle lui appartient effectivement, et non à la Syrie, ce qui n’est pas facile juridiquement. Toujours est-il que, sur le plan pratique ou réaliste, il est peu probable que la communauté internationale accepte que le retrait syrien du Liban soit lié au retrait israélien du Golan. Et encore moins à la conclusion d’un traité de paix définitif dans la région. De même, pour ce qui est de la dissolution des milices, exigée par la 1559, le Liban pourrait faire valoir que la Résistance, dont le Hezbollah est la colonne vertébrale, cesserait d’elle-même une fois que tout le territoire aurait été libéré de l’occupation israélienne. En attendant, et pour respecter les formes, la Résistance serait légalisée en étant déclarée comme corps auxiliaire de l’armée libanaise. Quant aux camps palestiniens, on soulignerait que leur statut, comme leur sort, est lié au dossier des refugiés et au droit de retour. Dossier dont le traitement concerne l’Autorité palestinienne et Israël, qui doivent le négocier en premier lieu. Émile KHOURY
Selon des professionnels de la diplomatie, c’est une pure perte de temps que de s’arrêter au rapport Annan pour y répondre. À leur avis, le Liban et la Syrie feraient bien mieux de se focaliser sur la 1559, qui risque de donner naissance sous peu à une suite encore plus dure. Il faudrait donc réunir très vite le Conseil supérieur libano-syrien qui, après tout, a été...