Ebl el-Saqi, village témoin du « miracle de la migration »

À l’occasion de la Journée mondiale des oiseaux, célébrée les 2 et 3 octobre de chaque année dans les 107 pays affiliés à la « Bird Life International », Ebl el-Saqi, dans le caza de Marjeyoun, a célébré le week-end dernier « le miracle de la migration ». Le village est en fait considéré comme une route importante pour les oiseaux migrateurs... aussi importante que l’État de Veracruz, au Mexique, comme le précise Mike Evans, expert anglais à la « Bird Life International », qui suggère de jumeler le village libanais à l’État de Veracruz. « Quelque 250 espèces d’oiseaux migrateurs passent chaque année par Ebl el-Saqi, ajoute Mike Evans. La région est importante puisqu’elle permet aux experts d’observer ces espèces, de les étudier et de les répertorier. De plus, il s’agit d’un excellent concept d’écotourisme, qui attirera des milliers de touristes, d’autant qu’il s’agit d’un événement spectaculaire. Les oiseaux passent en fait par centaines. Au total, cinq millions de vertébrés prennent ce chemin deux fois par an. » « Malheureusement, les oiseaux ne sont pas nombreux aujourd’hui, poursuit-il. Cela dépend en fait du vent. C’est le mois de septembre qui est favorable pour la migration. Mais avec un peu de chance, nous pourrons en voir quelques-uns. » Aussi, pour marquer cet événement mondial, la Société pour la protection de la nature au Liban (SPNL) a organisé le week-end, en collaboration avec la Mercy Corps et la USAid, le festival des oiseaux dans ce village de quelque 3 000 habitants. Un événement auquel a pris part le secrétaire général des Nations unies pour le Liban-Sud, Staffan de Mistura, qui a souligné que le Liban-Sud a besoin d’entendre la musique des oiseaux plutôt que le bruit des obus et de voir son espace aérien occupé par ces vertébrés plutôt que par les avions militaires. Le député Ali Osseirane ainsi que des représentants de la Mercy Corps, de la USAid, de la SPNL et des touristes libanais et étrangers étaient également présents. Attractions à l’intention des grands et petits Le festival des oiseaux était marqué par plusieurs activités répondant aux attentes des grands et petits, bien que certains fussent déçus d’avoir manqué le rendez-vous avec les oiseaux de proie qui se sont faits rares. Après des airs interprétés par la fanfare du contingent indien, des tours à l’intention des visiteurs ont été organisés, incluant une visite de la forteresse de Hasbaya (XIIe siècle), du khan de Hasbaya (XIVe siècle), d’un ancien hôpital de Khiam, construit lors de la Seconde Guerre mondiale, qui sera bientôt reconverti en musée, et de la « hima » (zone protégée) de Ibl el-Saqi où sera implanté l’observatoire des oiseaux. Également à l’ordre du jour de ce week-end, un ballet, un spectacle de sons et lumières, la projection d’un film ornithologique de Jacques Perrin, Le peuple migrateur, ainsi qu’un concert de jazz. Diverses activités sur le thème de l’oiseau étaient également organisées à l’intention des enfants : une compétition de peinture et d’autres attractions visant à apprendre à construire des nids, à lancer dans le ciel des cerfs-volants et à résoudre des puzzles géants représentant les oiseaux menacés de disparition, à cause de la chasse. Le projet de l’observatoire des oiseaux s’inscrit dans le cadre d’un projet global, dont le but est de développer sur les plans touristique et écologique l’ancienne zone occupée par les forces israéliennes au Liban-Sud (voir L’Orient-Le Jour du 18 et du 23 août 2004). En ce qui concerne l’aménagement de la « hima » de Ebl el-Saqi, il sera confié à la Lebanese Adventure. « Cette zone du Liban est un sanctuaire pour les oiseaux migrateurs, explique André Béchara, de la Lebanese Adventure. Notre association s’occupera du développement d’activités de plein air dans la région et de la formation de futurs guides et responsables de la “hima”, créant ainsi des opportunités de travail. » La « hima », d’une superficie totale de 38 hectares, comprendra une aire de pique-nique, un centre pour les visiteurs, un kiosque pour vendre les produits locaux de la région et un centre scientifique pour les experts. Un vieux réservoir d’eau sera transformé en un observatoire et un étang de 3 500 m2 sera aménagé pour permettre aux oiseaux de s’abreuver avant de poursuivre leur vol. « Trois circuits seront proposés aux touristes, souligne Serge Soued, de la Lebanese Adventure. Le circuit du lac artificiel qui est facile et accessible aux personnes handicapées, le circuit de la forêt et le circuit des rochers qui sera plus difficile. D’autres attractions sont prévues, notamment à l’intention des élèves. » Ce projet revêt une importance particulière pour les habitants de la région puisqu’il « contribuera à dynamiser l’économie du village ». « En 1965, Ebl el-Saqi a été élu le village exemplaire et comprenait le Musée du paysan libanais, note M. Riad Abou Samra, président du conseil municipal du village. Nous espérons retrouver notre place sur la carte touristique du pays. » N. M.