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Le Liban consensuel ne mourra pas

Parfois, la dimension symbolique d’un acte est autrement plus révélatrice que l’acte en lui-même, quelle que soit l’étendue de sa barbarie. Il a beaucoup été question de « message » – politique – pour qualifier l’attentat qui a failli coûter la vie, vendredi, à Marwan Hamadé. Et c’est certainement un « message » à la fois direct et indirect qu’on a voulu transmettre par le biais de Marwan Hamadé. Toutefois, on évitera de parler de politique dans le recours à de telles méthodes, anti et anté politiques par excellence, qui témoignent d’un tel niveau de cruauté, de brutalité, de sauvagerie, d’ignorance, et surtout d’inculture. L’inculture. Le choix du terme n’est pas innocent. Il existe une grande part de symbolique dans le culturel. Et c’est justement à cette part de symbolisme qu’on a voulu attenter en essayant de tuer Marwan Hamadé. Le message était très clair. Cette fois, la voiture piégée ne visait pas un ancien seigneur de la guerre ou un cadre du Hezbollah. Cette fois, la cible était un autre Liban. Ce que l’on a voulu dynamiter, c’est toute la spécificité libanaise, le fondement même de la légitimité du pays du Cèdre. Ceux qui se cachent derrière l’attentat ne cherchaient pas seulement, comme on l’entend dire depuis trois jours, à attenter à la paix civile, à déstabiliser le pays, à réveiller les vieux démons de la guerre, etc. Le message que l’on a voulu transmettre, on l’a transmis, dans le sang, en s’en prenant à celui qui représentait en lui-même un message vivant. Parce que Marwan Hamadé est un idéal-type du message libanais. Issu de deux grandes familles spirituelles du pays, homme de consensus et de convivialité, privilégiant toujours le recours au dialogue et au politique, dans son sens civique et civilisé, Marwan Hamadé ne pouvait être qu’une cible idéale. À la fois élitiste et proche des masses (il avait obtenu le plus de voix au Chouf lors des législatives de 2000), libanais, arabe, francophone et anglophone, reconnu pour l’étendue de sa culture et pour sa simplicité, jonction entre la Montagne et Beyrouth, entre la société civile et les cercles politiques, M. Hamadé est l’un de ces médiateurs qui assument une fonction ingrate au sein d’une société pluriculturelle, pluraliste, complexe : celle de jouer les traits d’union, les conciliateurs. S’en prendre à Marwan Hamadé, c’était, en d’autres termes, s’en prendre au pacte libanais de convivialité créé par 1943 et consacré à Taëf, à travers l’alinéa « j » du Préambule. Partant, c’était vouloir assassiner, une fois de plus, le Liban. Mais c’est un formidable pied-de-nez que ce Liban consensuel a fait aux lâches commanditaires de cet acte barbare, à tous ceux qui ont peur de ce que le Liban représente : Marwan Hamadé a survécu. Un autre signe, tout aussi symbolique, pour dire aux négationnistes en tout genre, quelles que soient leur (in)culture ou leur nationalité : toutes vos tentatives échoueront. Le Liban du pacte ne mourra pas. Michel HAJJI GEORGIOU
Parfois, la dimension symbolique d’un acte est autrement plus révélatrice que l’acte en lui-même, quelle que soit l’étendue de sa barbarie.
Il a beaucoup été question de « message » – politique – pour qualifier l’attentat qui a failli coûter la vie, vendredi, à Marwan Hamadé. Et c’est certainement un « message » à la fois direct et indirect qu’on a voulu...