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ÉCLAIRAGE Hariri démissionnerait dans les 48 heures, après avoir conféré avec Kornet Chehwane et Lahoud Des difficultés désormais quasi insurmontables devant le cabinet d’union nationale

Ceux qui affichaient une bonne dose de scepticisme devant la possibilité, dans les circonstances actuelles, de la formation d’un cabinet d’union nationale risquent d’avoir bien raison. Les chances qu’un gouvernement de cette nature voit le jour semblent en effet très sérieusement compromises – et l’on peut dire sans complexe que l’attentat contre le ministre démissionnaire Marwan Hamadé n’a fait qu’envenimer encore plus le climat politique – même si tous les protagonistes concernés préfèrent pour l’instant se garder de tout commentaire superflu. Il reste que les signaux ne sont pas du tout encourageants. Une chose est quasi certaine, dans tous les cas : le Premier ministre Rafic Hariri ne démissionnera pas aujourd’hui, comme le scénario initial le prévoyait. Il était en effet attendu que M. Hariri rende son tablier au lendemain de la publication du rapport Annan sur la 1559 et du retour du président de la Chambre, Nabih Berry, en visite à Genève. Les conditions sont donc réunies, en principe. Cependant, le chef du gouvernement, qui devait tenter de rassembler autour de lui cette formule d’unité nationale, a préféré attendre de rencontrer le chef du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt, et le Rassemblement de Kornet Chehwane, les deux principales parties de l’opposition de l’intérieur du système qui rejettent actuellement la prorogation du mandat Lahoud et ses effets. M. Hariri a ainsi reçu hier soir à Koraytem, pour une heure de temps, M. Joumblatt, accompagné du ministre démissionnaire Ghazi Aridi et du député Bassem Sabeh. Marwan Hamadé, qui ne manquait généralement aucune des réunions entre le seigneur de Koraytem et celui de Moukhtara, était évidemment le grand absent. L’attentat de vendredi a certainement été évoqué, ainsi que la question du gouvernement. Et, selon des sources proches du PSP, il n’y a « rien de vraiment nouveau » dans la position du bloc Joumblatt, et rien de « définitif », même s’il n’y a pas vraiment beaucoup de « signaux positifs » jusqu’à présent. Selon cette source, peu enthousiaste, il faudra attendre les prochaines 48 heures pour que les choses se décantent. Le Premier ministre recevra par ailleurs, ce matin, une délégation de Kornet Chehwane, formée de MM. Samir Abdel Malak, Antoine Ghanem et Gebrane Tuéni. Là aussi, selon des sources proches du Rassemblement, la réunion sera purement formelle, dans le cadre du processus enclenché par Rafic Hariri pour tenter de former une coalition gouvernementale plus ou moins solide. Mais ce processus sera très probablement soldé par un fiasco, dans la mesure où Kornet Chehwane n’est pas vraiment disposé à entrer au gouvernement pour les beaux yeux du pouvoir, et sans aucune garantie en contrepartie. Samir Frangié l’avait déjà dit à l’antenne de la LBCI, jeudi dernier : « Pas question que l’opposition vienne ravaler la façade uniquement parce que le pouvoir, mis à mal, a besoin d’une opération de chirurgie esthétique. » Toujours à l’antenne de la LBCI, Gebrane Tuéni a évoqué hier un problème de concepts entre le pouvoir et l’opposition. « Il faut que M. Hariri nous dise ce que cela veut dire de participer à un gouvernement d’union nationale. Cela veut-il dire qu’il existe une prédisposition à adopter le programme de l’opposition, celui du patriarche Sfeir, de Walid Joumblatt et de Kornet Chehwane ? Sont-ils prêts à ce que le programme de l’opposition devienne le fondement du programme de l’État ? (...) Sinon, si ce concept signifie de faire adhérer deux ou trois ministres opposants au gouvernement... » Et d’ajouter : « Il faudra tenir compte de la 1559 (...), du document réformiste de Joumblatt, des constantes de Kornet Chehwane » et du dernier appel de Bkerké. Même constat chez le député Boutros Harb, généralement plus souple, qui a estimé qu’il fallait être prudent et ne pas se jeter sur le gouvernement avant de savoir quel sera le programme de ce dernier. À la lumière de ces deux rencontres, Rafic Hariri devrait décider de la suite : quand démissionner, mardi ou mercredi. Mais pas avant d’avoir rencontré, entre-temps, le président Émile Lahoud à Baabda. Il convient également de signaler que, selon certaines informations, le chef des SR syriens au Liban, le général Rustom Ghazalé, s’est entretenu hier avec le chef du gouvernement. Mais M. Hariri devra surtout prendre une décision capitale, au lendemain de sa démission : celle de reprendre la tête d’un gouvernement désormais boîteux, ou celle, bien plus théorique et même quasiment utopique, de rejoindre les rangs de l’opposition. Au cas où il choisit la première option, le Premier ministre devra quand même tenir compte des informations publiées hier en première page d’un quotidien libanais, citant des sources proches de Baabda. Selon ces sources, le président de la République ne changera rien dans le style de sa gestion des affaires publiques. Ainsi « jouera-t-il un rôle dans la nomination des ministres à des portefeuilles au niveau desquels il est désormais nécessaire d’instiller un nouveau style de gestion, notamment avec l’ampleur de la dette actuelle ». En d’autres termes, Émile Lahoud nommerait le nouveau ministre des Finances. Et ce n’est pas fini : le président continuera à « présider et diriger » les séances du Conseil des ministres, « tout comme il a exercé son rôle et ses prérogatives totales au niveau de la direction de l’armée, il fera de même au Conseil des ministres, d’autant que la crédibilité dont il jouit donne une dynamique au gouvernement ». Certains n’hésiteraient pas à voir dans ces propos un véritable édit de « révocation » du Premier ministre actuel. M. H. G.
Ceux qui affichaient une bonne dose de scepticisme devant la possibilité, dans les circonstances actuelles, de la formation d’un cabinet d’union nationale risquent d’avoir bien raison. Les chances qu’un gouvernement de cette nature voit le jour semblent en effet très sérieusement compromises – et l’on peut dire sans complexe que l’attentat contre le ministre...