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Ce qu’ils en pensent - LES ÉMEUTES DE MAJDEL ANJAR

La mort d’Ismaïl Khatib, alors qu’il était détenu dans le cadre de l’enquête sur le réseau d’el-Qaëda, a provoqué une violente réaction dans son village, Majdel Anjar. Les habitants, terriblement montés contre l’État et plus particulièrement contre le ministre de l’Intérieur, exigent la libération des autres détenus du village, ainsi qu’une autopsie « indépendante » du corps du jeune homme et sont prêts à rééditer le coup de lundi soir, lorsqu’ils ont pratiquement coupé la route Beyrouth-Damas, au niveau de Anjar. Pourtant, l’enquête judiciaire se poursuit, malgré la remise en liberté, tard dans la nuit de lundi, des deux femmes détenues dans cette affaire. Nous avons demandé au procureur Adnane Addoum si la justice a cédé à la pression de la rue. Adnane Addoum, procureur général près la Cour de cassation Q : En libérant les deux femmes dans la nuit de lundi, la justice a-t-elle cédé aux pressions des habitants de Majdel Anjar ? R : « Non, évidemment. Lundi soir, le colonel Ayoubi chargé de l’enquête sur le réseau m’a montré le dossier qu’il venait d’achever. Après l’avoir étudié, j’ai donné des instructions pour la libération des deux femmes parce que l’enquête ne montrait pas leur implication dans le réseau. Normalement, les dossiers devaient être préparés le soir et la remise en liberté devait avoir lieu le matin. Mais à la suite de ce qui s’est passé la nuit, les procédures ont été accélérées et les deux femmes ont été relâchées en pleine nuit. Toutefois, la décision avait été prise auparavant, à la suite de l’examen du dossier. Maintenant, chacun interprète comme il veut. Moi je vous ai dit ce qui s’est passé. » Q : On dit aussi que deux autres détenus, Nabil Jalloul et Ahmed Mikati, sont aussi entrés à l’hôpital. Que comptez-vous faire pour eux ? Faut-il attendre qu’ils meurent ? R : « Je ne suis pas au courant de leur admission à l’hôpital. Je crois que ces informations font partie des rumeurs instillées dans le pays et destinées à discréditer la justice et l’Etat. J’ai eu cet après-midi leurs dossiers et je les ai déférés devant le tribunal militaire qui se chargera désormais de les juger. Je peux donc dire qu’ils sont en parfaite santé. » Q : Normalement, l’enquête préliminaire doit rester secrète. Comment expliquez-vous le fait que vous en avez dévoilé le contenu au cours d’une conférence de presse conjointe avec le ministre de l’Intérieur, avant même que les investigations ne soient achevées ? R : « J’aurais bien voulu ne pas avoir à en parler, puisque je sais sans doute mieux que quiconque combien il est important de respecter le secret de l’instruction. Toutefois, lorsque les Italiens ont dévoilé l’existence d’un attentat manqué contre leur ambassade à Beyrouth, les journalistes ont commencé à nous harceler de questions. Et vu la situation délicate, ainsi que la facilité avec laquelle se propagent les rumeurs, nous nous sommes vus dans l’obligation de donner quelques éléments aux médias. C’est pourquoi la conférence de presse que vous évoquez a été organisée. » Q : Les habitants de Majdel Anjar affirment que les détenus sont innocents et qu’il n’y a pas d’éléments d’el-Qaëda dans leur village. D’ailleurs, où sont les armes que vous auriez trouvées ? R : « J’aimerais bien pouvoir publier les photos qui sont en ma possession et qui montrent la quantité incroyable de munitions, d’armes et d’explosifs trouvés chez les détenus, notamment au village de Majdel Anjar. Vous y verriez du TNT, du C4 (matières hautement explosives), des roquettes, des fusils, bref tout ce qu’il faut pour opérer des agressions et des attentats. Le jour viendra où ces photos seront publiées et vous verrez qui dit la vérité. » Q : Finalement, de quoi est mort Ismaïl Khatib ? R : « D’une crise cardiaque. Trois médecins légistes que j’ai moi-même nommés l’ont examiné et ont attesté de sa mort naturelle par infarctus. Les proches de la victime ont d’abord voulu organiser une nouvelle autopsie, qui serait effectuée par un médecin de leur choix. Mais il y a quelques heures, la dépouille leur a été remise et ils ont signé un document attestant qu’ils l’ont reçue et ont renoncé à procéder à une nouvelle autopsie. La polémique est donc close. » Q : Comptez-vous ouvrir une enquête sur les incidents de lundi soir ? R : « Certainement. J’ai demandé au parquet militaire d’ouvrir une enquête sur ce sujet. Le procureur général militaire doit entendre dans ce but les agents de la sécurité et de la Sûreté générale qui se trouvaient sur place. Sur base des éléments qu’il recueillera, nous déciderons de la suite de la procédure. » S. H.

La mort d’Ismaïl Khatib, alors qu’il était détenu dans le cadre de l’enquête sur le réseau d’el-Qaëda, a provoqué une violente réaction dans son village, Majdel Anjar. Les habitants, terriblement montés contre l’État et plus particulièrement contre le ministre de l’Intérieur, exigent la libération des autres détenus du village, ainsi qu’une autopsie «...