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Actualités - OPINION

Le combat des chefs empoisonne une situation déjà extrêmement délicate

Si la cohabitation entre le président Lahoud et le président Hariri (re)commence ainsi, par quelle catastrophe va-t-elle se terminer ? Lors du dernier Conseil des ministres, le projet des expropriations a été gelé. Les fuites pernicieuses réciproques en direction des médias se multiplient. Le projet de budget de Siniora est un brûlot, voire une déclaration de guerre. Qui arrache au régime ses thèmes de prédilection pour le nouveau mandat : la réforme, la lutte contre la corruption, l’arrêt du gaspillage. Dès lors, le régime se retrouve devant l’alternative suivante : adopter le projet Siniora ou laisser la monstrueuse dette publique gonfler encore, au risque d’entraîner la ruine du pays. Dans ces conditions, les professionnels se demandent, perplexes, comment les gens du pouvoir, qui sont eux-mêmes au plus fort de la mésentente entre eux, ont le flegme de parler de cabinet d’union nationale. Ils se demandent aussi comment, dans un tel climat de discorde, pour ne pas dire de haine, un projet de budget quasi révolutionnaire peut passer à travers les mailles du filet serré tissé par une caste politique tout entière prorogée et qui veille jalousement sur ses privilèges, sur ses chasses gardées. Et dont l’intérêt est, de toute évidence, d’empêcher toute réforme véritable d’un système si juteux, si lucratif. Cette cartouche de Siniora serait-elle la dernière, s’agirait-il de la part du camp haririen d’un baroud d’honneur ? La question se pose, en effet, de savoir si Hariri va se récuser en cas de désignation. Sous prétexte qu’il n’est pas parvenu à mettre sur pied cette formule d’union nationale qui seule justifierait sa propre participation au pouvoir. Il indique en effet qu’il n’est pas disposé à diriger un cabinet ordinaire voué d’avance à l’échec. Pour l’heure, on relève deux tendances distinctes au sein du camp haririen même. – Les uns soutiennent que le chef devrait accepter n’importe quoi parce qu’il peut mieux agir de l’intérieur, ou se défendre contre la vindicte. Ce qui est important, à leurs yeux, aux portes des législatives. Ajoutant qu’en cas de pression trop forte et d’arbitraire, il pourrait toujours mettre le camp d’en face dans l’embarras en démissionnant et en rejoignant les rangs de l’opposition. – Les autres estiment que Hariri doit refuser la désignation, au cas où il ne serait pas assuré de disposer de la majorité au sein du Conseil des ministres pour pouvoir travailler. Car il aurait en définitive à assumer seul la responsabilité d’une mission gouvernementale extrêmement difficile, surtout dans les domaines économique et financier. Mais la récusation n’ouvrirait-elle pas la voie à la mise sur pied d’un gouvernement de provocation et de défi, qui traquerait l’opposition sans merci ? Les tenants de la thèse du refus parmi les haririens en doutent. Car l’étalage de l’arbitraire via le gouvernement, estiment-ils, serait de toute évidence trop dangereux. Dans ce sens qu’il provoquerait tôt ou tard, dans le pays, une crise violente, des secousses sans fin, dont nul ne pourrait se remettre. Toujours est-il que, jusqu’à présent, l’opposition avance, pour participer à un cabinet d’union nationale, des conditions que Hariri juge rédhibitoires. Il a en vain tenté de convaincre les opposants d’adhérer d’abord, pour que l’on discute ensuite de leurs exigences. Mais ils ont refusé. Ils exigent même des garanties d’exécution, par exemple à travers un engagement que le pouvoir prendrait très officiellement, de par-devant le patriarche Sfeir. Bien entendu, les conditions de l’opposition, qui insiste sur les constantes nationales, ne sont pas recevables pour les loyalistes proches des décideurs. Le comble, c’est que même la duplication de la formule sortante, monochrome, s’annonce difficile. Parce qu’il y a trop de ministrables et de frustrés qui veulent prendre leur tour. Et trop de convoitises autour des postes-clés. Sans compter les crocs-en-jambe classiques. On prête ainsi à Hariri l’intention d’implanter le député Nazem Khoury à la place de Jean-Louis Cardahi, et Sami el-Khatib à la place de Abdel Rahim Mrad. De plus, il aurait envie de larguer Karim Pakradouni. Bref, de faire le ménage parmi les lahoudistes. En échange, il laisserait tomber Siniora pour Ghazi Youssef. Émile KHOURY
Si la cohabitation entre le président Lahoud et le président Hariri (re)commence ainsi, par quelle catastrophe va-t-elle se terminer ? Lors du dernier Conseil des ministres, le projet des expropriations a été gelé. Les fuites pernicieuses réciproques en direction des médias se multiplient. Le projet de budget de Siniora est un brûlot, voire une déclaration de guerre. Qui...